Mission encre noire Tome 19 Chapitre 247 Le Tsar de Peshawar de Mario Bolduc paru en 2017 aux éditions Libre Expression dans la collection Expression Noire. «Nous sommes acteurs et spectateurs dans l'arène/Stupéfaits de nos actes et de l'action du monde/petits jouets entre les mains du temps/Sur l'air qu'un autre joue, nous dansons.» Le roman s'ouvre sur cette citation du dernier grand poète classique perse, Khalilullah Khalili, né dans la région de Kaboul. Nous sommes en 1980 du côté d'Islamabad, au Pakistan. Malgré les réticences de sa femme Joan, il embarque toute sa famille, avec pour objectif: devenir le meilleur fournisseur d'Oriental Rugs & Carpets, le champion rabatteur de l'Asie centrale. Depuis l'invasion russe, la région bouillonne, y affluent des réfugiés, des intellectuels, des politiques, des marchands d'arme, des espions...Tenez-vous prêt pour une fresque qui couvre 40 ans d'histoire, en passant par la chute du régime mis en place par les russes, l'attentat du 11 septembre, le djihad d'Oussama Ben Laden...Mario Bolduc quitte un instant son héros vedette, l'escroc Max O' Brien, pour mettre en lumière un angle inédit de ces années tragiques, alors que le destin du monde s'apprête à négocier un virage des plus délicat. Mario Bolduc est l'invité de Mission encre noire pour nous en dévoiler plus.
Extrait:«Depuis trois ans, grâce aux réfugiés afghans, les choses se sont améliorées pour mon père. Les tapis de Peshawar prennent le chemin de Karachi, puis de Montréal de façon régulière, Richard accompagnant parfois un chargement, histoire de s'assurer que la cargaison ne soit pas détournée en cours de route. Ce qui n'arrive jamais, mon père n'ayant pas cessé de soigner ses contacts politiques à Islamabad, et à Karachi, surtout. Des relations privilégiées qui lui coûtent cher, mais le résultat en vaut la peine. Oriental Rugs & Carpets a renoué avec le profit, Travis jubile, Frank aussi, même s'il a horreur d'admettre que la prospérité de l'entreprise dépend en grande partie de ce casse-cou du commerce, de ce beau-frère intrépide qui s'est imposé à l'autre bout du monde en pleine guerre civile.»
Punir, une passion contemporaine de Didier Fassin paru en 2017 aux éditions du Seuil. Qu'est-ce que punir? Pourquoi punit-on? Qui punit-on? Le lien entre crimes et châtiment connaît beaucoup d'exception à travers le temps. À travers de nombreux exemples, cet essai ambitieux puise ses réflexions à la source de la philosophie morale et de la théorie juridique. Après dix ans de recherche, Didier Fassin s'efforce de saisir les fondements de l'acte de punir dans nos sociétés modernes. Très accessible, cette enquête s'appuie sur plusieurs études de cas pour proposer une salutaire révision des préceptes qui nourrissent notre vision de la justice et repenser la place du châtiment dans le monde contemporain.
Extrait:«Punition ou vengeance? Les philosophes ont depuis longtemps essayé de les opposer, jugeant celle-ci mauvaise et illégitime, celle-là bonne et légitime. Déjà, Thomas d'Aquin considérait que la distinction entre les deux résidait dans l'intention de celui qui corrige la faute:« si son intention se porte principalement sur le mal de celui dont il se venge», c'est qu'il en tire du plaisir, et donc la rétorsion est illicite; «mais si l'intention se porte sur un bien que doit procurer le châtiment», qu'il s'agisse de l'amendement du coupable ou de la sécurité des autres, alors la rétorsion est licite.»
Un pont sur la brume de Kij Johnson paru en 2016 aux éditions Le Bélial. Entre Fantasy et conte fantastique, laissez-vous envoûter par les volutes délicates et menaçantes de la brume et d'un texte aux propriétés autant poétiques que magiques. Kit Meinem d'Atyar est l'architecte d'un pont qui doit relier les deux rives d'un monde étrange. Une zone de brume corrosive, mystérieuse, instable et sinistre régule la traversée. On glisse, on flotte, on dérive comme dans un rêve dans cette remarquable novella qui narre la construction du pont sur cinq ans. À l'instar des tragédies grecques, la menace n'est jamais loin, celle des géants, celle des poissons brumes et peut-être aussi celle des hommes. Kij Johnson vous réserve quelques délicieux frissons. Ce texte fabuleux, entre magie et superstition, impose une plume sinueuse et subtile dont on devrait reparler. Une superbe première traduction de l'oeuvre de Kij Johnson pour les éditions Le Bélial.
Extrait:«Rasali ramait moins qu'elle ne barrait. Dans toutes les directions, on n'y voyait guère, mais peut-être la brume lui parlait-elle pour de bon, car la pilote semblait savoir d'instinct comment placer le bateau pour que l'élément le fasse avancer. Elle suivit une petite vallée jusqu'à ce qu'elle s'aplatisse, puis forme une nouvelle butte. La traversée s'inclina en glissant à babord sur quelques dizaines de centimètres. La courrière émit un petit bruit qu'elle étouffa aussitôt. Le terme de «brume» convenait mal ; le matériau se révélait beaucoup plus dense qu'on pouvait l'imaginer, et le bateau paraissait se déplacer davantage à sa surface qu'en son sein.»