Lancée cet automne sur FX, Atlanta aura marqué les esprits par sa densité narrative, sa beauté formelle et sa contemporanéité dénuée de moralisme et de complaisance. En dix épisodes de 30 minutes (publicité incluse), la série de Donald Glover parvient en effet à dresser un constat à la fois accablant et terriblement cynique d'une Amérique où se pose avec d'autant plus d'acuité la question d'être noir que s'ouvre l'ère Trump, frappée du sceau de la crispation communautaire.



Créée, produite, interprétée, parfois écrite et même réalisée par Donald Glover, touche-à-tout (acteur, stand-uper, rappeur, DJ) qui s’était révélé en 2009 dans la comédie loufoque Community où il tenait le rôle de Troy Barnes, Atlanta nous entraîne sur un terrain plus indiscernable où le potache le dispute au sinistre, et inversement. Objet protéiforme et imprévisible, la série pose à la fois la question du format 30 minutes, nouvelle boîte de Pandore des auteurs américains, et celle de l’injustice raciale à l’heure où Donald Trump accède au pouvoir. Sans oublier le tournant que pourrait bien marquer la série dans la politique censoriale de FX, voire du câble basique tout entier.



Avec Émilie Semiramoth (Soap) et Marie Turcan (Business Insider, Soap), nous relevons les différences majeures entre Atlanta et le tout-venant des séries américaines, tout en soulignant son profond ancrage dans l’Amérique contemporaine. Entre péripéties ponctuelles et arcs au long cours, ellipses inattendues et détours oniriques, plans aériens et amorces musicales, la dramédie de (et avec) Donald Glover met un soin particulier à instaurer une atmosphère dépressive sans virer au pamphlet récriminatoire, à scruter la misère sociale sans misérabilisme ; bref, à instaurer une véritable dialectique entre propos et réception de celui-ci.



Attention ! Ce podcast dévoile des éléments cruciaux de l’intrigue de la saison 1 d'Atlanta. Nous vous recommandons donc d’avoir vu celle-ci intégralement avant de l’écouter.