Devenez une sorcière ou un chasseur de sorcières dans le monde obscur de Pagan, un jeu de cartes à deux asymétrique.

Pagan

⚠ Avertissement : Pour faire écho à notre article d’hier sur le marketing d’influence dans le jeu de société et dans le cadre d’une démarche de transparence, nous tenons à vous informer que ce jeu nous a été offert par l’éditeur. Notre avis reste toutefois impartial et sincère. Nous vous exposons ici les qualités et les défauts du jeu.

Pagan: Le Destin de Roanoke est un jeu de cartes (deck) asymétrique et extensible pour 2 joueureuses dans lequel vous incarnerez soit une sorcière, soit un chasseur de sorcières, dans une lutte effrénée d’environ 60 minutes. Le jeu chez Super Meeple devrait justement sortir en boutique aujourd’hui 10 mars 2023.

La campagne se déroule dans le cadre de l’histoire fictive de la colonie perdue de Roanoke, dans l’Amérique coloniale de 1587.

Chacun des adversaires a un objectif individuel qu’il ou elle devra réussir pour remporter la partie.

La sorcière aura pour but de recueillir des secrets et préparer des potions avant d’accomplir un rituel ultime tellement puissant que toute la région tombera sous son charme. Tout au long du jeu elle se cachera derrière l’un des 9 villageois et villageoises, elle seule connaissant sa vraie personnalité.

Le chasseur quant à lui devra, avant l’issue fatale, rassembler ses alliés et écarter les villageois innocents pour pouvoir démasquer et révéler au monde la véritable identité de la sorcière et la porter en justice.

Le jeu du chat et de la souris

Pagan fait partie des jeux de course poursuite. Mais contrairement à La Bête dont nous vous parlions il y a peu de temps, il n’y a pas de déplacements réels,  sur une carte par exemple, mais un enchainement de coups pour parvenir à vos fins.

L’histoire de la sorcellerie

Les sorcières ont fasciné les gens tout au long de l’histoire. Mais qui sont vraiment les sorcières ? Puisque Pagan parle de sorcière, dans ce chapitre, nous allons remonter le temps pour explorer l’histoire des sorcières, depuis leurs origines jusqu’aux croyances et pratiques actuelles.

Les origines des sorcières

Le concept de sorcellerie remonte aux plus anciens exemples connus de l’histoire de l’humanité. Dans le monde entier, les anthropologues ont trouvé des preuves de pratiques et de croyances magiques dans presque toutes les cultures. Dans les temps anciens, la sorcellerie était souvent associée à la guérison, la fertilité et la protection, et faisait partie intégrante des pratiques religieuses.

Par exemple, les Égyptiens de l’Antiquité croyaient que la magie était un élément essentiel de leur mode de vie, utilisant des sorts pour guérir les maladies, protéger les récoltes et assurer la fertilité. Dans la Grèce antique, la sorcellerie était associée à la déesse Hécate, qui était considérée comme la déesse des sorcières. Elle était souvent représentée tenant une torche et un poignard et était censée avoir le pouvoir de contrôler les esprits des morts. Les Grecs pensaient que les sorcières avaient la capacité de jeter des sorts, de préparer des potions et d’accomplir des rituels magiques.

Le développement de la sorcellerie au fil du temps a conduit au Moyen Âge en Europe, où les sorcières étaient souvent associées au culte du diable et à la magie noire. La persécution des sorcières au cours de cette période est connue sous le nom de « chasse aux sorcières ».

La persécution des sorcières

L’apogée de la chasse aux sorcières en Europe se situe aux 16e et 17e siècles. Plus de 100 000 personnes, principalement des femmes, ont été accusées de sorcellerie et exécutées pendant cette période. Les accusés étaient souvent torturés jusqu’à ce qu’ils avouent avoir pratiqué la sorcellerie, et leurs aveux étaient utilisés comme preuves contre eux lors des procès.

