Roger Grosjean, célibataire endurci, vivait dans sa ferme natale avec sa mère. Sa sœur s’était mariée quelques années auparavant et venait de temps en temps avec mari et enfants partager le repas dominical. La vie était rude dans ce hameau lozérien où l’eau était rare. “Ne gaspille pas l’eau”, lui avaient seriné ses parents tout au long de son enfance.

Il avait deux troupeaux de brebis : les viandes et les laitières, comme on disait dans le pays. Il aimait s’en occuper, les suivre sur le haut plateau accroché aux nuages et vivre avec elles le cycle des saisons: agnelage, production laitière, étés dehors sous le soleil brûlant, hivers confinés dans la bergerie. Comme tous les paysans, il ne prenait jamais de vacances, mais il n’en souffrait pas. Pourquoi partir ailleurs ? Il était bien ancré dans cette terre aride, au rythme de ses brebis qu’il aimait bien sans jamais se l’avouer.

Pour les repas, il n’était pas difficile : à midi, l’éternel trio : pain- charcuterie- fromage; le soir: soupe de légumes. Cette sempiternelle répétition ne le troublait pas. Mais il y avait un domaine interdit qu’il aimait bien violer de temps à autres, en quête de quelques larcins: le placard où sa mère enfermait les gâteaux réservés aux jours de... Lire Atelier d'écriture YAKSA 1 : Métamorphose