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C dans l'air du 3 juin - Dette: la France sanctionnée...bientôt l'austérité ?

C’est un coup de semonce en pleine campagne des européennes. Après des mois de suspense, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a finalement abaissé la note de la dette française, de AA à AA −. C’est la première fois depuis 2013 que S&P dégrade la note souveraine française, mais la deuxième en un peu plus d’un an que l’une des trois agences de notation la sanctionne, après Fitch, en avril 2023. Une rétrogradation qui n’aura pour l’heure que peu d’effets sur les conditions de financement du pays, mais qui bouscule l’exécutif à quelques jours du scrutin des européennes et suscite une avalanche de réactions des oppositions.

"Voilà où nous mène la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron/Le Maire !" a écrit sur X Eric Ciotti tandis que la présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse s'est indignée : "Ils ont cramé la caisse, et maintenant ? À quand le courage de la bonne gestion et une remise en ordre dans nos comptes ?". "La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu'arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d'impôts, de déficit et de dettes", a dénoncé sur X la cheffe des députés du Rassemblement national Marine Le Pen. De son côté, le président LFI de la commission des Finances de l'Assemblée nationale Eric Coquerel a estimé qu’"il ne fait aucun doute que le gouvernement va se servir de cette décision pour justifier de nouvelles coupes budgétaires". "Les seuls résultats à attendre seront la dégradation de nos services publics et la réduction de nos moyens pour répondre aux urgences climatiques et sociales", a-t-il ajouté.

À l’Assemblée nationale, le gouvernement affronte ce lundi deux motions de censure déposées par le RN et LFI pour protester contre les coupes budgétaires de l’éxécutif par décret au mois de février, sans soumettre un projet de loi de finances rectificative au Parlement. Cosignée par les communistes et des écologistes, celle de La France Insoumise fustige "une austérité sans précédent", "insupportable sur le plan social et inefficace sur le plan budgétaire", après les dix milliards d’euros de crédits pour 2024 déjà gelés en raison du dérapage du déficit. La gauche dénonce également le "surgel de dix milliards d’euros supplémentaires" que le gouvernement cherche à "annuler avant la fin de l’année".

"Notre stratégie reste la même : réindustrialiser, atteindre le plein-emploi et tenir notre trajectoire pour revenir sous les 3 % de déficit en 2027 », a déclaré Bruno Le Maire au journal Le Parisien. "La raison principale de cette dégradation, c'est que nous avons sauvé l'économie française", a-t-il affirmé, évoquant les dépenses de soutien de l'économie pendant la crise du Covid. Ce qui n’a pas manqué de faire vivement réagir les oppositions et de relancer les appels à sa démission. Sept ans après son arrivée à la tête de Bercy, un record, le ministre de l’Economie croit en son bilan. Et s’il reconnaît "une erreur sur l'évaluation des remontées fiscales" - elles ont été 21 milliards d'euros plus faibles que prévu par l’exécutif - Bruno Le Maire ne veut pas changer de ligne et exclut toujours toute "augmentation d’impôts" en 2025, au grand dam de la gauche, qui réclame de taxer les "ultrariches" et les "superprofits" des entreprises. Le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a indiqué, pour sa part à l’AFP, que "cette révision de la note de la dette française par S&P ne (faisait) que traduire un impératif que nous connaissons déjà : celui de poursuivre le rétablissement de nos finances publiques".

Après avoir tenté de faire profil bas ces dernières semaines sur ce sujet, l'exécutif va devoir accélérer dans sa quête d'économies budgétaires forcément impopulaires. Le projet de loi de finances pour 2025 aura sans doute besoin de 20 à 25 milliards d’euros d'économies pour être bouclé, dans un contexte où le gouvernement est menacé de motions de censure à l'Assemblée nationale par tous les bancs de l'opposition. Les débats s’annoncent très agités.

Alors que signifie cette nouvelle dégradation de la note de la dette française ? Quelles conséquences pour la France et les Français ? Comment rétablir les comptes publics ? Qui va payer ? Bruno Le Maire doit-il démissionner ? Que prévoit l'exécutif ? Que proposent le RN, LR et la gauche ? 

Les experts :
- Guillaume DARET - Grand reporter au service politique à France Télévisions
- Gaëlle MACKE - Directrice déléguée de la rédaction du magazine Challenges
- Nathalie MAURET - Journaliste politique pour le groupe de presse régionale Ebra
- Mathieu PLANE - Economiste,  directeur adjoint à l'OFCE, l’Observatoire français des conjonctures économiques