À Genève aussi, nous avons eu notre sorcière. Rolette Revilliod, la sorcière genevoise pendue à Jussy en 1626, la « relaissée », comme on l’appelait à l’époque, fut brûlée pour avoir notamment causé la mort d’une… vache. Qui nous rappelle également le sort, funeste, d’Anna Göldin, la dernière femme en Europe à être tuée pour sorcellerie. Cela s’est passé à Glaris en Suisse en 1782. La méthode était toujours la même dans les deux cas : une accusation faible ou inexistante et une peine maximale.

La pratique du bûcher a depuis longtemps cessé. Plus personne ne croit que les sorcières sont les suppôts du diable. Alors pourquoi les chasse-t-on encore ? Chaque fois qu’une communauté diabolise sa minorité, chaque fois qu’une société a besoin d’identifier ses boucs émissaires pour se protéger de ses maux, chaque fois qu’une nation en guerre recherche la « pureté » en sacrifiant ceux qu’elle juge contraires à son « idéal », les bûchers, symboliques ou réels, sont rallumés.

Et malheureusement, je dois le reconnaître, les femmes ont toujours été plus vulnérables. Aux XVIe et XVIIe siècles, on brûlait quatre sorcières pour un homme. C’était principalement pour des raisons économiques : à cette époque, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes – qui étaient en guerre -, elles étaient donc… dangereuses en raison de leur nombre et de leur capacité à prendre le contrôle de la société. Ce n’est pas un hasard si les sage-femmes et certaines religieuses (les femmes les plus instruites) ont été les premières à être punies. Pour des pulsions illogiques qui vont du pouvoir de séduction à la collaboration avec la nature en passant par le commerce avec le diable. N’importe quoi.

Eve a été la première sorcière légendaire, et sa collaboration avec le serpent a coûté à l’humanité le paradis sur terre. Cela signifie-t-il que toutes les femmes sont des sorcières ? C’est en tout cas le concept défendu par certains groupes féministes, qui voient en elle une figure de contre-pouvoir permanent. Qui est essentiellement le pouvoir déclaré de son propre sexe, avec toutes ses forces et ses limites. Les sorcières, telles que définies ci-dessus, sont toujours vivantes. Elles sont recherchées par les grandes agences de mannequins, le monde du show-business, la politique, les médias, les arts, le sport et la publicité. J’en reparle plus bas.

Mais on peut aussi les trouver dans la rue et dans les foyers. Ils remettent en question les croyances, déboulonnent les mythes, inventent de nouvelles façons de faire les choses et acquièrent du pouvoir sans craindre la critique. Au 16e siècle, ils auraient été détruits. Aujourd’hui, ils bénéficient d’une telle immunité médiatique que leurs actions sont devenues des mythes et légendes contemporains.

Parmi les procès et accusations célèbres de cette période, citons le procès des sorcières de Salem dans l’Amérique coloniale, où 20 personnes ont été exécutées pour sorcellerie, et le procès des sorcières de Pendle en Angleterre, où 10 personnes ont été exécutées pour sorcellerie.

L’impact de la persécution des sorcières sur l’image des sorcières dans la culture populaire est significatif. L’image de la sorcière en tant que personnage malveillant qui utilise la magie noire pour nuire aux autres est un produit de la chasse aux sorcières. Aujourd’hui encore, le mot « sorcière » peut avoir des connotations négatives, et l’idée que les sorcières sont maléfiques ou dangereuses persiste dans la culture populaire.

La sorcellerie moderne

À l’époque moderne, la sorcellerie a connu un regain de popularité. De nombreuses sorcières modernes considèrent leurs croyances comme une pratique spirituelle qui met l’accent sur l’individualité et l’autonomisation personnelle.

Il existe de nombreuses croyances et pratiques différentes au sein de la communauté de la sorcellerie moderne, mais certains éléments communs incluent l’utilisation du rituel et du symbolisme, un respect de la nature et de l’environnement, et une croyance dans le pouvoir de la magie. De nombreuses sorcières modernes considèrent également leur pratique comme une forme d’activisme, mettant souvent l’accent sur la justice sociale et l’environnement.

