Ecoutez la chronique de Vincent Turban du 16 mars
Rio Grande MudPour le public synonyme de rock FM au fort relent de MTV, avec hot-rods rutilants, longues barbes et petites pépées, ZZ Top est au départ à mille lieux de cette panoplie endossée dans les années 80.En effet, ce power trio est à l’origine plus proche du blues-rock lourd, puissant et qui balance sec, comme un bon shot de tequila avalé cul-sec qui vous remue les tripes.

Formé au cœur du Lone Star State, plus précisément à Houston, Texas en 1969, autour du guitariste/chanteur Billy Gibbons (né William « Billy Frederick Gibbons) le 16 Décembre 1949, du bassiste/choriste Dusty Hill (né Joseph Michael Hill) le 19 Mai 1949 et du batteur Frank Beard (né le 11 Juin 1949), nos 3 hors la loi viennent d’univers musicaux différents, psychédélisme pour Gibbons avec The Moving Sidewalks et blues pour Beard et Hill. Agés de 21 ans et liés par leur amour pour la musique du Delta, ils décident de lancer ZZ Top, dans la plus pure tradition blues à la texane avec ce mix explosif de guitare tranchante et piquante, de basse bien grasse et de batterie carrée.
C’est cette formule de base que l’on retrouve sur le premier album, tout simplement intitulé « ZZ Top’s First Album » paru en 1970 peu de temps après leurs premiers concerts.
1972, « Rio Grande Mud » frappe fort dans le genre boogie-rock bien teigneux, je trouve personnellement cet album nettement meilleur que le premier. « Just Got Paid », « Ko Ko Blue » « Chevrolet » ou « Francine » sont des chansons au potentiel musical énorme sur lesquels le talent de Billy Gibbons fait des merveilles, autant au chant qu’à la 6 cordes. Dusty Hill possède un son de basse bien chargé en saturation qui sied à merveille aux patterns de batterie de Frank Beard.Tout ça fleure bon le whisky, la poussière du désert, les bars mal famés et les femmes de petite vertu.
Le 3ème opus, « Tres Hombres » parait en 1973 et possède une assurance déjà entraperçue sur le précédent LP. On ne change pas une formule gagnante, et la musique du Top s’étoffe d’avantage sur des compositions telles « Waitin’ For The Bus/Jesus Just Left Chicago », « Shiek » et surtout le missile sonore « La Grange », évocation d’un bordel au riff dément que n’aurait pas renié un autre grand nom du blues nommé John Lee Hooker.3 accords simples mais absolument imparables, ce blues énervé vous donne l’envie de cruiser au guidon d’une Harley. Au passage, ce tube leur ouvrit les portes de la reconnaissance mondiale.
Petit message destiné à tous ceux qui sont allergiques aux barbus texans, je vous suggère de revoir votre copie et de reconsidérer le cas ZZ Top d’urgence avec « Rio Grande Mud » et « Tres Hombres », vous risquez d’être vraiment surpris.