Faire un projet eTwinning, c’est donner du sens à l’apprentissage de la langue à travers des collaborations internationales. Pour Christelle Sebillaud, professeure d’allemand au collège du Kochersberg à Truchtersheim en Alsace et ambassadrice eTwinning dans l’académie de Strasbourg, cela va même au-delà. eTwinning lui permet de franchir des barrières non seulement linguistiques, mais aussi psychologiques, interculturelles ou relatives à la collaboration avec les collègues. Exemples à l’appui, elle nous présente sa façon d’enseigner à travers cet outil pédagogique transversal, applicable de la maternelle jusqu’à l’université.


La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.

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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée et réalisée par : Sarah Eichhoff

Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Mixage : Simon Gattegno

Secrétariat de rédaction : Aurélien Brault

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2021


Transcription :

Je m’appelle Christelle Sebillaud, j’enseigne l’allemand au collège de Kochersberg à Truchtersheim, dans l’Est de la France, en Alsace.

Je vais montrer une vidéo d’une élève pour le projet eTwinning qu’on a mené. Elle présente son talent.

« Mein Talent ist Gitarre spielen. » [« Mon talent est de jouer à la guitare »]

Cette année, avec deux groupes d’élèves de 5e du collège, on fait un projet eTwinning avec des partenaires en Suisse, dans le cadre du cours d’allemand. Ma première séquence de l’année en allemand a consisté à se présenter en mettant en valeur les talents de chacun de mes élèves.

« Ich denk dass ich wirklich sehr gut zeichnen kann. » [« Je pense savoir très bien dessiner »]

Les élèves m’ont donné toutes leurs vidéos et on les a envoyées aux correspondants suisses, qui ont élu l’incroyable talent de Truchtersheim.

J’ai adoré découvrir mes élèves sous une autre facette. L’un des élèves, qui a été élu par les élèves suisses, l’a été notamment pour ses figures acrobatiques à vélo. J’ai trouvé ça vraiment chouette parce que c’est un élève qui n’est pas forcément le plus à l’aise en allemand habituellement mais sa vidéo a vraiment plu aux correspondants parce qu’il s’est vraiment « embêté » à faire un super montage, à se présenter de façon un peu originale. J’étais vraiment contente pour lui et je crois que ça lui a donné confiance aussi en allemand. Finalement, il a pu franchir un petit peu la barrière de la langue puisqu’il a participé beaucoup plus en classe suite à ce premier échange avec les correspondants.

Ça fait maintenant plus de 10 ans déjà que j’enseigne l’allemand parce que j’étais stagiaire à l’époque à l’IUFM, anciennement Espé [Inspé], vers 2008-2009. C’est un souvenir particulièrement marquant pour moi dans mon parcours avec eTwinning parce que, quand j’étais stagiaire, j’avais une classe de 4e alternance (je ne sais même pas si ce type de classe existe encore). C’était vraiment un défi, comme on en a souvent à relever quand on est enseignant débutant, pour trouver comment motiver des élèves qui ne voyaient pas du tout à quoi pouvait leur servir l’école. Naturellement, dans mon année de stage, j’ai été amenée à réfléchir sur la question de la motivation et j’ai décidé de faire mon mémoire professionnel sur cette question.

Je me suis vraiment demandé comment je pouvais donner du sens à mon cours d’allemand ? Comment je pouvais faire utiliser la langue allemande de façon authentique à mes élèves et vraiment donner du sens à l’apprentissage de l’allemand ? Et même du sens aux apprentissages à l’école de façon générale pour ce groupe un peu particulier. Au fur et à mesure de ces recherches, je suis tombée sur eTwinning.

En 2012, j’ai eu la chance de pouvoir participer à un séminaire de contact à Aachen (Aix-la-Chapelle). J’y ai rencontré une partenaire, une professeure d’arts plastiques en Allemagne, avec laquelle nous avons monté un projet par la suite. C’était « Sauerkraut und Froschschenkel » (« Choucroute et cuisses de grenouilles »). Le but était de mettre en scène des préjugés, de façon un peu humoristique, à travers des vidéos qu’on envoyait en Allemagne. Les élèves allemands nous répondaient avec les préjugés qu’ils avaient sur la France. L’objectif était bien sûr de les dépasser, d’en discuter, de voir quelle était la part de vérité parfois et ce qui était aussi à déconstruire.

Ce tout premier projet a été primé au Concours national d’eTwinning. Suite à ça, on m’a proposé aussi de donner des formations à des collègues pour leur expliquer ce qu’était ce dispositif et comment l’utiliser avec les élèves.

Dans mes premiers projets eTwinning, j’ai été parfois confrontée à quelques appréhensions. Parfois, pour les élèves, c’était vraiment une découverte importante parce que j’étais dans des établissements où, quand on faisait une sortie à Strasbourg, qui n’était qu’à quelques dizaines de kilomètres, c’était déjà un voyage scolaire pour eux. Quand ils ont reçu les vidéos de leurs correspondants en Turquie, dans lesquelles les élèves turcs se présentaient dans leur environnement quotidien, dans leur famille, dans leur maison, ça a été vraiment une découverte culturelle pour eux.

Pour moi, eTwinning c’est vraiment l’occasion de faire tomber les barrières de la classe, linguistiques et parfois aussi psychologiques. C’est important pour qu’ils comprennent que l’allemand est une langue vivante et de communication, aujourd’hui, en Europe. Je propose à mes élèves un projet eTwinning par groupe et par année, ce qui fait beaucoup de projets.

Les enseignants pensent souvent qu’eTwinning est réservé aux enseignants de langues, ce qui n’est pas du tout le cas. Il y a des projets qui se font dans toutes les matières, pour tous les niveaux, de la maternelle au post-bac.

Dans le projet qu’on mène actuellement en 6e bilingue, sur l’écriture à l’ère du numérique, ça a été justement l’occasion de faire des liens avec les enseignements de mes collègues. Par exemple, ma collègue d’histoire a pu vraiment plus s’occuper de la partie historique, ce dont j’aurais été bien incapable. Ma collègue de français a réalisé des calligraphies que nous avons ensuite envoyées aux correspondants. Ma collègue d’arts plastiques leur a fait faire des mail art (de l’art postal). On va prochainement envoyer ces œuvres aux correspondants pour qu’ils puissent les exposer dans leur établissement. C’est aussi l’occasion de travailler peut-être plus facilement, de façon plus évidente, avec des collègues, de tisser des liens entre nos différentes disciplines, entre nos différents programmes, dans le cadre de ces projets interdisciplinaires.

eTwinning m’a aussi permis personnellement de franchir les barrières des frontières. Je ne m’imaginais pas avant faire un projet pour le cours d’allemand avec des pays autres que l’Allemagne, la Suisse ou l’Autriche. Ça m’a permis d’ouvrir un peu mes horizons et de proposer à mes élèves de faire des projets avec des élèves en Italie, en Pologne, en Grèce, en Turquie.

C’est impossible pour moi maintenant d’imaginer de passer une année scolaire sans projet eTwinning. Mes collègues me « charrient » d’ailleurs souvent à cause de ça parce que j’ai tendance à voir des projets eTwinning partout. Dès qu’on parle de quelque chose, d’une séquence, j’ai tendance à tout de suite vouloir lui donner la dimension supplémentaire avec les correspondants eTwinning. Je ne peux plus m’en passer !

« Danke für das Zuhören und bis bald. » [« Merci de votre écoute et à bientôt ! »]