Intervention de Céline RINCÉ-VASLIN, responsable des collections du Musée d’arts de Nantes

Au travers de la mise en place de quatre installations artistiques présentées au Musée d’Arts de Nantes, Céline Rincé-Vaslin détaille les manières dont l’exposition du vivant questionne les pratiques muséales. Durant les étapes de production autant qu’en vue de leur préservation ou de leur réactivation, ces œuvres de Marcel Broodthaers, Anne et Patrick Poirier, Laurent Tixador et Aki Inomata impliquant des animaux vivants nécessitent une adaptabilité des professionnels des musées sur les plans juridique, technique et éthique.

L’association des élèves-conservateurs de l’Institut national du patrimoine organise sa première journée d’études : huit communications et une table ronde permettront de débattre sur la place de l’animal vivant dans les institutions patrimoniales aujourd’hui.

Si les animaux habitent l’imaginaire des hommes, ils peuplent également leurs musées, éco-musées et monuments historiques, tantôt considérés comme des créatures « nuisibles », tantôt valorisés comme objets de collection ou supports de création artistique. Tandis que les trophées de chasse, momies et autres spécimens naturalisés ont suscité des études variées, aussi bien du point de vue de la conservation préventive que de la muséologie ou de l’anthropologie, la présence d’animaux vivants dans le cadre de lieux patrimoniaux a souvent été approchée sous l’angle unique de la nuisance, et ce au détriment d'une analyse plus vaste de leur cohabitation avec les visiteurs et les professionnels du patrimoine.
Se posent alors de nombreuses questions pratiques, éthiques et philosophiques.
Quelle est la place de l’animal vivant dans ce contexte et son rôle dans l’évolution des politiques culturelles ? Comment les pratiques professionnelles de conservation et d’exposition intègrent-elles sa présence, voire en tirent profit ?
Ces questionnements invitent à envisager de nouvelles formes d’interactions avec l’animal. En dépassant le simple rapport d’éradication ou de valorisation touristique et génétique, il s’agira de s’intéresser à la relation quasi symbiotique qui lie l’homme à l’animal au sein d’espaces patrimoniaux perçus comme autant d’écosystèmes vivants.