C dans l'air du 8 février - Bayrou : le tonton flingueur

François Bayrou n’entrera pas au gouvernement. C’est lui qui l’a annoncé hier en fin de journée, après son entretien avec Gabriel Attal, à Matignon. "Le Premier ministre m’a proposé le ministère des Armées, mais la défense est le secteur qui, dans la politique française, se porte le mieux à mes yeux", a-t-il indiqué dans une déclaration à l’Agence France-Presse. "Il y avait deux domaines qui me paraissaient mériter un engagement plein : le ministère de l’Education, qui connaît aujourd’hui une crise de confiance qui vient de loin et que je croyais que l’on pouvait corriger. Mais de nombreuses discussions m’ont fait conclure à une différence d’approche sur la méthode à suivre qui me paraît rédhibitoire", a expliqué le maire de Pau. L’autre domaine étant "le gouffre qui s’est creusé entre la province et Paris". Mais, "sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d’entrer au gouvernement" a précisé le président du Modem.

Plus tard dans la soirée, devant ses troupes réunies au ministère de l’Agriculture dirigé par le centriste Marc Fesneau, le Béarnais a dénoncé "une démarche d’humiliation qu’on nous impose", et la question de la participation de son parti au gouvernement a été débattue.
Un mois après la nomination de Gabriel Attal à Matignon, et alors que la seconde vague du remaniement se fait toujours attendre, les négociations se sont visiblement mal passées avec François Bayrou qui dénonce des désaccords de fond avec l’exécutif, n’hésitant pas parler de «gouvernement RPR», trop parisien, déconnecté. Une façon de viser le nouveau Premier ministre qui poursuit ce jeudi les discussions pour compléter son équipe, en recevant le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand.

Mais la stratégie adoptée par le maire de Pau est aujourd’hui contestée par plusieurs membres du Modem. Dans un communiqué, le parlementaire des Hauts-de-Seine Jean-Louis Bourlanges a accusé François Bayrou d'"affaiblir" le parti centriste qui compte 51 députés. Ce dernier, de son côté, a assuré ce jeudi matin sur France Info que le Modem est bien membre "à part entière" de la majorité pour "reconstruire le pays". Et cet après-midi, le parquet a fait savoir qu’il faisait appel de la relaxe du patron du Modem dans l’affaire des assistants parlementaires. De quoi semer un peu plus le trouble au sein du camp présidentiel, après les tensions autour de la loi immigration, la crise agricole, et alors que les profits records de Total en 2023 – 21,4 milliards de dollars – relancent le débat sur la répartition des richesses.

 Alors quelle est la stratégie de François Bayrou et du Modem ? Pourquoi Xavier Bertrand rencontre-t-il ce jeudi Gabriel Attal ? Qui pourrait rentrer au gouvernement ?  Et pour mener quelle politique ?

LES EXPERTS :

- Bruno JEUDY - Directeur délégué et éditorialiste - La Tribune Dimanche
- Alix BOUILHAGUET - Éditorialiste politique – France Télévisions
- Laure SALVAING - Directrice générale de l’Institut de sondage Verian
- Mathieu SOUQUIÈRE - Politologue, expert associé auprès de la Fondation Jean Jaurès

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