Premier projet sorti entièrement de l’imagination de Doria Tillier – qui interprète également l’héroïne éponyme - Iris est une série magique, dont la légèreté apparente cache en réalité une profondeur touchante sur les difficultés de dépasser des lignes quand la normalité est de mise. Et c’est tout le problème l'héroïne, spécialiste des soliloques très francs destinés à dénoncer les absurdités de la vie et les concessions aberrantes auxquelles les gens sont prêts à s’abaisser pour éviter les désaccords. Un comportement authentique qui engendre des situations tour à tour drôles, touchantes ou cruelles qui font réfléchir sur les conséquences d’un trop-plein d’honnêteté. Série particulièrement rafraîchissante, Iris est une fiction made in Canal+ qui va droit au cœur.

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Iris, « entre pragmatisme et légère démence »

C’est un François Morel absolument brillant dans le rôle de Tom, un peintre taciturne qui se présente comme le pendant idéal d’Iris, qui prononce ces mots à l’héroïne pour décrire son comportement inhabituel, certes, mais qui ne le laisse pas indifférent. Avec cette série originale estampillée Canal+, récompensée comme Meilleure Série de 26’ au Festival de la Fiction de La Rochelle 2024, Doria Tillier, aux manettes de la création, de l’écriture et de la réalisation (à quatre mains avec Jean-Baptiste Pouilloux) et qui joue également le rôle principal, parvient à allier une comédie aux situations profondément cocasses, voire burlesques, à une réflexion sociétale sur le traitement sévère réservé aux êtres originaux. Iris ne fait rien contre les autres, mais elle le fait avec une sincérité désarmante qui déstabilise ses interlocuteurs, dans le meilleur des cas, les irritent dans le pire. Mais au cours des six épisodes qui nous permettent d’entrer dans l’univers de la jeune femme, on va la voir mettre un peu d’eau dans son vin et apprendre à lâcher du lest sur les choses bénignes. Et c’est ce qui rend le personnage si attachant. Iris dit tout ce qu’elle pense, certes, mais lorsqu’elle se trouve face à des arguments valables, elle ne s’obstine pas, elle sort de ses retranchements et pondère ses positions.

Ainsi, à travers Iris, Doria Tillier a su façonner une héroïne tout en relief, fuyant les clichés et les banalités du quotidien. Des tribulations particulièrement jouissives que la jeune femme vit, entourée d’un casting inspiré. Un condensé de talents qui laisse pourtant l’espace nécessaire à chacun de donner vie, là encore, à des personnages atypiques. Nous avons déjà cité François Morel, mais son interprétation tout en sensibilité de Tom mérite au moins un deuxième passage. On notera aussi la prestation de l’excellente Anaïde Rozam (qui se distinguait déjà dans la série Culte), dans le rôle de Daphné, cousine quelque peu irascible d’Iris et journaliste très fan de sa propre personne, prête à tout pour passer à l’antenne. De Jeanne Balibar, qui joue l’éditrice patiente et compréhensive d’Iris, capable également de gérer les sorties de route de son directeur, Manuel (interprété par un Denis Podalydès très en forme) à Pascale Arbillot, dans le rôle de la collègue et amie indéfectible de l’héroïne, Iris – la série – a su mettre la cerise sur un gâteau scénaristique, délicieux de dialogues (« sachez que la gêne est bilatérale ») d’intelligence et de sensibilité.

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Les six épisodes de 26 minutes d’Iris sont à retrouver à partir du 25 novembre sur Canal+ tous les lundis à partir de 22h à raison de deux épisodes par semaine et dans leur intégralité sur myCANAL.