Malgré le regain d’intérêt pour la sorcellerie, des idées fausses sur les sorcières et leurs croyances persistent. Certaines personnes croient encore que les sorcières adorent Satan, alors qu’en fait, de nombreuses sorcières modernes ne croient pas en Satan ni en aucune forme de culte du diable.

Dans les médias contemporains, la représentation des sorcières est devenue plus diversifiée et positive. Des puissantes sorcières de la série télévisée « Charmed » aux sorcières héroïques des livres « Harry Potter », les sorcières sont de plus en plus représentées sous un jour plus positif.

La sorcière, idole et icône féministe

Saviez-vous que la sorcière est passée du statut de monstre maléfique à celui de symbole féministe ? C’est vrai ! Le mot « sorcière » vient du latin « sors », qui signifie sort, et aujourd’hui, il représente la lutte contre le patriarcat sur les réseaux sociaux. Et aujourd’hui, deux jours après la Journée internationale des droits de la femme, cet article sur Pagan et la sorcellerie a tout son sens !

Les sorcières sont partout autour de nous. Elles défilent désormais dans les rues lors de manifestations et sont impliquées dans des mouvements aussi divers que Black Lives Matter, la défense de l’environnement et l’égalité des sexes. Et si les sorcières étaient autrefois craintes comme des vieilles dames au nez crochu qui remuaient des chaudrons bouillonnants ou volaient sur des balais, elles ne sont en fait que des praticiens de la sorcellerie.

Autrefois, les personnes étiquetées comme sorcières étaient principalement des femmes sans éducation issues des zones rurales, qui étaient mises en marge de la société parce qu’elles ne suivaient pas ses règles. Elles étaient accusées de vendre leur âme au diable pour les connaissances ésotériques qu’elles possédaient sur la fertilité, les accouchements et la pharmacopée des plantes.

Malheureusement, comme vu plus haut, les femmes ont été diabolisées et les sorcières brûlées lors de la chasse aux sorcières qui a débuté en 1560. Le nombre de victimes est estimé entre 50 000 et 100 000, et il est difficile d’imaginer la douleur et la souffrance que tant de personnes ont endurées à cette époque.

Mais la bonne nouvelle est que les sorcières n’ont pas mis longtemps à s’en remettre. Même après des siècles de persécution, les sorcières continuent de pratiquer leur art aujourd’hui, notamment dans les zones rurales. En effet, la Wicca, une organisation spirituelle qui cherche à faire revivre le paganisme (on retrouve le terme de… Pagan, le jeu) préchrétien, est devenue un phénomène de société dans les pays anglo-saxons.

La sorcière est devenue un symbole de la lutte anti-patriarcale, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Partout dans le monde, des femmes réclament leur pouvoir personnel et leur féminin sacré en se déclarant sorcières. Le réenchantement de notre culture est motivé par le besoin de distiller du sens et de la signification, et la sorcière est devenue une idole pour beaucoup.

Mais il est important de se rappeler que dans de nombreuses régions du monde, des femmes sont encore tuées pour avoir été des sorcières. Si la sorcière est devenue un concept séduisant pour le développement personnel, nous ne devons pas oublier la véritable histoire qui se cache derrière et œuvrer pour mettre fin à cette violence à l’égard des femmes partout dans le monde.

Conclusion

L’histoire des sorcières est un sujet complexe et fascinant qui a joué un rôle important dans le développement de l’histoire humaine. À travers les âges, les sorcières ont été associées à tout, de la guérison et la protection au culte du diable et à la magie noire. Aujourd’hui, les sorcières modernes offrent une pratique spirituelle diversifiée et stimulante à ceux qui la recherchent. En comprenant l’histoire et les croyances des sorcières, nous pouvons mieux apprécier leur contribution à la culture humaine et acquérir une meilleure compréhension de l’histoire de l’humanité.

Et pourquoi on aime les jeux de société avec des sorcières ?

Vous aimez jouer à des jeux de société qui intègrent des sorcières, comme dans Pagan ? Comme vu plus haut, les sorcières ont captivé notre imagination pendant des siècles et continuent d’être un thème populaire dans les jeux de société modernes.

