Texte :

Les corbeaux

Poussez des cris
Et remuez la terre.
Faites piailler les pies
Et chanter le corbeaux dans les airs.

Faites s'envoler ces sinistres
Dans un claquement d'ailes
Des cadavres autour desquels
Ils étaient amassés, là, sous les astres.

Ils s'agitent, ces lugubres
En croassant tous amassés
Sur les corps mutilés par les sabres
Des soldats morts dans la mêlée
D'une bataille, dans un champ désolé.

Et là, repus de ce qui pourrit
Satisfaits de tous ces fruits
De la violence sans merci
Des hommes, ils croassent dans la nuit.

Faites-les s'envoler ces corvus
Le sang qu'ils ont bu était caillé
Et leurs yeux pleins d'astuce

Ne voient pas la bravoure ici étalée
Qui a gonflé ces cœurs désormais arrêtés.

Chassez-les et vous verrez
Comme dans les airs ils tourneront
Ombres emplumées sur un ciel grisé
Et dans le vent bientôt sentiront
L'odeur d'une guerre prochaine à l'horizon.

Et pourtant, pas plus charognards
Que d'autres animaux et insectes,
Ils se moquent des rumeurs de nos cauchemars
Et des pactes douteux de nos sectes.

Dans l'ironie de leurs cris
Résonnent d'agaçants présages
Et pas moins voleurs que les pies
Ils se jouent des peu gentils et des faux sages.