Mission encre noire Tome 29 Chapitre 334. Burgundy de Mélanie Michaud paru en 2020 aux éditions La mèche. Lorsque l'on grandit à Burgundy, il faut savoir rêver à une autre vie, plus belle, «comme une surface en marbre toute polie qui shine». Petite Bourgogne est ce quartier de Montréal situé entre Saint-Henri et Pointe-Saint-Charles. Pour l'autrice, c'est clair, c'est un mauvais souvenir. Et puis, les années 80 et 90, c'était laid, les pires moments de sa vie, la laideur et la violence sont des monnaies courantes, dans la rue comme chez elle. Même s'il y a des limites à camoufler du pas beau, Mélanie Michaud, se saisit de l'écriture, pour raconter son histoire à coeur percé, celle d'un des derniers quartiers populaire de Montréal, celle d'une langue de la rue, celle d'un «air d'aller» qui disparaît. Drôles, glaçants, parfois poignants, ces récits d'une vie maganée sont punchés à souhait et coupants comme la lame d'une femme commando bandée. Je reçois Mélanie Michaud, ce soir, à Mission encre noire. 
Extrait: « J'ignorai pourquoi il ne fallait pas que je devienne une catin, une guidoune, une salope, une pute (ou tout autre synonyme de guédaille), malgré que les hommes aimaient ça. Et que mon bonheur reposait sur la validation de mon corps par les hommes. J'imagine que j'allais comprendre quand j'aurai des seins pis que les hommes m'aimeraient. Ou me désireraient. Ou, je sais pas, tireraient du plaisir de moi ou de mon corps. C'est contradictoire, un couple, on dirait. Je trouvais ça bizarre que personne ne se souciait que ces femmes-là, c'était du vrai monde. La fille était quelqu'un derrière ses gros seins. Les hommes semblaient décider de tout: au gouvernement, dans les maisons, dans les jobs d'adultes pis même par rapport aux femmes pis à ce qu'elles doivent avoir l'air. C'étaient eux, les chanceux, pis nous autres fallait les servir, pas juste avec de la bouffe, mais avec nos sexes pis toutes. Faque il me fallait devenir quoi ? Je ne voulais pas servir un homme, ni avec mes appareils de cuisine ni avec mes appareils reproducteurs. Faque j'ai décidé que j'allais devenir une superhéroïne en string pis que j'allais libérer les guédailles pis les habiller, avec du linge qui ne viendrait pas de l'Armée du Salut. On ressemblerait toutes à Cyndi Lauper, on aurait du fun pis les messieurs pas fins auraient tous peur de nous.»
Comment (et pourquoi) je suis devenue végane par Eve-Marie Gingras avec une préface d'Élise Desaulniers paru en 2020 aux éditions Écosociété. La bédéiste Eve-Marie Gingras nous fait partager son cheminement vers le véganisme alors qu'elle manipule du boeuf haché. Soudainement ce qu'elle tient dans ses mains lui paraît froid et mort. Elle se demande, nauséeuse, QUI, elle a touché et non plus QUOI. Se déroule alors, au fil des pages, une série de réflexions sur notre rapport à l'animal, mais aussi sur des problèmes plus larges de choix de sociétés et de consommation de viande. Richement documenté, cet album s'inspire des expériences concrètes de l'autrice. Loin de verser dans un angélisme buccolique, la narratrice se questionne ainsi sur le bien-être et le droit animal, l'antispécisme, le lien avec le féminisme et la dissonance cognitive, et bien entendu sur le bien-fondé de nos valeurs éthiques. Profondément empathique à l'égard de la cause animale, ce livre est une formidable découverte graphique qui diffuse une information fondamentale, eu égard aux nombreux défis environnementaux qui nous attendent à l'avenir. Eve-Marie Gingras est invitée à Mission encre noire.
Extrait: « Tout ça pour dire que le patriarcat fait vraiment du mal à tout le monde, physiquement et mentalement, en nous cantonnant dans des rôles préétablis, rigides et inconfortables. Il est temps qu'on cesse d'y participer et qu'on passe à autre chose, tout le monde ensemble. Le véganisme ne peut certainement pas régler tous les problèmes auxquels on fait face, mais, comme les autres mouvements progressistes, il contribue efficacement à remettre en questions les discours dominants oppressifs. Ça me plaît ! D'ailleurs, c'est en devenant végane que j'ai pris connaissances de l'ampleur de notre domination sur les êtres animaux. leur sujétion est telle qu'elle nous est souvent invisible, malgré son omniprésence. Elle est dans nos divertissements, nos vêtements, nos cosmétiques, nos produits nettoyants, notre nourriture...Sans que tout cela ne soit nécessaire.»