Cette scène décrit ce soir d'été pendant lequel était prévue une éclipse lunaire que des gens se rassemblaient pour voir, au bord de la Loire, pas très loin de l'endroit où un ami et moi avions planté nos tentes. Nous attendions donc de les rejoindre pour pouvoir nous aussi profiter du spectacle.
L'ennui avec ce gars-là, c'est qu'il avait un penchant pour l'alcool, la paranoïa et les discours mégalomanes...
Et j'ai écrit ce poème pour décrire l'ambiance étrange qui régnait ce soir-là sur notre petit campement.

Texte :

En Attendant la Lune de Sang

En attendant la Lune de Sang
Dans la fin d'un orage d'été
Les arbres dégoulinent pesamment
L’air crépite du son des gouttes tombées

Et le Soleil s’effondre lentement.

En attendant la Lune de Sang
Les mots d’un compagnon de route
Résonnent dans notre campement
Se parent des couleurs du doute
Aux nuances de rouge et de survie.
Sa voix grommelle sous les gouttes
Clairsemées qui rythment la litanie.
Et au sein des murmures de pluie
Son amusante et mégalomane folie
En opinant du chef patiemment j'écoute.

En attendant la Lune de Sang
La fin du monde coule de sa bouche
Dangers se forment et naissent lentement
Pendant que prudemment le Soleil se couche.

Etrange compagnon de campement
Dont les espions peuplent l'esprit
Quand l'alcool, à l'heure du couchant
Matérialise des scénarios de séries.

En attendant la Lune de Sang
Silence d'or se fait chez les oiseaux
Chants clairs des rivaux et des amants
Tout reste en suspens pour le sanguin halo.

Et mes voix en chuchotant me disent :
« Garde-toi bien de son emprise,
Car en te faisant vivre dans sa peur
Territoire flottant où il prétend régner
Il garderait sur toi le contrôle et le pouvoir,
Pensant guérir sa crainte de perdre pied ».

En attendant la Lune de Sang
La fraîcheur du soir fait frissonner
Les mulots sous les ronciers rampants
Et les chauve-souris aux ailes déployées.
Camarade rit et parle tout seul
Allongé dans l'herbe avec sa bière
Les yeux tournés vers la mue du ciel
Défiant dans sa folie et la vie et la mort.