La 18ème édition du Festival de la fiction de La Rochelle se termine ce samedi et c’est l’occasion de redécouvrir la vitalité de la fiction française.
Avec son large chapeau et ses lunettes de soleil noires, Isabelle Adjani n’a pas pu échapper à une petite bousculade du public, jeudi, à la Rochelle. Venue présenter Carole Matthieu, un téléfilm qui sera diffusée sur Arte, où elle joue le rôle d’un médecin du travail en prise avec un cas de harcèlement, l’actrice signe là son deuxième téléfilm après la Journée de la jupe pour lequel elle avait été récompensée d’un César en 2010. Aujourd’hui, de Nathalie Baye dans Les Hommes de l’ombre, à François Berléand dans Le Transporteur, nombreux sont les acteurs de cinéma qui apparaissent dans des fictions TV.
Il faut dire que le genre est en pleine forme et s’exporte de mieux en mieux. L’an dernier, selon les chiffres de TV France International, les fictions françaises ont vu leurs ventes progresser de 6%, à 41 millions d’euros, notamment grâce à l’Afrique qui a augmenté de près de 14% ses importations de programmes français. L’apparition de plateformes de vidéo la demande comme Netflix, Hulu, Amazon, Canal Play mais aussi la future offre de France Télévisions joue aussi un rôle de plus en déterminant. La vidéo à la demande sur Internet représente déjà 30% du chiffre d’affaires de la fiction.
 
Si la fiction française se porte bien, c’est aussi parce que les chaînes commencent à parier dessus en France au lieu de tout miser sur des séries américaines, qui avaient l’avantage de faire de grosses audiences et de fédérer un public rentable pour un prix somme toute modéré. TF1, par exemple, diffuse en ce moment La Vengeance aux yeux clairs, une série française qu’elle exploite aussi bien sur la chaîne mère que sur sa filiale NT1 ou en vidéo à la demande (VOD). L’an dernier, sur les 100 meilleures audiences de la télé, 59 sont dues à des téléfilms français comme L’Emprise ou Disparue. Sur les séries à succès américaines, ce sont de plus en plus les plateformes de streaming comme Netflix qui se positionnent en produisant leurs propres œuvres et en raflant les droits des studios.
 
Alors bien sûr, côté tendances, la fiction hexagonale reflète les préoccupations d’un pays en prise avec le terrorisme et qui doute de son avenir. Sur vingt-cinq fictions françaises en compétition, Yves Bigot, le directeur général de TV5 et responsable de la sélection, en a dénombré huit sur dix qui sont plutôt, dit-il, « mortifères ». Elles racontent les meurtres et les drames propres à tout thriller mais aussi une certaine insécurité psychologique qui n’est peut-être pas étrangère à cette période d’après attentat de Charlie Hebdo. On ne trouve d’ailleurs que deux comédies en compétition.