durée : 00:04:16 - Tubes N' Co - par : Rebecca Manzoni, Ilinca Negulesco - La chanson "In between days" est écrite et composée par Robert Smith et c'est le premier extrait de l'album "The Head on the Door". En 1985, ce titre permet au groupe The Cure de véritablement se faire connaître dans le monde entier.
Nous étions en 1986 et on pensait vivre le zénith de la rébellion. Parce qu'on défilait dans la rue en gueulant le slogan : "Devaquet au piquet !".
Devaquet c'était le Blanquer de l'époque. Il proposait une énième réforme de l'éducation nationale dont on ne comprenait pas tout mais une chose était sûre : on était contre. Et c'était bon.
Cette chanson de The Cure était diffusée à toc pendant les manifs
C'était la bande son de notre connivence. La bande son de notre élan.
L'intro du morceau durait longtemps. Et ça ne faisait qu'attiser l'excitation de l'attente. L'attente de cette mélodie, là, à fredonner.
Dans la presse, on parlait de Curemania. Nous avions 13-14 ans et les boomers n'avaient rien compris, évidemment.
Cette chanson "In between days" est sortie quelques mois avant notre indignation. En 1985, donc.
Cette année-là, on apprenait qu'une star hollywoodienne du nom de Rock Hudson était morte du sida. On ignorait qui c'était mais on flippait. Les chiffres du chômage étaient partout.
Alors au milieu de ce champ de ruines vers qui se tourner pour célébrer nos adolescences ?
Peter et Sloane ? Numéro 1 avec "Besoin de rien envie de toi". Philippe Lavil ? Qui chantait "elle préfère l'amour en mer".
En deux mots : La purge.
Mais il y avait eux : The Cure
Des Anglais venus de Crawley, un bled pas beau, comme le nôtre, et inventeurs d'une musique que si peu de choses reliaient au passé de papa et maman.
Robert Smith, auteur, compositeur, interprète y fait touloulou et ça nous aurait suffi.
Du texte on ne chopait que 2-3 mots comme "Without you" - sans toi -, donc ça parlait d'un chagrin d'amour. On découvrirait plus tard que cette chanson commençait par ces mots :
Hier, j'ai tellement vieilli, que c'était comme si je pouvais mourir.
En 1965, donc 20 ans plus tôt exactement, le groupe The Who gueulait au contraire : "j'aimerais mourir avant d'être vieux."
En deux chansons que deux décennies séparent, on a le condensé de ce que le monde est devenu.
Au milieu des années 1960, la jeunesse est puissante et rebelle. 20 ans plus tard, elle se sent déjà vieille et abattue.
Qu'à cela ne tienne. Avec The Cure, les gamins allaient célébrer le désenchantement. Et même qu'on danserait dessus.
"In Between Days" figure sur l'album "The Head on the door" et pour le groupe, c'est une renaissance.
Leurs disques précédents les avaient menés au bord de l'explosion et tout droit dans les drogues et l'alcool.
Tout ça n'était pas totalement terminé mais le groupe sera désormais connu dans le monde entier et le personnage de Robert Smith s'imposera en icône pop avec ses cheveux en pétard et son rouge à lèvres qui déborde.
Nos pères levaient les yeux au ciel devant, je cite "cette dégaine de pas possible".
Ces chansons étaient pourtant l'asile idéal pour nos cours chamboulés. - réalisé par : Khoï NGUYEN