Intervention de Roland DELON, directeur de la Bergerie nationale de Rambouillet

Le mouton mérinos de Rambouillet s’inscrit dans une histoire particulière, celle d’un troupeau de 366 bêtes achetés en Espagne par Louis XVI, puis ramenés à la bergerie nationale, dans le but d’améliorer la race ovine en France et augmenter la qualité de la laine. Roland Delon présente ici l’impact de cette mérinisation, méthode dite « de Rambouillet », copiée à l’échelle mondiale. Le troupeau d’origine est quant à lui resté inchangé, sans apport sanguin extérieur, sujet d’étude désormais pour les scientifiques et également support de formation pour les lycées agricoles. Roland Delon présente ainsi la manière avec laquelle le mouton Mérinos de Rambouillet est passé de l’animal-productif à l’animal-patrimoine.

L’association des élèves-conservateurs de l’Institut national du patrimoine organise sa première journée d’études : huit communications et une table ronde permettront de débattre sur la place de l’animal vivant dans les institutions patrimoniales aujourd’hui.

Si les animaux habitent l’imaginaire des hommes, ils peuplent également leurs musées, éco-musées et monuments historiques, tantôt considérés comme des créatures « nuisibles », tantôt valorisés comme objets de collection ou supports de création artistique. Tandis que les trophées de chasse, momies et autres spécimens naturalisés ont suscité des études variées, aussi bien du point de vue de la conservation préventive que de la muséologie ou de l’anthropologie, la présence d’animaux vivants dans le cadre de lieux patrimoniaux a souvent été approchée sous l’angle unique de la nuisance, et ce au détriment d'une analyse plus vaste de leur cohabitation avec les visiteurs et les professionnels du patrimoine.
Se posent alors de nombreuses questions pratiques, éthiques et philosophiques.
Quelle est la place de l’animal vivant dans ce contexte et son rôle dans l’évolution des politiques culturelles ? Comment les pratiques professionnelles de conservation et d’exposition intègrent-elles sa présence, voire en tirent profit ?
Ces questionnements invitent à envisager de nouvelles formes d’interactions avec l’animal. En dépassant le simple rapport d’éradication ou de valorisation touristique et génétique, il s’agira de s’intéresser à la relation quasi symbiotique qui lie l’homme à l’animal au sein d’espaces patrimoniaux perçus comme autant d’écosystèmes vivants.