Extra classe s'installe à l'université d'été de Ludovia pour une émission spéciale consacrée au podcast dans l'éducation. Vingt ans après la naissance de ce média, on assiste à une véritable vague de podcasts qui fleurissent dans tous les domaines et tous les formats.

Qu’en est-il des usages du podcast dans la sphère éducative, que ce soit pour les enseignants ou pour les élèves ? Quelles pratiques dans les classes ? Comment se lancer ? C’est à ces questions que s’attaque cet épisode enregistré en public avec Natacha Robert, professeure-documentaliste en lycée qui a accompagné les élèves du club webradio dans la création d’un podcast documentaire récompensé au festival « Une fois, une voix », Cécile Cathelin, professeure de lettres en lycée et créatrice de la plateforme de podcasts éducatifs Clapotee, et Sébastien Manodritta, professeur des écoles et animateur du podcast e-teachers consacré au numérique et à l'éducation.

La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.

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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée et animée par : Hélène Audard et Régis Forgione

Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Prise de son : Laurent Gaillard

Mixage : Simon Gattegno

Secrétariat de rédaction : Blaise Royer

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2021


Transcription :

HÉLÈNE AUDARD : Aujourd'hui, c'est une émission spéciale enregistrée depuis l'université d'été Ludovia, que nous remercions chaleureusement pour son accueil. Nous avons choisi de parler d'un thème qui est abordé dans plusieurs ateliers cette année : le podcast éducatif. Et on va se demander comment les enseignants peuvent s'emparer de ce média. Régis, tu ne m’en voudras pas si je dis que tu es un vieux routard du podcast ?

RÉGIS FORGIONE : Non, clairement.

HA : Tu le connais, tu le pratiques depuis longtemps, alors j’aimerais savoir de quel œil tu vois le boom actuel du podcast dans tous les domaines. Est-ce que ça décolle aussi du côté de l’éducation ?

RF : Alors j'ai effectivement pas mal d'années de podcast derrière moi ; mais nos invités aussi, ils vont nous le dire. Effectivement, il y a un gros engouement en ce moment autour de ce medium, comme on dit. Il se passe pas mal de choses, on parle même de la deuxième vague du podcast. Alors, pour ceux qui ne le sauraient pas, puisque c'est une émission dédiée au podcast, un petit point lexical : le podcast, c'est un mot-valise, qui est né en l'an 2000 et qui est une combinaison du thème iPod, le fameux baladeur de la marque à la pomme, et de broadcasting, qui veut dire diffusion. Pourquoi l'iPod ? Parce qu’il incluait du podcast. En tout cas, c'était un des premiers objets à inclure du podcast et de la baladodiffusion. Ça a été popularisé ensuite à partir de 2004. Les pionniers des usages pédagogiques sont de l'autre côté de l'Atlantique, en tout cas nos cousins du Canada et du Québec ; et ils ont très vite vu l'intérêt de ce qu'ils appellent, eux, la baladodiffusion… c'est tellement plus joli… Et là on est 20 ans après la naissance du podcast et on assiste, je le disais, à cette deuxième vague dans tous les domaines et, comme tu le disais, effectivement aussi dans le monde de l'éducation. Sur tous les thèmes, j'ai envie de dire : « et tous les formats ». Nos invités vont nous le dire aussi : des formats longs, des formats courts, des modes intimistes, des tables rondes… La sphère éducative ne fait pas exception à ça, que ce soit du côté des élèves ou des enseignants.

HA : Alors quelles pratiques dans les classes ? Comment se lancer ? C'est à ces questions que s'attaque cet épisode de « Parlons pratiques ! » avec des invités que nous allons vous présenter tout de suite. Et tout d'abord, Natacha Robert. Bonjour !

NATACHA ROBERT : Bonjour !

HA : Vous êtes professeure-documentaliste au lycée agricole d'Auch. Cette année vous avez accompagné les lycéens du club webradio dans la création d'un podcast documentaire sur la charge mentale des femmes, un podcast qui a été récompensé au festival « Une fois, une voix ».

