Mission encre noire Tome 20 Chapitre 258 C'est la dernière émission de la saison. Avant de vous retrouver à la rentrée en septembre, voici un épisode des plus fourni. A broken Hallelujah Rock and roll, rédemption et vie de Leonard Cohen de Liel Leibovitz paru en 2017 aux éditions Allia. Leonard Cohen occupe une place à part dans le panthéon Montréalais. Liel Leibovitz vous propose une lecture décalée de l'artiste, aussi éloignée de la simple biographie que possible. Né d'une famille juive canadienne, Leonard Cohen est un voyageur qui embrassera la poésie de Garcia Lorca, l'érotisme, le judaïsme et le boudhisme zen dans une quête de sens perpétuelle. Ce livre est habité de toute part, il vous immerge dans plusieurs époques aux côtés de nombreux artistes, par le moyen d'extraits de textes choisis et d'archives personnelles du chanteur/poète/romancier. L'entreprise séduit. Non content de tenir un magnifique objet, vous partagerez les émotions et les réflexions d'un homme qui aura marqué de son empreinte plusieurs générations. Ce livre se respire, s'écoute et se rejoue à volonté.
Extrait:«Il existe une autre histoire bien plus vraisemblable, sans sexe celle-ci, mais liée à Bob Dylan. Un jour de 1965, Cohen découvre le jeune poète juif, de près de dix ans son cadet, et il est fasciné par ses textes énigmatiques et habités. Pendant l'entretien qu'il accorde à Adrienne Clarkson, il prend le temps de citer sans raison particulière un vers de «Mr Tambourine Man», dans lequel Dylan parle de se fondre dans son propre cortège. Lorsqu'il se rend à une réunion de poètes canadiens, bien arrosée, une semaine après le jour de l'an 1966, il n'a que Dylan à la bouche.»
Équateur d'Antonin Varenne paru en 2017 aux éditions Albin Michel. Équateur n'est pas une suite, cependant, Peter Ferguson est un personnage échappé du roman Trois mille chevaux vapeur paru en 2014 chez Albin Michel. Nous sommes en 1871, la guerre de Sécession vient de s'achever. Pete est en fuite vers le sud. Il a incendié un bureau du Land Office au Nebraska, tué un homme au Nevada, il se retrouve au milieu de chasseurs de bisons, il y trouvera une destination: l'Équateur. Parmi les Comancheros, sur la frontière mexicaine, il rencontrera l'amour et un destin à suivre. Truands, dictateurs, révolutionnaires, marins, amérindiens, mercenaires, sont des compagnons de première main pour partager ce récit de voyage qu'il consigne soigneusement dans un carnet avant de se le faire tatouer sur le corps. L'amazonie souillera d'humidité vos pages trop blanches, tandis que l'aridité du Nevada vous déssèchera le gosier. Équateur est une formidable odyssée poétique.
Extrait:«Le temps. Quand les Espagnols sont arrivés, la vallée était déjà désertée et en ruine. Les Xincas vivaient en petites communautés dans la région et parlaient une langue qui n'était pas celle des grands Mayas. On a pensé qu'ils étaient les derniers représentants de cette civilisation mais au fond personne n'en sait rien. Peut-être n'étaient-ils qu'une caste de guerriers dans cet empire, qui avec leur religion ont aujourd'hui oublié l'art de la guerre. Maria est la seule chose à laquelle ils croient qui ne soit pas un souvenir déformé, la fille d'un chef devenu une légende, leur dernier lien avec le passé.»
J'ai été Johnny Thunders de Carlos Zanon paru en 2016 aux éditions Asphalte.Frankie de son vrai nom Francis revient vivre chez son père. Obèse et dépendant aux drogues dures, Francis ne se remet que difficilement de ses années d'excès dans le milieu du rock des nuits barcelonaises. Il était le roi courtisé des ruelles sombres et mal fréquentées. Il vivra son état de grâce en jouant aux côtés de l'ex star déchue des New York Dolls. Vingt ans plus tard, il est fauché et cherche à se refaire pour payer les pensions alimentaires en retard pour ses enfants. Son passé trouble finira par le rattraper. Carlos Zanon se fait chroniqueur des quartiers mal chaussés de la capitale catalane et nous offre un regard sur le rock et un monde qui refuse encore de s'uniformiser.
Extrait:«Heron city est un petit îlot de commerces, de loisirs et de multiplexes situé en bordure de la Meridiana, une voie rapide à la sortie de Barcelone. On y trouve un parking gratuit sur trois niveaux, des cinémas, un McDonald's, une salle de sport, des pizzerias et, à l'extérieur, un Corte Inglès, peu fréquenté. C'est un centre commercial familial qui se remplit le week-end grâce aux habitants des quartiers de Horta, de Guineueta et de Sagrera. Mais un mardi à quatre heures du matin, c'est le silence total, à peine interrompu par les voitures qui vont et viennent au loin, sur la Meridiana. Les commerces sont fermés, certaines vitrines lancent une lumière zénithale verdâtre, avec leurs portables sport - du miel pour les abeilles.
«Il sont toujours à la bourre» dit Alex.
Francis croit apercevoir un vigile à l'autre bout du parvis du centre commercial.
«Pas de problème. Emn fait, y'en a deux. Y'en a un qui fait les gros yeux et l'autre, tout dépend sur qui on tombe, il peut décider de nous prendre la tête ou pas. Mais bon, on fait rien de mal. On est là, on fume une clope, c'est tout. Y'a pas de lézard». »
Petite soeur la mort de William Gay paru en 2017 aux éditions du Seuil. Vous qui affectionnez les livres d'horreur, celui-ci tombe à pic. Encouragé par son éditeur pour stimuler son inspiration, David Binder part installer sa famille, sa femme enceinte et sa petite fille, dans une maison reculée, sur une ancienne plantation, au Tennessee, à Beale Station. Une maison qui a la réputation d'être hantée ! Un fantôme cruel y sévirait depuis le début du XIX ème siècle. Rapidement des phénomènes paranormaux se manifestent. Enfermé dans son besoin d'écrire David domine sa peur. Est-ce qu'il serait envoûté par le lieu ? Ce conte terrifiant nous fait remonter le cours du temps et des évènements des décennies auparavant. Alors que l'été du Sud s'étire, chaud et serein, que les épis s'allongent et durcissent, sous les nuits douces et humides, les rires d'ivrognes et les éclats des habitants paraissent aussi rauques et absurdes que des cris de corbeaux ou de harpies. Préparez-vous à glisser sur les pentes savonneuses de l'angoisse.
Extrait:«C'était une grande bâtisse blanc-gris qui se dressait devant le décor vert et noir des collines luxuriantes de l'été, haute et couverte d'ardoise, majestueuse et aussi, pensa aussitôt Binder, profondément maléfique. Elle lui inspira soudain deux envies contradictoires: prendre la fuite pour regagner Chicago, et profiter de la paix qu'intuitivement il était sûr de trouver entre ses murs. Cette demeure possédait un aspect intemporel qui semblait capable d'atténuer toutes les difficultés qu'il pourrait rencontrer. L'espace d'une brève illumination, il comprit qu'elle était moins intéressante qu'il ne l'avait espéré et, en même temps, infiniment plus.» 
 
Nous vous souhaitons un bon été ! Bonne lecture !