En poussant la porte du conservatoire régional de Rueil Malmaison où il transmet un savoir acquis, en partie, auprès du virtuose Gyorgy Cziffra, on pense avoir franchi une faille temporelle en découvrant le professeur Pascal Amoyel qui s’est littéralement mué en la personne de Beethoven dont les 32 sonates composent le cœur de sa dernière création scénique. Seuls les élèves, futurs concertistes, qui profitent de l’heure du déjeuner pour s’accorder une courte pause, nous rattachent à la réalité. Une fois gravi le grand escalier en bois qui donne sur la salle de cours où trônent deux Steinway, on ne peut qu’être saisi par une vague d’émotion lorsque les mots du maestro ponctuent ces interprétations de la sonate Au Clair de lune ou l’opus 110 de la sonate 31 d’explications d’une rare justesse, sublimant un peu plus l’émotion qui jaillit sous ses doigts. Pascal Amoyel n’interprète pas la musique, il la vit au plus profond de son être, une sorte de voyage intérieur dont on ose à peine l’extraire pour lui poser la multitude de questions qui, forcément, nous étreignent…