NR : C'était le concours « Une fois, une voix ». Et c'était la première édition de ce concours. C'était une occasion pour nous de trouver une motivation supplémentaire à réaliser quelque chose de concret – et aussi de qualité – dans l'année, avec le club webradio de mon lycée.

HA : On va en parler tout de suite.

RF : Sébastien Manodritta, bonjour.

SÉBASTIEN MANODRITTA : Bonjour.

RF : Alors vous êtes professeur des écoles et animateur du podcast E-teachers. Je pense que les auditeurs d’Extra classe qui écoutent du podcast éducatif, en tout cas pour les enseignants, doivent avoir entendu au moins une fois E-teachers : le podcast des profs numériques, c'est bien ça ? 

SM : C'est bien ça, né sous l'inspiration de Jean-François Simon et Guillaume Ogier. On a une date de naissance approximativement identique à celle d'un autre podcast très connu qui est Nipédu. On se permet de faire des émissions qui nous permettent de partager notre veille éducative numérique.

HA : Alors on va déjà se poser la question du podcast. Qu'est-ce que c'est ? Est-ce que tout support audio est du podcast ? Quelle est la différence avec une webradio ? Je commence avec Natacha, puisque vous travaillez avec la webradio du lycée depuis quelques années. Alors voilà le podcast, pour vous, comment vous le définiriez ? Et puis qu'est-ce que ça vous permet de faire ?

NR : Tout basiquement, matériellement, c'est déjà le fichier MP3 ou autre, qu'on va pouvoir déposer par exemple sur le site web de la webradio qu'on a créée. Mais au départ on avait plutôt fait des petits sons qu'on déposait sur l’ENT. Avant qu'on ait un site. Et même si on a une webradio, on a assez peu de temps pour faire un flux, et pour faire vraiment une programmation. Et du coup, c'est vrai qu'on est davantage sur des podcasts, même si on a des rendez-vous un peu réguliers, comme une émission mensuelle en plateau ou en studio, enregistrée dans les conditions du direct, et qu'on va du coup podcaster plus tard sur le site de la webradio ablocradio. Mais là, dans le cadre du concours, c'était vraiment un podcast, mais je parlerais plutôt d'un documentaire audio parce que « podcast », ça veut tout dire. On l’a dit, c'était un mot-valise. Et on a du coup fait aussi bien des rediffusions d'émissions que des chroniques, que des fictions qu'on avait écrites et jouées. Mais là, c'était un documentaire, donc je préfère insister sur le côté documentaire que sur le côté podcast.

RF : Sébastien, sur ce côté « c'est de l'audio »… Techniquement, c'est effectivement un fichier audio. Quels sont les éléments de simplicité technique, les atouts de ce côté-là que vous pouvez voir dans ce format audio ?

SM : Ils sont très simples, c'est la disponibilité. C’est-à-dire, on a ce fichier, là, qui traine sur notre appareil préféré, celui qu'on balade. On va l'écouter quand on veut. Généralement, certains l'écoutent en faisant du sport, certains l'écoutent en faisant la vaisselle, voilà. Et c'est ce côté très accessible, ce choix du moment, qui rompt avec la radio classique telle qu'on l'a connue. Et puis c'est vraiment la simplicité – on y reviendra un peu tout à l'heure – de la fabrication d'un épisode où on peut mettre ce que l'on veut et parler de ce que l'on veut.

HA : Est-ce qu'il y a un côté aussi « ne pas être piégé devant les écrans » qui peut séduire les enseignants ? Parce que c'est du numérique, mais sans l'écran.

SM : Oui ! Moi, je sais que parfois – je vais vous révéler un secret – je corrige mes copies en même temps que j'écoute un podcast. Ça fait que je tombe dans une espèce de torpeur merveilleuse. Il y a ce côté : plutôt qu'une musique, etc., on va avoir cette voix qui va nous porter. Je ne sais pas… quand c'est celle de Régis par exemple.

