Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 7 septembre 2015

EWFAvec un palmarès qui force le respect (4 Grammy Awards, 6 albums classés en tête des ventes, une cinquantaine de best-sellers…) et une popularité toujours au rendez-vous, Earth Wind And Fire fait partie de ces formations cruciales qui ont su graver leur nom au panthéon de la musique afro-américaine des années 70 et 80.

L’instigateur de ce délire musical et visuel mixant avec soin jazz, soul, funk, mysticisme, africanisme et égyptologie est le multi-instrumentiste Maurice White, né le 19 Décembre 1941 à Memphis, Tennessee. Il émigre très jeune à Chicago en 1960 pour poursuivre ses études musicales au conservatoire. Batteur métronomique au groove parfaitement maitrisé, son savoir faire sera employé durant 4 ans au sein du label Chess Records.

Désireux de percer dans le jazz, Maurice White se fait remarquer par le pianiste Ramsey Lewis, qui l’embauche en lieu et place d’Isaac « Red » Holt. De 1966 à 1969, White accompagne Lewis, puis se décide à explorer d’autres horizons musicaux, forme avec Don Whitehead, Wade Flemmons et son frère plus jeune de 10 ans Verdine, un projet baptisé Salty Peppers.

Cette formation obtient un petit succès local avec « La La Time » (1969), mais le véritable tournant est la signature sur Warner Bros en 1970, ce qui permet aux frères White de déménager à Los Angeles, afin d’enrichir le groupe de nouveaux musiciens. Entretemps, Maurice rebaptise The Salty Peppers en Earth Wind And Fire, utilisant les ascendants de son signe astrologique, Le Sagittaire, qui sont La Terre, Le Vent et Le Feu.

Les 2 premiers albums (EWF et The Need Of Love) parus en 1971 et 1972, sont accueillis de manière frileuse par les amateurs soul et de funk, malgré l’entrée dans les charts de « I Think About Lovin’ You » et « Love Is Life ».Hélas, des querelles internes ont pour conséquence la dissolution d’EWF première mouture. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Verdine et Maurice White reconstituent le groupe pendant l’année 1972 avec de nouvelles têtes comme le chanteur au falsetto dévastateur Philip Bailey, le saxophoniste Ronnie Laws ou le clavier Larry Dunn.

Grâce à un concert d’anthologie qui bluffera le président de Columbia Records Clive Davis, EWF se retrouve sur cette autre grande major, et se précipite en studio pour enregistrer « Last Days &Time » qui sera publié pendant Noel 1972, qui fait à peine mieux que ses prédécesseurs.

Après un petit ajustement de personnel, il faudra attendre 1973 et la sortie de « Head To The Sky », porté par le succès des singles « Evil » et »Keep Your Head To The Sky », pour que le nom d’EWF commence à circuler aux 4 coins des USA. Une progression encore plus affirmée se fera sentir l’année suivante avec « Open Our Eyes » qui deviendra le premier Disque de Platine du groupe. La reconnaissance du public a enfin lieu, et EWF aura l’honneur de participer au California Jam le 6 Avril 1974 devant 200 000 personnes, et en partageant l’affiche avec des poids lourds du rock tels Black Sabbath ou Deep Purple.

1975, il manque encore un échelon à gravir pour la formation, celui de créer un hit dépassant le cercle des aficionados de funk et de soul, autrement dit toucher un plus large public. Essai transformé avec la B.O du film « That’s The Way Of The World » (écoulée à plus de 2 millions d’exemplaires) qui relate l’histoire d’un producteur de disques (interprété par Harvey Keitel) cherchant à promouvoir la carrière d’un tout jeune groupe.EWF joue son propre rôle dans le film.

Extrait de l’album, le single « Shining Star » fait l’effet d’un raz de marée, trustant les charts et les ondes américaines durant le Printemps 1975.Auréolé de gloire, Maurice White et sa bande d’allumés sont véritablement au top, un sentiment clairement ressenti avec le double LP « Gratitude » qui mélange morceaux studios et live, puis avec les opus suivants « Spirit » (1976) et « All N’All » (1977).

En pleine vague disco, EWF conserve encore pour un peu de temps ses racines, mais très vite cède aux sirènes du son facile et commercial avec des titres comme « Fantasy », « September » ou « Boogie Wonderland ». Le groupe est devenu un ogre musical ayant perdu toute son âme funk, avec des concerts aux effets pyrotechniques et magiques.

Près de 45 ans après leurs débuts, EWF continue à se produire avec certains membres originaux comme Philip Bailey ou Verdine White, son frère Maurice ayant arrêté toute activité musicale pour cause de Maladie De Parkinson.

 

 

 

 

 

 

 

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