Mission encre noire Tome 19 Chapitre 245 Infirmes de Yoan Lavoie paru en 2017 aux éditions Triptyque. Martin est handicapé moteur asocial, l'autre, Yoan, dans la dèche, vivote à la recherche d'émotions fortes. Ils se rencontrent dans les couloirs de l'université. Alors qu'il tente d'obtenir un diagnostic de TDAH, Yoan aide Martin dans son périple d'étudiant inadapté. Tout est affaire de handicap ici. Du haut de son vaisseau amiral roulant, fusant à la vitesse de la lumière dans les couloirs, Martin percute l'astéroide Yoan de plein fouet. Entre l'étoile noire du No future de l'un et le sans espoir de l'autre, cette rencontre presque héroique, de deux grandes gueules de la vie, va se sublimer malgré les attitudes et les regards misérabilistes. Dialogues dans ta face, une collection de punchs sales qui déroutent parfois, l'écriture impudique de Yoan Lavoie fait l'effet d'un alcool fort. La justesse du propos sur ces éclopés de la vie ne s'embarrasse pas de fioritures, l'efficacité des situations ne fait pas défaut dans ce premier roman surprenant. Laissez votre pudeur de côté, Mission encre noire accueille Yoan Lavoie en entrevue pour un dialogue téléphonique intersidéral.
Extrait:«C'est grave comme ce gars-là me fait penser à un gars chaud. La mimique, le manque d'articulation, le chambranlement, le radotage...tu lui mets une grosse bière dans la main et l'illusion est parfaite. Il sacre comme un gars de taverne, pue comme un gars de taverne, mange comme un soûlon à 3 heures du matin. Au fond, Martin est un peu comme un vieux chum de brosse. Le genre de vieux chum devant qui on se voit toujours mieux que ce qu'on est pour de vrai.»
La chair de Rosa Montero paru en 2017 aux éditions Métailié. Soledad, soixante ans, se rebelle contre la tyrannie du temps qui passe. Et pourtant, cette éternelle séductrice a tout pour elle: un bel appartement à Madrid, des amitiés qui comptent dans le milieu culturel, un métier valorisant de commissaire des expositions pour la bibliothèque nationale. Sa peau se flétrit, ses conquêtes se conjuguent au passé et pardessus tout son amant la quitte pour une plus jeune et lui fait un enfant. Folle de rage, elle trouve, à ses risques et périls, une parade des plus inédite. La chair goûte le fruit défendu, un roman clair-obscur fait de passion pour la vie, pour les mots/jouir, qui apaisent, séduisent et peuvent faire perdre la tête. L'auteure madrilène nous charme une fois encore avec une écriture épicurienne et succulente dans un thriller érotico-sentimental à croquer avec concupiscence.
Extrait:«Ce n'était pas vrai que cela ne comptait pas pour elle, à quel point Adam était beau, ce corps puissant qui frôlait le miracle. Elle recommençait déjà à se raconter un stupide conte de fées. Soledad, malheureusement, n'aimait que les beaux garçons. Elle voyait parfois dans la rue des couples risibles en train de se câliner. Des types aux fesses tombantes et affreusement bedonnants que leur petites amies contemplaient avec éblouissement, ou bien d'horribles géantes aux pattes gélatineuses auxquelles de minuscules petits amis très aimants se collaient, comme des rémoras accrochés à l'échine d'un cétacé. Soledad les enviait. C'est-à-dire qu'elle enviait leur capacité de résignation. Le portable vibra. Il y avait une réponse:«Quelle joie ton message. J'ai envie de te voir. Quand tu veux.»
Le manifeste des femmes: pour passer de la colère au pouvoir paru en 2015 aux éditions Québec Amérique. Alors que les conservatismes de tout bord, de par le monde, nous menacent d'un avenir qui se conjuguerait au passé compliqué, 16 auteures(s) bouscule l'ordre établi. Une trentaine de pages salutaires à consommer sans modération, un manifeste dont la lecture devrait être obligatoire. Voici un rappel de lecture nécessaire pour apprendre à conduire en terrain accidenté, dans une société qu'il nous tarde à toutes et tous d'humaniser.
Extrait:«Nous sommes nombreuses, nous sommes jeunes et vieilles, autochtones et immigrantes, nous sommes des villes et des villages, d'abord citoyennes. Nous sommes Québécoises et nous exigeons de partager la direction du Québec, nous voulons en inspirer l'avenir et le nourrir à notre façon. Nous en appelons à tous et à toutes, à ceux qui tiennent les rênes des pouvoirs, à celles qui n'osent pas encore lever la voix et la main.»
Serial Krimes de Stéphane Bourgoin paru en 2017 aux éditions Grasset. Un ovni, que ce livre, ni roman, ni essai, ni encyclopédie, 193 assassins et plus de 5700 meurtres, cela peut donner le tournis et faire froid dans le dos. Tout l'intérêt d'un tel ouvrage réside dans la personnalité de son auteur. Témoin malgré lui du meurtre se sa petite amie dans les années 70, Stéphane Bourgoin est devenu une sorte de spécialiste mondial, reconnu, des tueurs en série. Il faut avoir le coeur bien accroché pour approcher ses pages imprégnées d'une réalité brute. Les sériel killers sont un phénomène réel, aussi bien que médiatique. Pour ne pas oublier ce qui les rends humains après tout, ces personnalités cassées que l'on qualifie de monstres, Stéphane Bourgoin a fouillé ses archives pour nous les présenter sans fard.
Extrait:«1er Août 1966: installé au sommet d'une tour qui surplombe l'université du Texas, à Austin, l'étudiant Charles Whitman tue, en une heure et quarante-six mnutes, seize personnes et en blesse quarante autres, avant d'être abattu par la police. Dans une note laissée chez lui, auprès des cadavres de sa mère et de son épouse, Whitman déclare:«Je suis prêt à mourir. Après ma mort, je souhaite qu'on effectue une autopsie de mon corps pour voir si je souffrais de désordres mentaux. La vie ne vaut pas le coup d'être vécue.» Son souhait est exaucé: l'autopsie montre que Whitman possédait une tumeur dans la région de l'hypothalamus du cerveau.»
Publié le par info@choq.ca (Choq.ca)
Les podcasts externes de ce site sont récupérés à partir de liens publics (Feed XML/RSS) qui nous ont été fournis par nos utilisateurs ainsi que des partenaires. Ce podcast m'appartient.