La représentation des sorcières dans la culture populaire a joué un rôle important dans l’essor récent des sorcières dans les jeux de société modernes. Par le passé, les sorcières étaient souvent dépeintes comme des personnages malveillants et malfaisants qui utilisaient leur magie à des fins nuisibles.

Plus récemment, cependant, l’image des sorcières est devenue plus diversifiée et positive. Comme vu plus haut, des séries télévisées telles que « Charmed » et des films tels que « Harry Potter » ont contribué à faire évoluer l’image des sorcières de malveillante à positive. Ces représentations ont rendu les sorcières plus accessibles à un public plus large et ont contribué à les rendre plus attrayantes dans le contexte des jeux de société. Le cas de Pagan ici aujourd’hui.

Mais qu’est-ce qui rend les sorcières si attirantes dans les jeux de société ? La psychologie qui sous-tend l’attrait des sorcières est un autre facteur à prendre en compte. Les sorcières sont souvent considérées comme des marginales, et leur utilisation de la magie les distingue des autres personnages du jeu.

Ce sentiment d’altérité peut être attrayant pour les joueureuses qui aiment incarner des personnages différents de la norme. En outre, les sorcières sont souvent associées au mystère et à l’intrigue, ce qui peut les rendre plus intéressantes à jouer. Je dois bien avouer que j’ai kiffé incarner la sorcière dans Pagan. C’est tout moi, ça. À défaut de pouvoir jeter des vrais sorts dans la vie de tous les jours, je peux au moins me défouler ici !

L’utilisation de la magie dans un jeu peut ajouter une couche supplémentaire de complexité et d’intrigue au gameplay. Enfin, les sorcières sont souvent associées au pouvoir, et incarner une sorcière peut donner aux joueurs un sentiment d’autonomie.

Comment les jeux de société modernes ont-ils intégré les sorcières dans leur gameplay ? Dans certains jeux, les joueurs peuvent incarner des sorcières, jeter des sorts et utiliser la magie pour prendre l’avantage sur les adversaires. ou en mode asymétrique, comme dans Pagan. Dans d’autres jeux, les sorcières sont utilisées comme un élément thématique, ajoutant une couche supplémentaire d’intrigue narrative au jeu.

Les sorcières continuent et continueront encore longtemps de fasciner la culture populaire, et de s’immiscer dans les jeux de plateau. Il n’y a qu’à voir le succès éhonté de La Colline aux Feux Follets, qui a raflé le Kinderspiel 2022, et qui est également nommé pour le Swiss Gamers Awards et l’As d’Or, tous deux en catégorie Enfants.

Pagan, comment on joue ?

Un plateau village, disposé au centre de la table entre les deux adversaires, accueille les 9 cartes des villageois et villageoises suspectes. C’est sur ce plateau que les 3 pions d’actions seront disposés afin de récolter

Chaque joueureuse reçoit un plateau de jeu individuel, propre à son rôle préalable déterminé (chasseur ou sorcière). Ce plateau permet d’accueillir, tout au long de la partie, les cartes pouvoirs spécifiques qui pourront être activées ; les potions et familiers pour la sorcière et les lieux et alliés pour le chasseur. Chacun reçoit également un deck spécifique de 50 cartes et une roue d’influence.

Pour commencer la sorcière tirera au sort dans la pioche Suspects, un des villageois qui représentera sa véritable identité pour la durée de la partie.

C’est qui qui gagne ?

Le chasseur gagne la partie s’il arrive à découvrir et éliminer ce villageois/sorcière ou à innocenter les 8 autres villageois.

La sorcière quant à elle gagne la partie si elle parvient à placer 3 jetons faveur sur le villageois qui cache sa vraie identité puis à accomplir l’action rituelle. Elle gagne également si le chasseur élimine 3 villageois innocents.

Pagan. Prêt ? Action !

