« L'île aux trente cercueils » est un roman de guerre, à l'instar de l eclat d'obus, ou de le triangle d'or. L'action se passe en 1917, le méchant est un malade d'origine polonaise, mais ce qui domine, c'est une intense germanophobie. Arsène Lupin, comme dans les deux romans de guerre précédemment cités, n'intervient qu'en deuxième partie. Et comme dans le triangle d'or, son pseudonyme, Don Luis Perenna, est quasi invincible. On est assez loin du Lupin humain, gouaillard, à la fois bravache et chevaleresque, on approche du surhomme à la française, temps de guerre oblige ? Jusque là, on a une continuité, mais « L'île aux trente cercueils » introduit aussi une discontinuité : l'action se déroule en huis-clos. Tout se passe ou presque dans l'île fictive de Sarek, au large de l'archipel des Glénans. Et c'est dans ce cadre breton que M Leblanc choisira de nous peindre des scènes qui oscillent parfois entre le fantastique et l'horreur. 

Résumé de l'histoire

Véronique d'Hergemont est enlevée par Alexis Vorski, un aristocrate d'origine polonaise, tandis que son père, Antoine d'Hergemont, est assailli par quatre individus. Alexis avait manifesté à Hergemont ses désirs d'épouser sa fille Véronique, mais celui-ci l'avait alors humilié et insulté. Finalement, Véronique se marie avec Alexis. Ils ont un fils. Antoine d'Hergemont finit par accepter l'union de sa fille avec son ravisseur. Pourtant, pour se venger, Antoine d'Hergemont enlève François, le fils de Véronique, et s'enfuie sur un yacht qui fait naufrage. Véronique rentre au couvent. Vorski disparaît. Ceci se passait en 1902.

Quinze ans plus tard, Véronique arrive dans le petit village du Faouët. Elle a fait appel à un détective privé. Ce dernier a appris que Vorski était mort. Le détective a également appris qu'il y a dans un petit village, pas loin de Quimperlé, une maison avec sur la porte d'entrée une inscription, V d'H. Est-ce une coïncidence ? Dans le doute, Véronique se rend dans le village. C'est alors que des évènements curieux se succèdent à une vitesse étonnante. Elle arrive devant cette maison, entre, y découvre un cadavre. Elle trouve aussi un rouleau de papier qui représente quatre femmes crucifiées sur quatre arbres. L'une de ces femmes, c'est elle. Sur le côté du rouleau de papier, il y aussi une série d'inscriptions : « Quatre femmes en croix », « Trente cercueils », « La Pierre-Dieu qui donne mort ou vie... ». Puis le cadavre disparaît...

Elle quitte la maison, retrouve la même inscription V d'H. Elle couche dans le village de Rosporden. Elle rencontre Honorine, une Bretonne, qui lui parle de l'île aux trente cercueils, Sarek. Elle découvre qu'Honorine connaît Antoine d'Hergemont, qu'il n'est donc pas mort et que de plus c'est elle qui a élevé son fils François, maintenant âgé de quatorze ans. Elle apprend aussi qu'il y avait quatre matelots qui accompagnaient son père dans son faux naufrage. La description du matelot Maguennoc, l'un d'entre eux, correspond au cadavre qu'elle a vu la veille dans la cabane. Selon Honorine, le matelot Maguennoc lui avait expliqué qu'il serait le premier à partir, et qu'après, ce serait le tour d'Antoine d'Hergemont. Inquiètes, le lendemain, Honorine et Véronique partent pour Sarek, l'île entourée de trente écueils. Elles accostent, puis marchent vers le nord de l'île. Quand elles arrivent enfin, elles assistent à une scène incroyable : François menace Antoine d'Hergemont puis le tue. Après quoi il tue Marie Le Goff et blesse Honorine. Antoine d'Hergemont meurt dans les bras de Véronique en évoquant la Pierre-Dieu, puis il l'implore de partir de Sarek, qui est maudite. Il mentionne aussi les quatre croix de Sarek, que Véronique avait vues représentées sur le rouleau dans la cabane du matelot Maguennoc. 

Le lendemain, quand Honorine et Véronique se réveillent, elles assistent au loin à un spectacle inouï : agglutinés sur leurs barques, les habitants de Sarek fuient l'île.