Mission encre noire Tome 29 Chapitre 339. La bienveillance des ours, une correspondance entre François Lévesque et Virginia Pesemapeo Bordeleau paru en 2020 aux éditions du Quartz dans la collection Forêts. Lors d'une première rencontre initiée au salon du livre de l'Outaouais à l'occasion d'une table ronde, les deux interlocuteurs de ce projet de correspondance, originaire de Senneterre en Abitibi-Témiscamingue, ne se doutaient pas encore à quel point, par l'intermédiaire d'un livre, leur retrouvaille, serait si marquante. Car ces, désormais, deux ami.e.s, ne prennent pas cette invitation à la légère. François Lévesque et Virginia Pesemapeo Bordeleau ont beau être né.e.s à des époques différentes et avoir grandi dans le même patelin, ce livre s'ouvre comme la porte d'un magasin général, «un sapin illuminé et des guirlandes de toutes les couleurs dans la vitrine.» Cette correspondance fait du bien, elle se veut accueillante, avec en toile de fond l'écho de ce qui habite les souvenirs , les héritages, leur rapport à l'écriture et bien entendu de pouvoir parler, avec passion, de ce que la vie apporte en général. Malgré le vide qui s'ouvre sous les pas de ceux qui ont le courage d'aborder des thèmes qui font mal, ces confidences partagées à un.e autre comme soi sont un vrai régal. Je reçois, Virginia Pesemapeo Bordeleau et François Lévesque à Mission encre noire, ce soir.
Extrait: « Je me souviens de ce qu'avait dit mon père une dizaine d'année avant sa mort à propos de la dégradation de la planète et, par extension, de la fin de l'humanité. Il avait un côté visionnaire, réfléchissait et lisait beaucoup. Donc il m'avait dit: « Il reste 50 ans avant la fin, si c'est pas la pollution qui tue l'humanité, ce sera un virus, on est rendu tellement pu capables d'endurer un bobo, tu suite un antibiotique!»» (...) « Le soleil de fin d'après-midi inonde la pièce en ce vendredi. Le weekend qui a d'ores et déjà commencé...L'image est idyllique. Et pourtant, j'ai le coeur serré. J'ai peur. Ce coronavirus a transformé notre monde en un de ces films d'horreur dont j'ai dû voir toutes les versions et variations. Ça vient par vagues. Je pratique le télétravail, tout le journal ayant été délocalisé, et l'obligation de me concentrer sur mes sujets durant la semaine m'est bénéfique. Je pense alors moins à ce qui se passe dehors, ou à ce qui pourrait s'y passer.»
Brasiers de Marc Ménard paru en 2020 aux éditions Tête première. Philippe se frotte les yeux pour pouvoir y croire, le retour de son vieux complice tant attendu est devenu réalité. Même diminué par une hépatite C, l'homme garde une rage intacte. 15 années sans donner signe de vie, et pourtant Mora ne faiblit pas, l'heure des comptes est arrivée. Leur ennemi de toujours Hans Wolf a été libéré. C'est une nouvelle chasse à l'homme qui débute. Il faut retourner vers les années 80, à Montréal et à Paris pour comprendre cette colère essentielle qui ronge les deux hommes. Après avoir parcourus l'Europe à la poursuite de néonazis et de leur chef, une chose est sûre, le mal est proche. Enterré au fin fond d'un repère secret en forêt de Lanaudière, un gang d'élite attend son heure pour frapper. La haine peut se répandre comme une traînée de poudre et provoquer une décharge à ciel ouvert. Philippe ne le sait que trop bien. C'est aussi une fièvre dont on peut devenir cruellement dépendant. Marc Ménard compose un suspense haletant, mené par une plume endiablée et des mots au claquement métallique. Il faut bien ça pour pister un fauve sanguinaire, est-ce que cela sera suffisant ? Je reçois Marc Ménard, à Mission encre noire.
Extrait: « La nuit porte conseil, dit-on. Philippe, dont la dernière nuit avait été blanche, ne savait trop que penser de ce dicton. De ses cogitations nocturnes, il n'avait récolté qu'un malaise prégnant, un sentiment de culpabilité aigu. Madeleine avait raison: toute cette histoire était ridicule. Oui, il se sentait redevable à Mora d'un dernier coup de main, et oui, le désir de vengeance le taraudait. Il n'en demeurait pas moins un père de famille, pour être plus précis. Avant de quitter la maison, à l'aube, il avait quand même pris le temps de déposer un baiser sur le front de ses enfants, de leur ébouriffer les cheveux, de leur dire que papa partait en voyage et qu'il serait de retour dans deux ou trois jours. Promis. Une promesse qu'il comptait tenir. Les enfants s'étaient aussitôt rendormis, avec l'insouciance que seule l'enfance autorise, et Philippe s'était retrouvé en tête-à-tête avec ses remords.»