RF : Là on parle du côté de l'enseignant qui écouterait du podcast sur ses différents moments de vie. On entre encore plus dans le vif du sujet en se posant la question du « pourquoi le “podcast Éducation” » et qu'est-ce qu'on en fait ? qu'est-ce qu'on peut en faire ? Et notamment avec l’exemple de votre projet, Natacha. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

NR : Dans les retours qu'on avait eus par les élèves qui avaient fait ce podcast particulièrement, il y a un élève qui disait : « Par rapport à un exposé classique, c’est très différent parce qu'on était allés chercher des entretiens, des expériences de vie chez les témoins qu'on a interrogés. » Eux, d'entrée, ils avaient comparé ça avec un exposé à faire en classe, parce que finalement il y a un sujet, il y a une problématique, éventuellement, qui peut être le sous-titre. Et puis, on va convoquer des recherches documentaires, on va convoquer des sources que sont les personnes et leurs expériences. Et qu'est-ce qu'on fait de tout ça ? On fait un plan. On fait un conducteur. On raconte des choses autour, une intro, une conclusion, des transitions et on fait de l'écriture avec le montage. On pourrait dire que, basiquement, si on voulait changer des exposés en classe, on pourrait déjà tous basculer sur du podcast. Seulement, c'est quand même un peu plus engageant que des exposés, ça demande beaucoup plus de temps, un petit peu de moyens, même si c'est très léger. Et puis, on ne pourra pas concerner l'ensemble de la classe de la même manière.

HA : Alors une petite question que je me posais : quand vous avez parlé de podcasts ou même de radio avec vos élèves, est-ce qu'ils ont déjà des pratiques ? Est-ce qu'ils connaissent bien ce média-là ou le découvraient plutôt ?

NR : Ils écoutent la radio, plutôt musicale. Là où on intervient, c'est en essayant de leur donner une culture radiophonique qui soit différente, en leur montrant que la radio qui parle, c'est bien aussi – qui sait de quoi elle parle surtout, et qui construit ce dont elle parle. Évidemment, on a quelques exemples à convoquer, à faire écouter. Donc c'est une culture radiophonique, plus précise que la culture médiatique. C'est pour ça que les professeurs-documentalistes sont d'ailleurs souvent à la manœuvre, puisque ça rentre dans notre domaine de compétence ou d'enseignement. Après, il se dit que les jeunes écoutent beaucoup de podcasts. J'ai du mal à mesurer ça, notamment auprès des plus jeunes. On peut davantage, nous, les tirer vers ce genre de pratiques plutôt que de s'inspirer de leurs pratiques. Pour l'instant, je ne pense pas qu'ils soient très abonnés à des chaînes ou à des flux sur des plateformes et qu’ils écoutent des podcasts indépendants. Ça serait davantage des rediffusions d’émissions.

RF : Ou alors peut-être pas forcément du podcast éducatif : du podcast sur un groupe qu'ils aiment bien ou des choses comme ça, effectivement.

NR : Après ce qu'ils connaissent très bien, c'est le podcast YouTube.

RF : La vidéo…

NR : Vidéo ou pas vidéo, mais mise sur YouTube quand même avec quelque chose qui bouge et ils se concentrent sur le son. Ça, ils n'ont pas eu besoin de nous pour avoir cette habitude de faire plein de choses en écoutant, parce qu’ils travaillent tous en écoutant quelque chose. Mais l’éducatif particulièrement, on a quand même besoin d'intervenir.

RF : Alors on n'est plus dans le côté production par et/ou avec les élèves, mais est-ce que l'un de vous deux utilise le podcast dans une séquence pédagogique, des morceaux d’audio, de podcasts, à faire écouter en classe sur une thématique ou une autre ? Est-ce que vous avez des pratiques là-dessus ? Je ne sais pas… peut-être on commence par Sébastien ?

SM : Non, mais tu m'as donné une très bonne idée pour cette année. Merci.