Les adversaires jouent à tour de rôle 2 phases d’action :

  1. Une phase d’entretien ou les pions mis en jeu le tour précédent sont récupérés et payer d’éventuels coûts d’entretien des cartes en jeu ou effets des cartes
  2. Une phase d’action en plaçant vos 3 pions actions sur cartes ou plateau pour effectuer les pouvoirs propres à chacun d’eux

Puis c’est au tour de son adversaire.

Dans Pagan vous aurez un grand nombre de type de cartes avec des pouvoirs et actions variées. Pour jouer ses cartes il suffit de placer ses pions actions sur un des villageois et d’en récolter les effets. Les villageois sont répartis en 3 couleurs.

Certaines cartes ont des effets unique et d’autres des effets permanents.

Les villageois ont des pouvoirs qui vous permettront de gagner des actions de base :

  • Gagner de l’influence, les points sont thésaurisés sur votre roue individuelle et vous permettent de payer les effets d’autres cartes actions
  • Piocher des cartes dans votre deck

Les villageois vous permettront surtout de récupérer des jetons indices/secrets à distribuer sur d’autres villageois en fonction de leur couleur. Ce sont ces jetons qui seront convertis en secrets ou en preuves selon votre rôle.

Grace à la combinaison de ses actions la sorcière va convertir des secrets en faveur. Dès 3 faveurs disposées sur sa véritable identité elle pourra lancer le sort final qui lui permettra de gagner la partie. Mais pour ne pas se faire démasquer trop vite elle va devoir se dissimuler et bluffer afin d’amener le chasseur sur de mauvaises pistes.

Le chasseur de son côté va disposer ses jetons Indices sur les villageois et les convertir en jetons Preuves. 3 Preuves disposées sur un villageois permettent de piocher une carte Suspect et d’innocenter un villageois ou d’harceler un villageois (pour retirer les pions faveurs disposés par la sorcière) voir même éliminer purement et simplement un villageois.

La sorcière peut lancer des malédictions et des charmes pour handicaper ou ralentir le chasseur dans ses actions.

Le chasseur, quant à lui, peut lancer des enquêtes ou des évènements pour avancer sa quête ou bloquer les actions de la sorcière.

Des règles avancées sont proposées en fin du livret des règles, permettant de jouer avec des factions ou des cartes scénarios.

Bien que le jeu tourne très bien seul, dès sa création il a été pensé pour pouvoir accueillir des extensions et améliorations de Deck.

Vous pourrez donc, à loisir, y ajouter l’extension « Pagan, au delà des palissades » qui comme sont nom l’indique vous amènera à trouver de nouvelles ressources au delà des palissades.

Trois paquets de cartes extensions sont également disponible, à priori en édition limitée :

  • Procès d’Antan : qui mettra l’accent sur les investigations du chasseur en renforçant ses compétences
  • Les jeux de l’Esprit : pour apporter une part de bluff et prise de risques
  • Le fer et le feu : qui met l’accent sur les villageois-es et la violence que leur inflige le chasseur, les poussant tout droit dans les bras de la sorcière

Pagan, verdict

Tout d’abord parlons du matériel. Il est magnifique ! De qualité et d’un graphisme vraiment, mais vraiment très, très, très, réussi ! À lui seul, il réussit à nous immerger dans une ambiance brumeuse, humide et effrayante. Les villageois font froid dans le dos. Les cartes des decks sont toutes très travaillées graphiquement avec une très bonne lisibilité des actions et pouvoirs.

Même si le thème de la chasse aux sorcières n’est pas des plus original, le jeu et ses actions spécifiques le sont vraiment. On est presque dans un jeu de rôle, sur plateau et sans dés.

Pour moi, le point qui fait vraiment défaut dans Pagan est le manque de clarté de son livret de règles de jeu. Il est très, trop touffu, et complexifie le jeu qui en soit est relativement facile et logique à prendre en main une fois qu’on a compris le fonctionnement. Les actions, les pouvoirs, les utilisations spécifiques sont bien détaillées mais disposées de tellement manière dans le livret qu’on peine à trouver un sens logique. La tentative de détailler les tours de jeu en fin de cahier ne suffisent pas à éclairer. C’est vraiment dommage et pourrait être rebutant pour certains.

