Mission Encre noire Tome 27 Chapitre 319. La revue Liberté - art et politique #325 automne 2019. L'avenir c'est pour bientôt annonce la couverture du dernier numéro de Liberté. Ce numéro spécial consacré au soixantième anniversaire de la revue va vous faire voyager dans le temps, de 1959 à nos jours. Alors qu'Hubert Aquin déclarait dans le tout premier éditorial «la revue en tant que revue n'a pas à s'engager de quelque manière que ce soit.», la nouvelle équipe éditoriale actuelle se demande, pour sa part, «Comment éclairer ces angles morts». Ceux qui interrogent la place de Liberté dans le monde culturel et politique, son rôle rassembleur et dissident autour des enjeux du XXI ème siècle au Québec, et comment la revue progressiste, qui a connu de multiples évolutions, depuis soixante ans, s'ouvre à de nouveaux horizons, en particulier la parité femme/homme. Depuis 2017, sous l'impulsion de Jean Pichette et de Rosalie Lavoie, Liberté fabrique de la matière à libérer la pensée et aiguise des outils pour réfléchir autrement. Comprendre dangereusement est la doctrine non officielle, depuis 2012, de ce fleuron du monde l'édition au Québec. Ce soir, à Mission encre noire, pour nous présenter ce magnifique numéro anniversaire, je reçois Julien Lefort-Favreau, membre du comité de rédaction de la Revue depuis 2012.
Extrait:« Aujourd'hui, non seulement les femmes sont bien présentes dans le champ littéraire, mais elles y sont reconnues et ont investi toutes les sphères du monde du livres - éditrices, libraires, critiques littéraires, enseignantes, directrices de revue (dont Liberté!) -, bien que majoritaires au bas de l'échelle et minoritaires aux postes de pouvoir. Une recherche portant sur 25 maisons d'édition fondées entre les années 1995 et 2005 indique que les femmes occupent 34% des postes de direction (Tremblay, Mixité et égalité dans le champ éditorial québécois, 2014). Mixité n'est pas un parfait synonyme de parité. Celle-ci n'est pas atteinte, et les femmes sont encore souvent considérées à travers le prisme féminin - alors que leurs confrères semblent toujours appartenir à une caste universellement neutre. «Les deux sexes tendent désormais vers une humanité commune, tandis que disparaissent les distinctions artificielles imposées par la société», écrivait Marshall McLuhan. «Dans le changement que subiraient les deux sexes, poursuivait-il, la plupart des hommes auront davantage de chemin à parcourir que la plupart des femmes pour s'adapter à la vie nouvelle.» Les femmes ont parcouru un grand chemin jusqu'ici. On se demande où en sont les hommes dans ce parcours: au début, au milieu...où s'ils arrivent bientôt.» Isabelle Boisclair, Écrire dans l'adversité, Liberté #325.
Fränk Schleck, Le cyclisme dans la peau de Christophe Nadin paru en 2019 aux éditions Saint-Paul. Les biographies se font encore assez rare à Mission encre noire, et le sport restait, somme toute, un sujet relativement inédit et peu abordé. L'occasion était trop belle avec la sortie du splendide premier livre de Christophe Nadin, journaliste au Luxemburg Wort. Fränk Schleck, l'une des figures majeures du sport luxembourgeois qui a dynamisé le rythme des courses du circuit mondial par ses attaques incessantes et son attitude exemplaire. Ayant pris sa retraite de coureur en 2016, après avoir effectué quelques dernières épreuves, dont celles de Québec et Montréal, le champion retourne dans sa ville natale de Mondorf, au milieu des siens pour se consacrer entre autres choses à l'organisation de cyclosportives. Christophe Nadin nous offre une chance inouïe d'approcher un homme unique au sein du peloton, de vibrer au rythme des courses, comme si vous y étiez, de revivre les hauts et les bas d'une carrière qui a enchanté le pays du Luxembourg. Christophe Nadin sait nous tenir en haleine à coup de succulentes anecdotes et de rappels fulgurent de faits de course. Par petites touches et de fréquentes incursions dans l'entourage intime et élargi du coureur cycliste, l'auteur décortique avec talent le phénomène Fränk Schleck. De quoi est fait un champion ? Christophe Nadin est notre invité, ce soir, en différé du Luxembourg, à Mission encre noire.
Extrait:« Fränk, lui, est le fils de Johny, double champion national sur route et fidèle équipier de Jan Janssen et Luis Ocana sur le Tour de France. Fort de sept participations sur la grande boucle, le rouleur de l'équipe Pelforth, puis Bic s'est fendu de six tops 40 avec deux Tops 20 en 1967 et 1970. Fränk a de qui tenir, mais c'est son grand frère qui l'a initié aux joies de la compétition. «J'ai suivi Steve sur une course à Überherrn en Allemagne, car à cette époque, il n'y avait pas encore de courses pour des gamins de mon âge au pays.» Le règne de la débrouille pousse le cadet à empoigner le premier vélo qui lui tombe sous la main. «C'était une sorte de vélo de course, avec des cale-pieds. J'étais en baskets.» Cramponné à la barrière au départ avec les lanières bien serrées sur les chaussures, Fränk s'élance pour deux tours au milieu d'une quinzaine de concurrents. «Et je gagne! Mais je n'osais pas lâcher le guidon, car je ne parvenais pas à sortir des pédales. Je suis tombé sur la ligne d'arrivée en venant rechercher l'écharpe du vainqueur.»