RF : Et Natacha ?

NR : Oui, oui, dans le cadre de mes cours en BTS. En information-documentation, soit pour traiter le thème, soit pour aborder une notion, ou l'actualité, ou la manière dont l'actualité est traitée, je vais beaucoup piocher des extraits d'émissions que j'ai pu entendre juste avant ou que je connais, et je fais des montages, et je les fais écouter.

HA : Natacha, vous parlez des lycéens… Est-ce que, Sébastien, vous avez l'impression que dans le premier degré aussi le podcast est un outil logique qui peut être utilisé par les enseignants ? Ou c'est encore assez timide ?

SM : Ça reste des initiatives assez localisées. Mais comme l'a dit Régis fort justement, comme le format se répand, comme les gens connaissent un peu plus ça… Comme d'habitude, les enseignants, quand ils connaissent quelque chose, ils ont envie de le réinvestir dans leur pratique. Et ça va continuer, ça va se multiplier. Moi, par exemple tout bêtement, cette année je vais m'y mettre avec ma classe. Mais ça restera localisé, etc. Donc, c'est en cours, on va dire, c’est « en voie de ».

RF : On l'a dit, je crois, en début d'émission – en tout cas, on l'a dit dans le teaser –, on est sur l'événement Ludovia #18. Vous entendez sans doute des petites voix autour, il y a des choses qui se passent. Et la thématique de cette édition de Ludovia, vous le savez, c'est « Le numérique est-il social ? » Et, dans le cadre de ce que vous pouvez avoir comme pratique autour du podcast, est-ce que vous avez un point de vue ? ou un angle ? un fil à tirer sur cette thématique du social ? Natacha peut-être ?

NR : Mais, typiquement, ce qu'on a fait et ce qu'on vit avec le club. Parce qu’on fait des choses avec les classes, selon les projets, ce pour quoi je suis venue sur Ludovia. C'est avec un club que j'ai fait le concours. C'est vraiment une histoire de liens, une histoire de rencontres, une histoire d'échanges, une histoire d'humains. Et il y a le thème qu'on a traité dans le documentaire audio qu'on a fait. C'est le travail des femmes, la charge mentale des femmes qui travaillent, particulièrement. Écouter les témoins, rentrer dans leur vie personnelle – ou des fois quand ce sont vos enseignants et que vous avez 15 ans –, c'est très… bousculant, sans être perturbant. Et les témoins eux-mêmes ont beaucoup appris, ils ont été surpris d'entendre les autres témoins au moment où le podcast était finalisé. Et c'est vraiment ça : c'est créer un espace, créer un moment, une occasion de parler de soi. Ce n’est pas si souvent qu'on vous demande de parler de vous et de votre parcours, et de vos sentiments, et de les partager. Et puis surtout pour les élèves de savoir les recevoir.

HA : Et vous Sébastien ? Dans le cadre aussi d’E-teachers, entre autres, vous créez du lien aussi avec les enseignants, avec la communauté ?

SM : Que ce soit au niveau d’E-teachers, que ce soit même au niveau plus personnel et professionnel, le numérique, dans son ensemble, ça a été vraiment l'occasion de faire des tas de rencontres. Ludovia ne serait pas né sans ça. Personnellement, je ne serais pas à Ludovia, je n'aurais pas connu la moitié des gens de mon milieu professionnel. À la base, je suis dans un petit coin de France, et Ludovia, c'est une vraie exposition à des pratiques, à des idées. Ça a été, c'est toujours très motivant de prendre ce côté-là du numérique.

HA : Alors on va pouvoir aborder justement la question de l'utilisation du podcast dans un but de formation, d'information, de veille professionnelle. Pouvez-vous nous parler du projet d’E-teachers par rapport à ça ? Et puis peut-être des pratiques des enseignants de manière générale ?

