C dans l'air du 28 décembre 2023 - Consommation : les Français ont fait leur révolution

L'année 2023 a été marquée par une évolution de la consommation des ménages. C'est que les Français ont dû s'adapter à une très forte inflation alimentaire. Les prix de l'alimentation accusent en effet encore une hausse de 7,7 % en novembre.
Les Français ont donc tout fait pour limiter leurs dépenses. Ainsi, la consommation alimentaire a enregistré un nouveau repli. En 2022, il était déjà de 3,5 % comparé à 2021. Une enquête menée par l’Ifop en juin dernier indiquait que 58 % des Français ont réduit leurs dépenses alimentaires en 2023, proportion qui a doublé par rapport à la crise de 2008.
Pour contenir leur budget, les consommateur s’orientent également de plus en plus vers les marques de distributeurs. Elles représentent jusqu’à +5 % pour certaines enseignes. Ils ont aussi réduit leurs achats de viande et de poisson. Ce sont ainsi près de 9 millions de foyers qui ne consomment plus de viande. Sa consommation globale a chuté de 2 %. Quant à la poissonnerie, elle s’effondre de 12 %. Une étude Opinionway révèle par ailleurs que 53 % des Français mangent moins de fruits et légumes qu’avant.

L'année 2023 a aussi vu l'hécatombe se poursuivre pour de nombreuses enseignes françaises. Le tribunal de commerce de Bobigny a ainsi annoncé aujourd'hui le placement en liquidation judiciaire d’Habitat, sans maintien de l’activité. Moins de dix jours après son placement en redressement, l’entreprise d’ameublement, qui emploie près de 400 salariés et compte 25 magasins, est la dernière d'une série qui n'en finit pas.
Le 6 septembre dernier, c'est Naf Naf qui était placée en redressement judiciaire par le même tribunal. L'entreprise emploie 660 salariés en France et détient 135 magasins. Une nouvelle marque de vêtements qui s'effondre. Et la liste est très longue. Camaïeu et San Marina ont disparu. Kookai, Kaporal, Don’t call me Jennyfer ou encore Burton sont en redressement judiciaire. Chez Pimkie, des postes ont été supprimés.
Nos enseignes n’ont ni su faire face à la déferlante de H&M et Zara, il y a quelques années, ni à celle de Primark ou de Shein aujourd'hui. En cause, leur retard à développer une offre numérique consistante et l'attrait croissant pour les achats de seconde main.

Dans ce contexte de forte pression sur le pouvoir d'achat depuis maintenant deux ans, les vols à l'étalage ont fortement progressé. Les chiffres du ministère de l'Intérieur, montrent une augmentation de plus de 14% en 2022. Ce sont près de 42 000 délits de la sorte qui ont été recensés par la police et la gendarmerie cette année-là. Ce phénomène représente en moyenne un manque à gagner équivalent à 2 % du chiffre d’affaires. Il pousse, de plus en plus, commerçants et grandes enseignes à réagir.

Comment les courses alimentaires des Français ont-elles évolué ?
Comment arrêter l'hécatombe des enseignes françaises ?
Le nombre de vols à l'étalage va-t-il continuer à augmenter dans ce contexte de forte inflation ?

NOS EXPERTS :
- FANNY GUINOCHET - Éditorialiste - France Info et « La Tribune » - Spécialiste des questions économiques et sociales
- THOMAS PORCHER - Économiste - Membre des « Économistes Atterrés »
- JEAN-LAURENT CASSELY - Essayiste - Auteur de « La France sous nos yeux »
- OLIVIA DETROYAT - Journaliste économique - « Le Figaro » - Spécialiste de la grande distribution