Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 1er juin

larrygrahamMulti-instrumentiste de formation, compositeur, producteur et chanteur au baryton bien marqué, mais véritable virtuose de la basse doublée d’une créativité sans limite au point d’inventer une technique de jeu appelée slap, qui recadrera à tout jamais la place de cet instrument dans le funk, Larry Graham continue de faire swinguer la planète groove et d’influencer tous les bassistes aux 4 coins du monde.

Ce natif de Beaumont Texas, voit le jour le 14 Août 1946. La famille Graham migre du côté de la Californie en 1948 pour s’établir à Oakland, située dans la baie de San Francisco. Pendant son enfance, Larry nourrit sa curiosité musicale en apprenant à jouer plusieurs instruments comme le piano, la guitare, la batterie. À l’adolescence, il met à profit ses dons extraordinaires à 15 ans en compagnie de sa mère et d’un ami batteur sous le nom Dell Graham Trio.

Il apprend la basse en autodidacte avec le pédalier d’un orgue tout en s’accompagnant de sa guitare, le tout en chantant. Un soir l’orgue tombe en panne, le jeune Larry loue une basse électrique, et de trio, la petite formation passe en duo. Pour compenser la pulse rythmique manquante du batteur, Graham frappe avec son pouce et ses doigts, créant ainsi un effet percussif. Connue au départ sous le nom, et selon ses termes,  » thumpin’ and pluckin’ « , ce jeu révolutionnaire deviendra le slap au fil des années.

1966, un dj du nom de Sylvester Stewart (le futur Sly Stone) est captivé par les prouesses de ce mercenaire du rythme, tant et si bien que Graham deviendra le bassiste de son groupe, Sly & The Family Stone. Sur une période de 6 ans, le bassiste sera un élément clé de cette formation multiraciale, précurseurs du funk West Coast à couleur psychédélique. Sa Fender Jazz Bass combinée à son talent fera des merveilles sur des morceaux comme « Dance To The Music « ,  » Stand « ,  » I Want To Take You Higher  » et surtout l’immense  » Thank you  » pour citer les plus connus.

Mauvais karma en ce début des années 70, Sly Stone voit sa créativité s’émousser par l’abus de substances décapantes et un comportement capricieux et erratique. Suite à une dispute qui faillit tourner au vinaigre, Graham prend ses distances avec la Family Stone en Novembre 1972 et commence à produire le groupe Hot Chocolate.Il en prendra les commandes quelque temps après en rebaptisant le groupe Graham Central Station, puis en décrochant un contrat avec Warner.

Le 1er album éponyme sort en 1974 suivi de  » Release Yourself  » aux ventes très encourageantes pour les 2 œuvres portés par des hits tels  » Can You Handle It ?  » ou  » Feel The Need « , ce qui aura pour conséquence une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie Meilleur Artiste de l’Année. La formidable marche vers le succès est confirmée avec  » Ain’t No Bout-A-Doubt-It  » (1975) récompensé par un Disque D’Or avec les tubes  » Your Love « ,  » It’s Alright  » et l’épique  » The Jam « .

La seconde partie de la décennie est marquée par un essoufflement du succès et des ventes décevantes sur le plan commercial avec  » Mirror  » (1976) et  » Now Do U Wanna Dance  » (1977).Larry Graham épouse la coiffeuse du groupe et devient fervent Témoin de Jéhovah, sa musique devient empreinte de religion et de prosélytisme, ce qui aura pour résultat le départ du batteur Willie Sparks et de la chanteuse Patryce  » Chocolate  » Banks.

Graham Central Station retourne au dépôt en 1980 et Larry Graham tourne le dos au funk pour se lancer dans le genre crooner romantique. Bonne pioche à priori puisque Graham obtient le plus gros carton de sa carrière avec la reprise de  » One In A Million « . Mais la réussite est stoppé nette avec les flops de ses recueils suivants qui pousse sa maison de disques à se séparer de lui.

Il revient sur le devant de la scène grâce à Prince qui voue un respect indéniable pour le bassiste en sortant sur son propre label l’album  » GCS 2000  » (1999). Depuis cette date, Larry Graham continue à se produire plusieurs fois par an et à démontrer que le boss du slap et des solos pyrotechniques, c’est bien lui.