SM : Alors à la base, E-teachers, c'est une veille que nous partageons avec nos auditeurs. Cette année particulièrement, on a fait une série d'émissions spéciales sur les podcasts éducatifs. Sachant que, comme l'a introduit Régis tout à l'heure, ces derniers sont en train de se multiplier. On a essayé de faire un petit panel de ce que ça pouvait représenter, depuis nos confrères et homologues de Nipédu, jusqu’à des choses beaucoup plus personnelles – je vous en parlerais peut-être à la fin sur les recommandations. Mais voilà : on a un panel très différent qui peut tenir lieu de formation personnelle ou alors simplement [qui permet] d'aller à la rencontre de pans de notre métier qu'on ne connaît pas, de collègues qu'on ne connaît absolument pas, de voir le fonctionnement de l’institution à laquelle on appartient, mais qui a des tas et des tas de facettes.

RF : Comme on sait que Natacha est très prise et qu’on a une autre invitée qui attend en coulisses… Natacha, est-ce qu'il y a peut-être quelque chose, avant de partir, que vous n’avez pas dit ? que vous auriez envie de rajouter autour de cette thématique du podcast éducatif ?

HR : Rapidement, que n'importe qui dans un établissement peut se lancer, avec même très peu d'élèves et très peu de moyens. Un smartphone suffit, un petit logiciel pour faire le montage, un peu de temps ou beaucoup de temps selon ce qu'on a envie de faire. C'est vrai qu'il y a quand même un minimum d'investissement. Mais après, le résultat est très valorisant, et surtout pour les élèves. Et rapidement. Surtout ne pas attendre avant d'arriver à quelque chose de fini, même si c'est très court, pour que rapidement les élèves découvrent à quel point ils ont pu faire quelque chose de valorisant et accrochent pour la suite. Voilà. Et je vous remercie pour l'invitation.

RF : Un grand merci à vous Natacha ! On retrouve votre travail dans les notes de l'émission. Et on encourage les auditeurs d’Extra classe à aller écouter vos productions. Un grand merci Natacha ! En direct, on accueille Cécile Cathelin, le temps qu'elle s'installe au micro d’Extra classe. Toujours aux côtés de Sébastien, qui nous accompagne quant à lui jusqu’à la fin de l'émission. Sébastien ?

SM : C'est ça, tout à fait. Sans problème.

RF : Bonjour Cécile !

CÉCILE CATHELIN : Bonjour Régis.

RF : Un grand merci d'arriver au micro d’Extra classe. Je vous présente – et vous me dites si on ne dit pas de bêtises. Vous êtes professeure de lettres en lycée et formatrice. Depuis janvier 2020, vous avez lancé la plateforme Clapotee, qui a pour but de montrer la plus-value du podcast dans le domaine de l'éducation.

CC : Très bien résumé.

RF : Parfait.

HA : Dites-nous en plus sur Clapotee. Alors là c'est un usage un petit peu différent de ce dont on parlait tout à l'heure – qui était plutôt de faire du podcast avec les élèves. Vous, vous faites du podcast pour les élèves.

