Intervention d'Irene Baldriga, chercheuse à la faculté des Lettres et de philosophie à la Sapienza de Rome.

L'un des traits qui caractérise le plus le patrimoine italien est sa présence généralisée sur le territoire, son association profonde avec la nature des lieux, avec les milieux de vie, avec les phénomènes de transformation des espaces sociaux et productifs. On pourrait parler d'une qualité dynamique et en même temps intime, caractérisant le patrimoine italien : il s'agit d'un trésor vivant, au fond peu muséalisé, et pour cette raison, fortement perçu comme une dimension inextricablement liée au tissu de la quotidienneté.

La spécificité du patrimoine italien, au-delà de sa richesse et de sa variété incontestables, de sa pertinence historico-culturelle, est donc celle de sa relation au présent : une dimension qui alimente le sentiment d'appartenance, la mémoire collective et l'imaginaire des citoyens (l'expression de Roberto Longhi est célèbre lorsqu'il définit le patrimoine artistique comme "la langue des Italiens"), mais qui paradoxalement contribue souvent à compromettre l’intégrité matérielle des monuments et des œuvres d’art, limitant leurs conditions de conservation. La convergence de cultures et d'influences qui, à travers les siècles, a déterminé le caractère "pluriel" de ce patrimoine constitue en même temps une constante invitation à réfléchir à sa dimension complexe pouvant être à la fois une ressource et un élan pour le développement des communautés.