Écrire de bonnes règles de jeu n’est pas un exercice facile. Tour d’horizon des bonnes et moins bonnes pratiques du marché

Pagan est un jeu qui joue sur l’asymétrie des personnages. Il faudrait faire 500 ou 600 parties pour véritablement mesurer les chances des deux personnages. Lors de mes premières parties j’ai regretté un déséquilibre en faveur de la sorcière. Elle est vraiment très forte et met les nerfs et la stratégie du chasseur à rude épreuve.

Pour parvenir à la vaincre, le chasseur doit selon moi posséder une plus grande maîtrise et connaissance de son jeu pour optimiser et coordonner ses actions et pouvoirs et ainsi remporter la partie. Mais cela n’est pas pour autant impossible. Cela limite de ce fait les adversaires avec lesquels nous allons pouvoir jouer. C’est presque trop facile en tant que sorcière expérimentée de jouer avec un adversaire chasseur qui débute dans le jeu.

La mini extension « procès d’antan » devrait aider à remédier à cela. Joli coup de com’!

La vraie bonne surprise pour moi a été le temps de jeu. En effet, la grande majorité des jeux à deux se jouent entre 15 et 30min, rarement plus.

Pour Pagan, il vous faudra en compter plutôt 60. C’est pour moi une véritable plus-value qualitative. En effet, ce temps de jeu permet de vraiment concevoir une stratégie, de s’adapter aux actions de l’adversaire et de savourer le côté immersif du jeu. La mécanique reste par ailleurs tendue et relativement vive avec des actions rapides. Le jeu est très fluide, on n’a pas le temps de s’ennuyer.

En conclusion Pagan est pour moi un très bon jeu, qui mérite d’être testé et surtout rejoué avec le ou la même adversaire pour éprouver toute sa profondeur et surtout trouver un combat équilibré et stratégique. C’est à ce prix qu’il rentre dans la catégorie des très bons jeux. Il n’est donc pas à sortir en « on shot » avec n’importe qui.

Pagan un jeu au graphisme vraiment fou, immersif, à la mécanique et stratégie savoureuse mais qui demande de la fidélité dans ses adversaires. À ne pas mettre entre toutes les mains.

Très, très bon !

⭐⭐⭐⭐⭐

Note : 4.5 sur 5. 31 euros chez Philibert 31 euros chez Play-in

  • Création : Kasper Kjaer Christiansen, Käre Storgaard
  • Illustrations : Maren Gutt
  • Édition : Super Meeple
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 uniquement
  • Âge conseillé : dès 8 ans (bonne estimation)
  • Durée : 60 minutes
  • Thème : Chasse aux sorcières
  • Mécaniques principales : Asymétrie, deck-bulding, cartes. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

Et encore une chose

Podcast 1

Si cette thématique de sorcellerie que l’on retrouve dans Pagan vous intéresse, l’excellent podcast historico-loufoque Oyez Oh Yeah avec Manon Bril et Alex Ramires vient tout juste de sortir un épisode sur les… sorcières.

Lire dans le futur, le passé, ou les relevés bancaires, quels sont les pouvoirs des sorcières, et, d’abord, qui sont-elles ? Alex et Manon invitent Céline du Chéné, chroniqueuse et réalisatrice de documentaires, pour enquêter sur cette icône de la culture populaire crainte et célébrée depuis l’Inquisition.

Podcast 2

Et un autre podcast, une série cette fois. L’excellent podcast Programme B de Binge en collaboration avec la Radio et Television Suisse a consacré en décembre 2022 un cycle de neuf épisodes extrêmement intéressant sur le sujet, Au terrible temps des sorcières. À découvrir ici :

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Article écrit par Aline. Elle travaille dans le domaine social. Elle est tombée toute petite dans la marmite du jeu sous toutes ses formes (plateau, jeux vidéo, escape room, murder). Écrire sur le blog lui permet de découvrir de nouveaux jeux et partager de vrais coups de cœur.

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