Mission encre noire Tome 19 Chapitre 243 Je ne suis pas de ceux qui ont un grand génie de Sévryna Lupien paru en 2017 aux éditions Stanké. Auguste, même s'il s'appelle Victor sur son certificat d'achat, n'aime pas son prénom et encore moins la vie à l'orphelinat de Sainte-Marie-des-Cieux. Plus grave encore, il est persuadé qu'il est arrivé quelque chose de grave à son meilleur ami, Gustave, qui a disparu. S'ensuit une fuite en avant dans la vie pour partir à sa recherche et découvrir le monde...s'il existe ! Lui qui n'avait jamais connu la grande ville, arrive à New York. Il y rencontre une autre famille d'adoption, Georges et Marie, avec qui il va vivre dans des boîtes de carton aux allures de huttes africaines, jusqu'à ce que l'inimaginable survienne...Si le bonheur est une chanson triste comme dit la rengaine, l'imagination peut la rendre parfois tendre, imprévisible, provocante et merveilleuse. Quelle belle surprise que la lecture de ce premier roman, j'ai le plaisir de recevoir, à Mission encre noire,  l'auteure Sévryna Lupien pour en discuter.
Extrait:«J'ai marché vers la gauche parce que j'aime la gauche. À l'orphelinat, on m'interdisait d'utiliser ma main gauche parce que Dieu est contre les gauchers. Une fois, la soeur supérieure m'a surpris à faire mes devoirs sous le lit avec ma main gauche et j'ai eu droit à vingt coups de règle en bois sur la main, Ce jour-là, j'ai compris que Dieu était droitier et qu'à cause de ça nous devions tous l'être. Depuis cet incident, je n'utilisais plus ma main gauche, mais aujourd'hui je sais que Dieu ne me regarde pas.»
Pourvu que ça brûle de Caryl Férey paru en 2017 aux éditions Albin Michel. Zulu, Haka, Utu, Mapuche et Condor, qui n'a pas encore flairé la prose acérée de cet auteur français devenu le fer de lance incontournable de la collection Série noire des éditions Gallimard ? Cet auteur vise «droit dans le soleil» depuis ses débuts. Il sera écrivain ou rien. Caryl Férey vous invite à suivre ses pas dans une autobiographie survoltée. Son speed c'est l'amour, l'amitié, la révolte, une attitude sans compromis ou presque qui prend sa source dans des lectures inspirantes (Kessel, Djian, Ellroy) et la découverte de l'énergie punk rock (Clash, Bowie). Subjugué par un tour du monde initiatique, il se jette sur les routes du voyage, un cuir sur le dos, Fante, Kerouac, Harrison ou Crumley dans les poches. Ce récit enflammé va vous faire «brûler d'une possible fièvre, partir où personne ne part» (Brel), il se lit d'un trait, la rage aux mots comme son auteur. Vous êtes invités des marches du palais au festival de Cannes aux coulisses du brouillon de ses polars, Caryl Férey signe ici, un carnet de route furieux et passionné.
Extrait:«J'ai tendance à agir de la même façon dans la vie, et dans mes romans. Mes personnages s'affinent à mesure que je rencontre leur avatar dans le réel: je ne les quitte jamais. Du moins le temps du livre. Certains surgissent au hasard du voyage, d'autres se construisent petit à petit. Mes héros en particulier. D'abord ébauches, ils deviennent mouvants, mobiles, puis familiers, presque réels. Quand le personnage est réussi, ce n'est plus le cerveau qui dicte les mots, mais les mains. Un moment rare. Une quête.»
L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir de Rosa Montero paru en 2013 aux éditions Métailié. Marie Curie entre dans la vie de Rosa Montero, endeuillée par la perte de son compagnon, alors qu'elle est à rédiger une préface au journal que celle-ci a tenu après la mort de son mari Pierre Curie. Brisées par une commune douleur, les deux femmes entament un dialogue intime qui donne chair, subtilement, à travers les mots, à un récit imprégné d'une profonde humanité. Rosa Montero vous donne à lire un texte sobre et poignant, qui nous révèle des angles inédits autour du portrait d'une femme unique, prix Nobel en 1903 et 1911.
Extrait:«Manya Sklodowska a été poursuivie par sa légende. Le mythe qui existe aujourd'hui autour de sa mémoire, bien qu'énorme, est probablement moins exagéré que celui qu'elle dut supporter de son vivant. Qui plus est, sa célébrité passa par toutes sortes d'avatars: elle fut d'abord considérée comme une sainte, puis une martyre et ensuite une putain, et tout ça de façon ardente et retentissante.»