Mission encre noire Tome 21 chapitre 260 Johnny de Catherine-Ève Groleau paru en 2017 aux éditions Boréal. Valentine veut fuir Ville-Émard, ses usines. Son rêve: devenir dactylo comme toutes ses femmes bien habillées qu'elle observe sur Sainte Cath'. Johnny s'apprête à quitter la misère crasse de la réserve indienne d'Odanak. Il y arrive en se faisant passer pour un italien dans ce Montréal des années 80, les sales boulots de la petite pègre mènent parfois à la prospérité. Valentine, du haut de son estrade de Miss Hot pants, contemple celui qui donnera forme à son destin: Johnny l'attend au bas des marches. Dans ce premier roman, Catherine-Ève Groleau nous présente une histoire d'ascension sociale dans la droite lignée des tragédies classiques. C'est beau comme une chanson populaire, tragique comme le chant des grillons par une journée chaude, où seuls, les lièvres et les perdrix, forcément, succombent aux collets. L'amérique du nord. L'après-guerre. Le rêve américain. Le Québec. Nous recevons, à Mission encre noire, Catherine-Ève Groleau pour en discuter.
Extrait:«Jamais Thérèse n'accepterait qu'une de ses filles passe pour une de celles qui trottaient la nuit sur la Wellington. Valentine décida d'y aller quand même. Pour le concours, elle s'acheta un maillot corseté en coton blanc qui rapetissait sa taille et donnait du galbe à ses seins et qui lui coùta d'aider sa mère à coudre pendant dix longues soirées. Elle s'entraîna à marcher avec ses talons devant Aimée. Ses pieds renversaient. Pour s'habituer, elle les porta sur les deux kilomètres du retour à l'école. C'est un samedi après-midi, dans le square en face de chez Morgan's, à côté de l'estrade où Valentine avait marché, qu'elle vit Johnny pour la première fois.»
Grand fauchage intérieur de Stéphanie Filion paru en 2017 aux éditions Boréal. Laisser filer le temps. Jeanne est photographe, elle observe tout le bleu qui ceinture Beyrouth à travers le hublot. Elle entame un bref séjour au Liban. Sous la chaleur étouffante, Jeanne s'installe dans une autre dimension peuplée d'odeurs, de couleurs et de sons inédits. Julien, de visite pour une compétition de judo, va s'éprendre très vite de cette femme discrète et blessée. Jeanne braque son appareil vers cet Orient mille fois fantasmé, elle y découvre un pays, une culture et une philosophie de vie. Le Ô-uchi-gari, à travers la voix, le corps et le visage de Julien, coupe le cours tragique de sa vie comme la lumière dans le ciel au-dessus de la mer de Marmara. La semaine passe en un jour. Et ce jour passe en une heure. Un texte qui est porté par une magnifique écriture située entre une peinture réaliste et une rêverie éclairée. Nous saisissons au vol l'opportunité de recevoir Stéphanie Filion à Mission encre noire, ce soir.
Extrait:« À Byblos, alors que nous étions au pied des fortifications, près de la mer, dans l'odeur des fleurs sauvages, anémones et coquelicots, qui poussent à même la roche, là où une affichette bleue et rouillée indiquait en arabe et en français «colonnade romaine», l'archéologue s'est penché pour ramasser ce que je croyais être un caillou. Il a mis dans ma main un tesson de poterie. sa forme était arrondie, sa texture rude et poreuse. J'ai pensé à un bout de sein en terre cuite.
Il a dit: prenez, c'est un peu de Byblos avec vous.»
FIL 2017 http://www.festival-fil.qc.ca/2017/