Mission encre noire Tome 27 Chapitre 324. La mort de Roi de Gabrielle Lisa Collard paru en 2019 aux éditions Le Cheval d'août. Avant l'arrivée de Roi, Max était malheureuse. Elle a 19 ans lorsqu'elle récupère ce beau berger allemand de neuf semaines. Un chiot qui lui donne une raison suffisante de vivre: endormir le monstre. Elle y repense alors qu'elle enveloppe les souliers de son premier cadavre dans plusieurs épaisseurs de sacs. Roi est mort depuis. Ça fait trois mois, un matin de décembre. Depuis les mots se bouscule dans sa tête, ses pensées deviennent plus sombres. Si vous saviez le vide qui l'habite, déjà, en balade avec Roi, sous vos fenêtres, le soir tombant, vous auriez senti la bête endormie, là, au bout de la laisse, la main sur son cran d'arrêt. Max haït les gens, leur regard méprisant, même si elle aime les observer, les envahir, les effacer. Roi disparu, Max veut les détruire. Vous êtes désormais une proie. Dans ce premier roman époustouflant Gabrielle Lisa Collard met des mots crus sur vos pulsions faisandées les plus noirs. Derrière le chaos, l'autrice nous offre un roman angoissant et drôle, une histoire d'amour impossible mais sincère envers les autres. Comme depuis Baudelaire l'amour est un crime où l'on ne peut pas se passer d'un complice, Gabrielle Lisa Collard est invitée, ce soir, à Mission encre noire.
Extrait: « J'avais pas idée à quel point ce serait dur de porter un secret aussi lourd. Je me sens aussi seule et tragique qu'une ampoule qui brûle dans une pièce vide, au dernier étage d'une maison abandonnée sur un sommet que personne gravit jamais, dans le pays désert d'un continent mort. Juste seule, à me consumer d'angoisse, d'amour pis d'incompréhension, sans pouvoir en parler à quiconque. J'ai fait des choses que personne doit savoir, et je suis poignée avec. Je vais imploser. Câlisse que j'haïs ça, les sentiments. Je pensais que ça finissait à un moment donné. Mais l'âge adoucit en rien les feels ; il fait juste nous forcer à les vivre seuls.»
Agathe, Anne Cathrine Bomann paru en 2019 aux éditions La Peuplade traduit du danois par Inès Jorgensen. Un psychanalyste en fin de carrière soupire, il ne lui reste plus que 22 semaines avant la retraite. Si ce n'est la rencontre fortuite, forcée par sa secrétaire, madame Surrugue, de cette femme pâle au parfum comme une note épicée. Nous sommes en 1948, Agathe Zimmermann, d'origine allemande, a déjà été hospitalisée pour raison de grande tristesse et d'idées suicidaires en 1935 à Montpellier, en France. Alors que l'ennui et l'âge écrasent de leur poids l'homme vieillissant, il devient évident que cette patiente est différente. L'absence inopinée de sa secrétaire dévouée provoque un grand fracas. Le docteur, livré à lui-même, angoisse devant l'accumulation des dossiers sur son bureau. De façon inattendue, Agathe vient de briser un équilibre dans la routine habituelle du psychanalyste. S'il doute encore du bien-fondé de son exercice de la profession, sans y réfléchir plus avant, il se met à suivre sa patiente. Sous couvert d'une intrigue singulière, deux personnages à la dérive se reconnaissent et s'apprivoisent. À la fois tendre et subtil, ce premier roman réveille un désir de croquer la vie à pleine dent, de profiter du soleil, même si tout le monde sait qu'on ne doit pas mélanger la thérapie et la vraie vie. Nous avons la chance, à Mission encre noire, d'accueillir, ce soir, Inès Jorgensen, la traductrice du roman, pour nous en parler et aborder les enjeux autour de sa traduction.
Extrait: « La neige dévoilait un monde secret de traces de pattes de chien, de bottes et de minuscules pieds d'enfants qui obliquaient vers l'école ou continuaient après la clinique en direction du centre-ville. Dans le cabinet, où la poussière s'entassaient sur les rebords des fenêtres, je menai les premiers entretiens. En mon for intérieur, je maudissais tout ce qui affectait mes patients et contre quoi je ne pouvais rien faire. Il y avait à lutter à la fois contre des conjoints insensibles et des bouteilles de vin cachées derrière les étagères, et que pouvait-on au fond espérer de la thérapie, quand je n'avais que quelques heures par semaine pour reconstruire ce que les patients avaient une vie entière pour détruire?»