Le début du XXe siècle traverse une « crise de l’apprentissage ». D’un côté certains patrons affirment qu’« un ouvrier maçon n’a pas besoin de connaître la géographie », de l’autre le monde syndicale dénonce une exploitation des enfants alors que leur grande majorité intègre le monde du travail à la sortie de l’école, alors obligatoire jusqu’à l’âge de 13 ans. Comment doit être organisée la formation au travail de la jeunesse ? L’apprentissage, encore conçu comme une relation assez traditionnelle de maître à apprenti, peut-il répondre aux défis du temps : l’extension du domaine de la scolarité, l’affirmation de la relation salariale et l’innovation technique avec l’essor du machinisme ? L’État est attendu dans son rôle de régulation, et c’est ainsi qu’en 1919, la loi relative à l’organisation de l’enseignement technique industriel et commercial, dite loi Astier, est votée. Alors, quelles furent les conditions de sa rédaction ? Comment s’est organisée la formation au travail au cours du XXe siècle ? Quel fut l’impact de cette loi sur l’extension de la scolarité et son allongement ? Doit-on parler d’enseignement technique, d’enseignement industriel et commercial, d’enseignement vocationnel ou d’apprentissage ?

L’invité : Stéphane Lembré est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Lille, chercheur au CREHS de l’université d’Artois. Ses recherches portent sur l’histoire de l’éducation et l'histoire du travail au XXe siècle. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment d'une Histoire de l’enseignement technique (La Découverte, 2016) et vient de publier Une formation au travail pour tous ? La loi Astier, un projet pour le XXe siècle, aux éditions Classique Garnier (416 pages, 35 €).