On ne peut pas dire que le sol, plus exactement le sous-sol, ait bonne réputation. C’est un endroit qui renferme nos déchets, ainsi que les gaz de l’atmosphère en cours de transformation, comme l’azote et l’oxygène. La couleur foncée du sol ne plaide pas non plus en sa faveur, alors qu’elle n’est que le fait de la décomposition de sa matière organique, c’est-à-dire des feuilles, des animaux, des morceaux de caillou ou de bois, des particules de limon ou d’argile… Le sol et le sous-sol sont des milieux en perpétuel mouvement écologique.

Il y a une vraie vie sous la terre. Elle est un peu moins dense que sous la mer. Il n’empêche que sous nos pieds, se déroule un tas d’activités physiques et chimiques. Plus de 70 % des microbes qui sont issus de la terre viennent de ses entrailles. Pour un hectare de terre de chez nous, on recense cinq tonnes de bactéries et de champignons, cinq tonnes de racines et une tonne et demie d’animaux. Le dessous de la terre, comme le dessous de la mer, est un bouillon de culture. C’est de ce bouillon, donc de la vie sous la terre, dont nous parlons dans ce numéro et le suivant. Durant ces deux épisodes, nous serons en compagnie de deux spécialistes du milieu sous terrain : Marc-André Selosse, biologiste et professeur au Muséum national d’histoires naturelles de Paris ; et Michel Winein, membre de la commission nationale environnement au sein de la Fédération française de spéléologie. Je suis Sébastien Chauveau. Bonne écoute.