CC : Voilà. En fait, Clapotee, je l'avais lancé en janvier 2020. Cinq-six ans avant, j'avais un peu essayé de voir la plus-value du podcast auprès des élèves et de voir si ça apportait du contenu intelligent, hors classe, en asynchrone. Voyant que ça marchait, j'ai lancé la plateforme en janvier 2020. Malheureusement et heureusement, le Covid passant par-là, mars : plus rien. Et je me suis rendu compte que ces petits podcasts Clapotee avaient vraiment créé du lien, permettaient aux élèves de continuer à avoir du contenu hors classe, en asynchrone. Ma foi, le retour est plutôt positif. C'est du mobile learning, qui leur permet d'écouter où ils le souhaitent. Certains me disent : « c’est dans le tram, c'est dans le train, c'est juste avant le cours, en rentrant à la maison, on a ce luxe formidable de pouvoir appuyer sur le bouton, de l'arrêter, de prendre des notes, de recommencer ». Donc ils voient beaucoup d'avantages dans ce mobile learning, et l'idée de Clapotee, c'est effectivement de créer une sorte de plateforme solidaire sur laquelle on retrouverait du contenu – de qualité bien sûr – en se référant au programme officiel, de leur offrir ce contenu de podcasts. Mais aussi, Clapotee, ce sont des podcasts enrichis – ou aussi augmentés si on veut être tendance. Pourquoi ? Parce qu'il y a le contenu audio, mais qui est accompagné de contenus visuels. Donc chaque épisode est accompagné d'une infographie, qui peut être perçue comme une sorte de synthèse de ce qu'ils ont écouté, mais aussi comme une sorte de prise de notes, vous savez, avec les mots-clés dont ils ont besoin : ça peut être bien orthographier un nom d'auteur, un mot-clé dans la terminologie littéraire. C'est pour ça que j'appelle ça des podcasts enrichis. L'ambition est un peu plus grande maintenant parce qu’on veut créer des podcasts solidaires dans ce sens qu’ils offrent du contenu pour le français, mais aussi est arrivé entretemps, en juin 2020, du contenu en espagnol. Il y a déjà du contenu en histoire. Vont arriver, à la rentrée, des maths, parce qu'en fait de l'audio peut aussi très bien fonctionner pour des matières comme les mathématiques. Moi, je n’y croyais pas au début mais en échangeant avec les collègues, finalement, si. Et puis va arriver aussi de l'anglais. Voilà donc l'idée, c'est vraiment de faire une plateforme solidaire, c'est-à-dire que n'importe quel élève peut avoir accès à un contenu sérieux en lien avec le programme officiel. Et aussi gratuit parce qu’on s'est rendu compte, avec la crise, que c'est important d'offrir du contenu pour n'importe quel élève où qu’il soit, qu’il puisse en bénéficier. Voilà un petit peu l'ambition de cette plateforme.

RF : Merci Cécile. On arrive à une partie de l'émission… on est sur le comment ? Tout à l'heure, Natacha, avant de quitter le micro, a tenu à dire qu’on pouvait se lancer facilement, qu'il ne fallait pas hésiter à y aller pour commencer. En début d'émission, on disait que finalement, à la fin des fins, le podcast, c'est un fichier audio. Sur la partie technique, pour redonner un petit peu la parole à Sébastien : si un enseignant devait se lancer en classe, et pour le coup, un enseignant d'école élémentaire, pour produire du podcast avec ses élèves, est ce que vous auriez quelques idées ? quelques pistes ? quelques conseils ?

SM : Allez, on va partir avec une solution toute bête. On va espérer que le ou la collègue a un ordinateur de fond de classe – on ne prend même pas la salle info. On prend l'ordinateur de fond de classe et pour avoir un fichier qui ne soit pas trop mauvais, on va aller lui coller un petit micro-casque. Généralement on en a un qui traîne, si on n'en a pas ce n’est vraiment pas cher, et le micro-casque a cet avantage-là : ce n’est pas un micro superbe, mais on va enregistrer avec un petit logiciel libre style Audacity et c'est réglé. Vous avez déjà de quoi rouler pour une année entière et faire des montages très sympa.

RF : Et Cécile, du coup, des conseils de ce côté-là ? Si vous avez déjà pu pratiquer dans ce sens-là, c'est-à-dire les élèves qui produisent de l'audio, du podcast.

CC : Je rejoins ce qui vient d'être dit. C'est-à-dire qu’on peut très bien démarrer des podcasts avec très peu d'outils. Il y a en ce moment aussi beaucoup de plateformes gratuites qui permettent de faire des montages assez simples. Je ne sais pas si je peux dire des noms, mais il y a déjà la plateforme Anchor, qui est vraiment d'une facilité déconcertante parce que, aussi bien pour les enseignants que pour les élèves, c'est une appréhension très simple et très facile. C'est gratuit. Le montage est d'une simplicité extrême, on met les fichiers, il y a des petites virgules sonores. Un peu plus technique mais amusant, c'est Soundtrap, ça ressemble… c’est comme pour les pros : on a toutes les pistes qui apparaissent et on fait le montage aussi. Voilà. Mais c'est vrai que c'est un outil… enfin créer un podcast, c'est relativement simple ; et en plus moi j'ai envie de dire : c'est simple parce que c'est aussi amusant. Il ne faut pas oublier cet aspect-là, quand même, d'avoir plaisir à monter un podcast.

