Anna de Noailles, née Ana-Elisaveta Bibescu Basarab Brâncoveanu, est une poétesse et une romancière française d'origine roumaine, née à Paris le 15 novembre 1876 et morte dans la même ville le 30 avril 1933.

Née au 22, boulevard de La Tour-Maubourg à Paris, dans une richissime famille de la noblesse roumaine, Anna est la fille d'un expatrié roumain âgé de 50 ans, le boyard Grigore Bibescu Basarab Brâncoveanu lui-même fils du prince valaque Gheorghe Bibescu et de la princesse Zoe Basarab-Brâncoveanu issue de la dynastie des Craiovescu.

Sa mère, plus jeune de 21 ans que son mari, est une pianiste phanariote d'origine romaniote née à Constantinople : Raluca Moussouros, roumanisation et hellénisation de Rachel Moshor, à qui Paderewski a dédié nombre de ses compositions.

Avec son frère aîné Constantin et sa sœur cadette Hélène, Anna mène une vie privilégiée

La poésie d'Anna de Noailles portera plus tard témoignage de sa préférence pour la beauté tranquille et l'exubérance de la nature, alors encore sauvage, des bords du lac, contrastant avec l'environnement urbain dans lequel elle passera la suite de sa vie.

Le 17 août 1897 Anne-Élisabeth5, devient Anna de Noailles en épousant à l'âge de 19 ans le comte Mathieu de Noailles (1873-1942), quatrième fils du septième duc de Noailles. Le couple, qui fait partie de la haute société parisienne de l'époque, aura un fils, le comte Anne Jules (1900-1979), qui, d'Hélène de Wendel (fille de Guy de Wendel et de Catherine Argyropoulos) aura un fils unique, Gilles (1934-1979), mort sans enfants peu avant son père.

Anna de Noailles fut la muse et entretint une liaison avec Henri Franck normalien et poète patriote proche de Maurice Barrès, frère de Lisette de Brinon et cousin d'Emmanuel Berl, mort de tuberculose en 1912.


En 1909, Charles Demange tombe amoureux d'Anna de Noailles, qu'il a connue par son oncle. Pour Anna, qui veut se venger de Barrès, c'est un flirt qui finit mal8 : Charles se suicide en août 1909, laissant la lettre suivante pour Anna9 :


« Je me tue.


Je vous ai follement aimée. Votre amitié était le mieux que je puisse rencontrer sur terre.

Merci – et merci à mon oncle qui m’a fait vous connaître. »

Elle fut rendue responsable du suicide du jeune neveu de Maurice Barrès qui s'était pris pour elle d'une passion à sens unique.


Au début du xxe siècle, son salon de l'avenue Hoche attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque parmi lesquels Edmond Rostand, Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide, Maurice Barrès, René Benjamin, Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean Cocteau, Léon Daudet, Pierre Loti, Paul Hervieu, l'abbé Mugnier ou encore Max Jacob, Robert Vallery-Radot et François Mauriac. C'est également une amie de Georges Clemenceau.


Le 12 avril 1921, elle enregistre J'écris pour que le jour et Jeunesse aux Archives de la Parole, documents sonores conservés à la Bibliothèque nationale de France et écoutables sur Gallica10. Dans les années 1925, elle fréquente le salon littéraire du docteur Henri Le Savoureux et de son épouse avec d'autres personnalités comme l'abbé Arthur Mugnier, prêtre catholique mondain confesseur du Tout-Paris, ainsi que la princesse et femme de lettres Marthe Bibesco, cousine d'Anna, Berenice Abbott, Henri de Régnier, Julien Benda, Édouard Herriot, Antoine de Saint-Exupéry, Jean Fautrier,Vladimir Jankélévitch, Paul Morand, Jean Paulhan, René Pleven, Francis Ponge, Jacques Audibert, Claude Sernet, Marc Bernard, Gaëtan Gatian de Clérambault, Paul Valéry, Jules Supervielle et Marc Chagall.


Elle meurt à 56 ans en 1933 dans son appartement du 40, rue Scheffer (avant 1910, elle habitait au 109, avenue Henri-Martin11,12) et est inhumée à Paris au cimetière du Père-Lachaise, mais son cœur repose dans l'urne placée au centre du temple du parc de son ancien domaine d'Amphion-les-Bains.