Comme Gouverneur général de l'Indochine, au carrefour des XIXe et XXe siècle, Paul Doumer transforme la ville d'Hanoï. Il y fait notamment installer un réseau moderne d'égouts. Mais, revers de la médaille, il doit ordonner de faire la chasse aux milliers de rats ayant élu domicile dans les canalisations.


Un urbanisme à la française


Englobant plusieurs territoires, l'Indochine française est officiellement créée en 1887. Le Gouverneur Général qui y laissa la plus forte empreinte est sans doute Paul Doumer, futur Président de la République.


À la tête de la colonie entre 1897 et 1902, il crée de nombreuses infrastructures et modifie profondément l'urbanisme d'Hanoï, qui devient la capitale de l'Indochine en 1902.


Sur son initiative, le quartier européen de la ville se dote de larges avenues rectilignes, au bord desquelles s'alignent des maisons coloniales cossues, agrémentées de jardins bien tenus.


Mais Paul Doumer fait aussi construire un réseau d'égouts moderne. Il permettra d'installer des toilettes pourvues de chasses d'eau, qui sont à la fois un véritable symbole de la "civilisation" et un moyen de lutter contre une possible épidémie de peste noire.


Un ingénieux stratagème


Mais ce qui n'avait peut-être pas été anticipé, c'est que des milliers de rats élisent domicile dans les canalisations des égouts. En plus de transporter le bacille de la peste, ces rongeurs n'avaient pas leur place dans la nouvelle cité bâtie par le Gouverneur.


On embauche alors des Vietnamiens pour faire la chasse aux rats. On leur promet même des primes. L'opération semble être un succès; ils en tuent en effet jusqu'à 20.000 par jour.


Mais les autorités doivent déchanter : les rats sont encore très présents dans les rues. Les chasseurs avaient en effet trouvé un stratagème pour s'enrichir à peu de frais.


Pour preuve de leur travail, ils devaient seulement montrer la queue des rongeurs qu'ils étaient censés avoir abattu. Alors ils se contentaient de leur couper la queue et de les laisser repartir.


Les descendants de ces rats, auxquels on se contentait toujours de sectionner la queue, représentaient donc, pour leurs chasseurs, autant de primes à gagner.



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