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C dans l'air du 26 juin - Attal, Bardella, Bompard : qui a gagné le débat ?

A cinq jours du premier tour des élections législatives anticipées, Gabriel Attal pour le camp présidentiel, Jordan Bardella pour le Rassemblement national et Manuel Bompard (LFI) en porte-parole du Nouveau Front populaire se sont retrouvés hier soir pour un premier débat télévisé sur TF1. Pouvoir d’achat, retraites, fiscalité, école, nationalité… Chacun a défendu pendant deux heures le programme de son camp politique devant 5, 5 millions de Français, à coup de promesses, de chiffres et de vifs échanges.

Débutant sur la question pouvoir d’achat, l’eurodéputé RN a défendu sa mesure phare, la baisse immédiate de 20 à 5,5 % du taux de TVA appliqué sur les énergies – gaz, électricité, carburants, fioul – pour des Français. Le Premier ministre a déploré son coût qu'il estime à 17 milliards d'euros par an, contre 12 milliards d'euros selon le parti Lepéniste. "Ce que le RN vous donnerait d'une main, il vous le reprendrait de l'autre", a-t-il ironisé. Le coordinateur de La France insoumise a, lui, répliqué en rappelant que la baisse de la TVA dans la restauration avait été faite par Nicolas Sarkozy mais n’avait eu aucun effet sur le pouvoir d'achat. Il a ensuite précisé la mesure défendue par le nouveau Front populaire de bloquer les prix d'un certain nombre de produits de première nécessité, comme c’est déjà le cas à La Réunion. Ou encore l'augmentation du smic à 1.600 euros. "Un emploi sur six va être supprimé", lui a lancé Gabriel Attal. Manuel Bompard a rétorqué en citant l’exemple de l’Espagne, où des emplois ont été créés après l’augmentation du Smic.

Sur les impôts, le président du RN a proposé la mise en place d’une exonération d’impôts pour les moins de 30 ans. Une annonce "totalement hors-sol" pour l’actuel Premier ministre "Pourquoi est-ce qu’un ouvrier de 31 ans paierait des impôts, mais un consultant ou un trader de 29 ans arrêterait de payer des impôts ?", l’a-t-il interrogé. Le chef du gouvernement a également donné des exemples très concrets de jeunes concernés par cette réforme fiscale comme le footballeur Kylian Mbappé ou encore la personne de… Jordan Bardella. "Vous allez vous auto-exonérer d’impôts ?", lui a asséné Gabriel Attal. Face à lui, le président du RN a mis en avant le risque d’émigration des jeunes talents et assuré qu’il "assumait ce choix budgétaire" et "assumait de décréter la paix fiscale".

Autre passe d’armes sur les retraites. Le président du Rassemblement national a réaffirmé "sa priorité" sur les carrières longues, avec un âge de départ légal à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans. Il a aussi redit "qu’au-delà, il y aura une progressivité", avec "un âge pivot de 62 ans et de 42 annuités" pour partir à la retraite à taux plein. Ainsi si son parti remporte une majorité aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, une personne qui a commencé à travailler à 24 ans, partira à la retraite "avec 42 annuités de cotisation, c'est-à-dire 66 ans" a-t-il expliqué. Une sortie qui n’a pas manqué de faire réagir ses opposants depuis hier soir.

Dans cette dernière ligne droite, la question des programmes est au centre des échanges mais également l’avenir de la nation et de la Ve République. Beaucoup - à l’image du président du Sénat Gérard Larcher ou du ministre de l’Economie Bruno Le Maire - mettent en garde contre le risque d'une "crise de régime" et alors que les résultats du premier tour pourraient être marqués par de nombreuses triangulaires, la question du retrait est désormais posée aux formations politiques face au risque de voir l’extrême droite d’obtenir un maximum de sièges à l’Assemblée nationale.

Ainsi du côté des écologistes, Marine Tondellier a pris la plume pour expliquer dans une lettre publique qu’au second tour, ils se retireront chaque fois qu’ils arriveront troisième et qu’un candidat du Rassemblement national (RN) est en mesure de l’emporter face à un candidat portant les valeurs républicaines. La secrétaire nationale d’Europe Écologie-les Verts (EELV) a également demandé à rencontrer les chefs de la majorité présidentielle, Édouard Philippe (Horizons), Stéphane Séjourné (Renaissance), François Bayrou (Modem), Hervé Marseille (UDI) afin de s’assurer que le "barrage républicain sera bien en place le soir du premier tour et que chacune des forces politiques qui se présentent comme républicaines y prennent toute leur part".

Parallèlement, 200 personnalités de la gauche et du centre, telles que le patron du PS Olivier Faure, l’ancien ministre macroniste Clément Beaune, l’ex-dirigeant de la CFDT Laurent Berger ou encore l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, ont signé une tribune pour demander un accord de désistement entre les deux tours afin de faire échouer le RN aux élections législatives.

LES EXPERTS :

- JERÔME JAFFRÉ - Politologue, chercheur associé au CEVIPOF
- GUILLAUME DARET - Chef adjoint du service politique de France Télévisions
- SOAZIG QUÉMÉNER - Rédactrice en chef – La Tribune Dimanche
- GAËL SLIMAN - Président et cofondateur – Institut de sondages Odoxa