RF : Pour les non-connaisseurs, Anchor : A-N-C-H-O-R. Je vais rajouter une solution, dont vous n’avez pas parlé, que moi j'aime beaucoup, et que j'avais utilisée avec mes élèves de cycle 3 pour ne rien vous cacher. C'est l'Atelier franceinfo junior, qui est une appli toute faite sur tablette et qui est sur toutes les – je ne veux pas nommer une marque – tablettes disponibles, et qui effectivement contient tout : les tapis sonores, le petit atelier de montage. Et il y a même des vidéos pédagogiques expliquant comment préparer son conducteur, comment tourne une rédaction, etc. Donc voilà un outil intéressant, d’ailleurs fait en partenariat avec le Clémi [Centre pour l’éducation aux médias et à l’information].

SM : Je me permets d’en rajouter une. Il y a La Digitale, sur le net, qui a une petite solution avec des virgules intégrées, des bruitages intégrés également.

CC : Très facile d'appréhension aussi.

HA : On a entendu qu'il y avait plein de formats possibles dans le podcast. Natacha a parlé de documentaires, mais aussi d’interviews et de direct. Est-ce que vous pourriez tous les deux partager deux ou trois références de podcasts que vous auriez envie de faire connaître à vos collègues ?

SM : Il y a deux podcasts sur l'éducation. D'un côté, vous avez Kadékol [webradio de l’Institut français de l’éducation], avec des collègues, dont une collègue qui va dans les classes ; par exemple elle a fait un super reportage sur le CNED [Centre national de d’enseignement à distance]. Et de l'autre côté vous avez Prof Etc, avec un collègue qui va interviewer des profs… au sens très, très large. Je vous conseille celui sur Armande Altaï, par exemple, si vous voulez rigoler un peu… voilà pour aller très loin.

HA : De la Star Academy, c’est ça ?

SM : Exactement, alors là, on l'a tous reconnue. Mais sinon, vous avez des profs au profil plus classique, on va dire. Donc deux extraits très différents.

CC : Là il me pose une colle, parce que je ne peux plus rien dire… Ah si : il y a le podcast Un prof D z’écoles. C'est effectivement le retour d'expérience d'un professeur du primaire. Je suis en train d'en chercher… Et il y en a un, si je peux me permettre, qui va paraître à la rentrée, auquel je participe aussi, qui va s'appeler Balad’Édu. Un peu la métaphore de la balade, de la promenade, avec l'idée de s'adresser à toute la communauté éducative : professeur, enseignant, directeur, formateur. Et l'idée, c'est justement de créer un podcast où tout le monde va se retrouver dans des pratiques et des usages. On va lancer Balad’Édu en septembre, et il y aura des témoignages de directeurs, d'enseignants, de formateurs, mais aussi d'élèves, qui font des retours d'expérience sur des outils numériques. Parce que la communauté éducative, elle ne se fait pas sans nos élèves.

RF : Et bien sûr, les deux recommandations de cet épisode, c'est Clapotee, pour les élèves, et E-teachers, pour les enseignants. Un grand merci à tous les deux. Alors, si on reboucle avec Hélène du côté du « Le numérique est-il social ? », on sent bien en tout cas qu’il crée du lien. Voilà ce n'est pas un raccourci facile de dire que le numérique crée du lien. En tout cas, quand on fait de l'audio, il est forcément social. Et je pense que ceux qui nous écoutent à ce micro, que ce soit à n'importe quel moment, seront de cet avis.

HA : Merci à tous les deux.

CC : Merci !

SM : Merci à vous !