Mission encre noire Tome 24 Chapitre 294. Thelma, Louise & Moi de Martine Delvaux paru en 2018 aux éditions Héliotrope. Le 24 mai 1991, Thelma & Louise sort en salle, Martine Delvaux fonds en larmes à la fin du film. La salle est vide. Son amie C. est assise sur le fauteuil à côté. La Thunderbird est figée au-dessus du Grand Canyon, encore et encore. Un arrêt sur image qui en dit long. B.B. King se lamente, lui aussi, Better not to look down. Visage défait, l'une et l'autre s'installent dans un restaurant du coin. On passe certainement Smells like Teen spirit ou l'Amour est sans pitié de Jean Leloup. L'autrice est en détresse. Ce film, quelque part, lui annonce un avenir plutôt sombre. Comment vivre dans ce monde qui menace tant les femmes ? Thelma & Louise a marqué sa vie, il y a 25 ans. Le film de Ridley Scott sur un scénario de Callie Khouri s'impose comme l'acte inaugural de changements profonds dans son quotidien et dans son envie d'écriture. Le futur sera féminin ou rien. Martine Delvaux part sur le pouce, en cavale, à la suite de Susan Sarandon et Geena Davies et intercalle des bouts d'elle, de sa vie au générique de son livre. Louise lui a laissé les clefs de la Thunderbird 1966 vert bouteille sur le volant, Thelma vous offre la place du passager, Martine Delvaux chauffe à Mission encre noire, elle vous parle d'amour, de féminisme, d'écriture et de votre/notre monde. Elle est notre invitée. 
Extrait: «Je ne sais pas où va ce livre, mais ce que je sais, c'est que, même si c'est difficile, je me sens bien que quand je suis avec lui, assise devant l'écran comme Thelma et Louise devant les paysages grandioses du Nouveau-Mexique, entourées de rochers rouges escarpés, arbustes, poussières, amarante, escaliers de pierre sur fond de nuages blancs. Je ne suis bien qu'avec elles et dans les bras du film.»
La maison mère d'Alexandre Soublière paru en 2018 aux éditions Boréal collection Liberté grande. L'auteur comme son père est beauceron, sa mère est originaire d'Ottawa. Tiraillé entre deux langues, il ne se sent vraiment chez lui, qu'au chalet familial, le juste milieu en quelque sorte. Pour raison professionnelle, il s'installe à Vancouver, après la parution de Charlotte before christ et Amanita Rosa. Pourtant Montréal lui manque. Pourquoi donc ? Tout en refusant de prendre position, Alexandre Soublière tient à son indépendance, ce départ va être l'occasion pour lui de questionner le lien qui unit sa génération à la culture canadienne-française des coureurs des bois. Qu'est-ce que cela veut dire être québécois aujourd'hui ? Saisi, comme par un coup vicieux de Jiu-jitsu, bien placé, page 82, l'auteur joint le geste à la parole, il confronte ses idées au fil d'une fiction invraisemblable. La province est plongée dans une panne de courant générale. Montréal se mue en un monde post-apocalyptique peuplé de rescapés et de rôdeurs. Essai ou fiction ? Le livre fait déjà couler beaucoup d'encre sur les réseaux sociaux. Alexandre Soublière est notre invité à Mission encre noire.
Extrait: «À la lumière de ces réflexions et de ces lectures, une question me vient à l'esprit: si le français venait à disparaître au Québec demain matin, que nous resterait-il comme culture? La langue est importante pour nous, certes, mais le fait d'avoir bâti toute notre raison d'être autour d,elle a fait que nous avons peut-être négligé ce qui l'entoure. Le français devrait être autour d'elle a fait que nous avons peut-être une forteresse qui protège et solidifie notre culture, sans en être nécessairement le coeur. D'ailleurs, le fait que nous ayons été si centrés sur la langue au cours de notre courte histoire a probablement contribué à affaiblir cette même langue. Je m'explique: prenez un Québécois au hasard et demandez-lui de décrire les aspects spécifiques de son identité qui le distinguent du reste de l'Amérique du Nord, ou de la planète, sans avoir le droit de nommer la langue. Je serais prêt à parier qu'il ne saura pas quoi dire.»