C dans l'air du 15 octobre - Budget : cacophonie au gouvernement 

Revalorisation des pensions de retraite reportée, hausse de la taxe sur l'électricité, augmentation du malus automobile, postes de fonctionnaires supprimés… Le budget 2025, porté par le nouveau gouvernement de Michel Barnier, dévoilé jeudi dernier, doit être débattu dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale à partir du lundi 21 octobre. Mais il rencontre déjà une certaine hostilité dans l’opposition ainsi qu’au sein de même du gouvernement.

Certains ministres tout juste nommés ont manifesté leur désaccord, à commencer par le garde des Sceaux Didier Migaud, qui a prévenu lundi qu’il ne resterait pas au gouvernement si le budget de la justice n’était pas amélioré. D’autres ont affiché leur opposition à une augmentation de la fiscalité sur le gaz, engendrant une certaine cacophonie. Ainsi la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher a prôné vendredi, pour une taxe sur le gaz plutôt que sur l’électricité, mais a été désavouée le lendemain par son confrère de Bercy, Laurent Saint-Martin, venu de la même famille politique.

Des divergences qui ont éclaté au grand jour au sein de l’équipe gouvernementale mais aussi au sein des partis qui composent la coalition gouvernementale. L’ancien ministre des Comptes publics Gérald Darmanin s’est une nouvelle fois opposé à toute hausse d'impôts dimanche au journal de 20 heures de France 2, quelques jours après que les députés Renaissance ont présenté, sous la direction de Gabriel Attal, un "contre budget" à celui des ministres – macronistes – Laurent Saint-Martin (budget) et Antoine Armand (économie). 

Autre point qui n’a pas manqué de diviser le camp présidentiel : l’annonce dimanche par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, une macroniste, d’une nouvelle loi "immigration" dont l’examen pourrait démarrer dès "début 2025" au Parlement. "On a adopté une loi il y a moins d’un an sur l’immigration, avec des mesures dont certaines ne sont pas encore en vigueur puisque les décrets ne sont pas encore sortis", a fait remarquer Gabriel Attal sur France Inter. "Faire une loi pour une loi, ça n’a pas de sens", a ajouté l’ancien Premier ministre, jugeant le projet "pas prioritaire". "Cette annonce est une provocation", a estimé, de son côté, Stéphane Travert, député (Renaissance) de la Manche dans les colonnes du Monde, rappelant que le projet de loi de 2023, durci par LR, comprenait des dispositifs visant à systématiser la préférence nationale qui avaient été largement rejetés par le Conseil constitutionnel. 

"On a un gouvernement (…) qui nous refourgue une loi immigration comme gage à l’extrême droite. Tout ça est cousu de fil blanc", a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure alors que du côté du RN on exulte. Marine Le Pen avait fait de l’absence d’une nouvelle loi sur l’immigration une "ligne rouge" qui pourrait déclencher une censure du gouvernement. "Plus rien ne peut se faire sans nous au Parlement" s’est félicité ce lundi sur BFM Jordan Bardella, assurant "attendre" ce nouveau texte "avec impatience".

D’ici là, le calendrier va s’accélérer au Parlement : la commission des finances de l’Assemblée nationale va examiner le budget 2025 à partir de ce mercredi. Le même jour, sera présenté par le Rassemblement national son "contre-budget", a fait savoir samedi sur franceinfo le député frontiste Thomas Ménagé, estimant que "des lignes rouges très claires" ont été franchies, avec la taxe sur l’électricité, la baisse du remboursement des consultations médicales, mais aussi la potentielle augmentation de fiscalité sur le gaz. 

Parallèlement, l’Elysée, l’Assemblée nationale et le Sénat ont indiqué ce mardi qu’ils renonçaient à une hausse de leurs dotations, prévue dans le projet de budget, pour "donner l’exemple". De son côté, le Premier ministre a réuni mardi matin les responsables de sa majorité relative à Matignon. 

Les experts :

- Jérôme JAFFRÉ - Politologue - Chercheur associé au CEVIPOF
- Nathalie SAINT-CRICQ - Éditorialiste politique - France Télévisions
- Valérie GAS - Cheffe du service politique - RFI 
- Céline BRACQ - Directrice générale et co-fondatrice de l'institut d'études Odoxa 

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