C dans l'air du 28 février - Biden peut-il encore arrêter Trump ?

Joe Biden et Donald Trump ont remporté mardi 27 février les primaires de leur parti dans le Michigan, état pivot appelé à jouer un rôle crucial dans la présidentielle du 5 novembre prochain. Pour le président démocrate comme pour son prédécesseur républicain, l’investiture ne fait plus guère de doute, mais les résultats de ce vote confirment aussi les faiblesses de chacun des deux candidats, en vue du duel annoncé.

Joe Biden a ainsi remporté sans surprise la primaire dans le Michigan avec 79 % des voix, devant son seul rival, Dean Philips qui n'obtient que 2,8 % des suffrages. Mais c’est un autre chiffre qui retient l’attention : les 14.8 % de bulletins blancs ("uncommitted"), déposés par les électeurs en signe d'opposition à sa politique de soutien à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza. Un mouvement de protestation contre la politique de l'administration Biden au Proche-Orient qui englobe des pans entiers de l'aile gauche du parti et des jeunes. Or, si ces électeurs venaient à manquer au candidat démocrate en novembre, leur absence serait lourde de conséquences pour Joe Biden dont l’âge, 81 ans, suscite également toujours des interrogations dans son camp et des critiques de son rival, âgé de 77 ans.

De son côté, Donald Trump, avec 66 % des suffrages, devance de plus de vingt points Nikki Haley, sa dernière rivale républicaine encore dans la course des primaires. Cette nouvelle victoire dans le Michigan confirme la domination de l'ancien président sur le parti républicain. Mais le score de Haley, qui rassemble encore 29 % des voix, vient rappeler que plus d'un quart des électeurs républicains ne veut pas d'une nouvelle candidature de Trump. Même si une partie d’entre eux devraient finir par se rallier, des voix conservatrices pourraient faire défaut au milliardaire en novembre prochain. Un Donald trump, archifavori des primaires républicaines, mais qui n’en a néanmoins pas fini avec ses très nombreuses affaires judicaires. Fraudes financières, diffamation, recel de documents, émeutes au Capitole du 6 janvier... l’ancien président des États-Unis fait face à 91 accusations criminelles dans quatre juridictions différentes. Il vient d’ailleurs d’être condamné à 355 millions de dollars d'amendes pour fraudes financières au sein de son empire immobilier, et est interdit de diriger des entreprises dans l'Etat de New York pendant trois ans. Il comparaîtra aussi  à partir du 25 mars prochain à New York dans l'affaire des paiements versés à une star du X nommée Stephanie Clifford. Donald Trump est accusé d'avoir maquillé les comptes de son entreprise pour dissimuler le versement de 130.000 dollars, afin qu'elle garde le silence à propos d'une relation présumée en 2006, lorsqu'il était déjà marié avec Melania Trump. Il a aussitôt dénoncé "une façon de (lui) nuire dans l'élection" et réclamé "des délais" pour cette comparution.

D’ici là, l'affrontement entre Biden et Trump se poursuit et se concentre déjà sur plusieurs sujets : l’Immigration, l'aide aux efforts de guerre de l'Ukraine et d'Israël, l’avortement ou encore le wokisme qui divise plus que jamais la société américaine. De la censure de manuels scolaires jugés trop «woke» au rétropédalage sur les mesures de discrimination positive au sein des universités américaines en passant par la question du genre, les débats sont légion et polarisent l’opposition entre les deux camps politiques. Dans ce contexte, l’organisation conservatrice les Moms for Liberty qui revendique environ 120 000 membres dans tout le pays, est courtisée par les républicains qui redoutent que la chanteuse Taylor Swift, au faîte de sa gloire, n’apporte son soutien au président Biden.

Alors Joe Biden peut-il l’emporter sur Donald Trump ? Qui sont les Moms for Liberty courtisées par Donald Trump ? Taylor Swift peut-elle faire basculer l’élection présidentielle américaine ?

LES EXPERTS :

- CORENTIN SELLIN - Historien, spécialiste des États-Unis, chroniqueur - Les Jours
 - ALAIN BAUER - Professeur au CNAM, conservatoire national des arts et métiers, auteur de Au commencement était la guerre
 - ANNE TOULOUSE - Journaliste franco-américaine, auteure de L’art de trumper
- AMY GREENE - Enseignante-chercheur à Sciences Po Paris, spécialiste de la vie politique américaine et la politique étrangère