C dans l'air du 2 avril 2024 - Émile : tellement de zones d'ombre...

Les découvertes s'enchaînent, mais le mystère demeure entier. Qu'est-il arrivé au petit Émile Soleil, 2 ans et demi lors de sa disparition le 8 juillet 2023 au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) ? Hier, le procureur de la République d'Aix-en-Provence a déclaré lors d'une conférence de presse que des vêtements du petit garçon, à savoir un tee-shirt, des chaussures et une culotte ont été retrouvés lundi 1er avril le long d’un ruisseau à proximité du hameau. Deux jours plus tôt, c'était une randonneuse qui trouvait son crâne, 150 mètres plus haut sur le chemin. Ces nouveaux éléments ont été envoyés au centre de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale à Pontoise (Val-d’Oise) pour des analyses. Les gendarmes sont-ils passés à côté de la dépouille du petit garçon lors des premières fouilles en juillet ? Impossible à dire, selon le procureur : "Entre la chute de l’enfant, l’homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plus qu’une autre. Ce n’est satisfaisant pour personne […] mais nos impatiences respectives ne sauraient nous imposer des conclusions hâtives". Les gendarmes continuent aujourd'hui à arpenter la zone, et ce "le temps qu’il faudra".

En Vendée, Michel Pialle avait d'abord signalé la disparition de sa femme, Karine Esquivillon, à la gendarmerie le 27 mars, avant d'avouer l'avoir tuée d'un coup de fusil accidentel. Lors de sa déposition à la gendarmerie, il avait signalé que sa femme était partie avec "sa carte bancaire, une somme de 14 000 euros en espèces, des pièces d’or pour une valeur de 30 000 euros et un sac d’effets personnels", expliquant qu'elle avait quitté "volontairement" le domicile familial. Mais les enfants et la sœur de la quinquagénaire doutaient de cette version. Il a fallu attendre trois mois pour que l'homme finisse par avouer son crime en garde à vue. Avant lui, Jonathann Daval avait aussi donné l'alerte aux gendarmes lors de la disparition de sa femme, avant d'avouer après de multiples revirements qu'il l'avait tuée intentionnellement.

Son procès, qui s'est tenu devant la cour d’assises de la Haute-Saône en novembre 2020, a été hypermédiatisé. Il faut dire que les Français se passionnent pour ces affaires judiciaires aux multiples rebondissements. Le succès des séries télévisées policières en témoignent, à l'image de HPI (11 millions de téléspectateurs) ou de Sambre (3,2 millions par épisode). D'autres, comme Les Experts ou NCIS, n'hésitent pas à caricaturer les méthodes de police scientifique pour les besoins du scénario, au risque de dénaturer la réalité. "Pour un profil ADN même urgent, il faut compter au mieux 24h", et pas 30 secondes, "pour les empreintes papillaires, on y arrive en 1h30, du prélèvement à l’identification si l’individu est fiché", expliquait notamment au journal 20 Minutes Patrick Rouger, l’ancien directeur de la police technique et scientifique du SRPJ de Toulouse.

Qu'a-t-il bien pu arriver au petit Émile ? Que peut-on espérer des analyses de vêtements retrouvés ? Les tueurs sont-ils aussi des manipulateurs ? Et les techniques scientifiques montrées dans les séries policières sont-elles vraiment réalistes ?

LES EXPERTS :
- LAURENT VALDIGUIÉ - Journaliste - Marianne
- VALENTINE ARAMA - Journaliste justice - Le Point
- MARIE-LAURE PEZANT - Porte-parole de la gendarmerie nationale
- JACQUES DALLEST - Procureur Général honoraire, auteur de "Cold Cases, un magistrat enquête"