Petite tranche de vie quotidienne d'une période de galère...

Texte :

Un tramway nommé Délire.

Il y aura des ombres et des lumières
Juste naviguer d'un wagon à l'autre
Les rails défilent sur le béton et la terre
Je vis sans abri mais n'envie pas le vôtre.

Il y a de la chance et du soleil aux fenêtres
Les contrôleurs me laissent tranquille
Naviguer sans fin est une raison d'être.
Comment s'accrocher quand on vit sur le fil ?

De la nature frissonnante à la ville démente
Des rues houleuses à ma tente silencieuse
S'étend le fil d'Ariane du bus et du tram
Sur lequel naviguent véhicules et rames.

Les sens en alerte je plonge dans la marée
Suis les vagues quotidiennes de la foule
Et échappe de peu aux employés
Qui sans relâche rôdent et contrôlent
Traquent les sans papiers, sans tickets
Sans numéros ni cartes ou abonnements.
Encore aujourd'hui je les ai esquivés
Suis montée et descendue furtivement,
D'un siège à l'autre, portée par les engins,
Tractée par le gasoil et l'électricité
Bercée par les ronronnements chagrins
De moteurs puants l'essence brûlée.

Sortie du roulis du plancher des bus
Je marche en me demandant, lassée
Si au retour je serais cette fois pincée,
Interrogeant des yeux l’augure des cumulus.

Mes chaussures tapent en rythme le bitume
Puis mes pieds fouleront l'herbe encore
Et il y aura comme un goût d'amertume
Dans la neige de pollen, légère
Qui tombera des Peupliers noirs.
Et face à mes suppliques, encore,

Les anges qui savent les douleurs
Et qui pourtant jamais n’expliquent
Tiendront scellée en leurs muets coeurs
La vision de mes possibles avenirs.