C dans l'air du 10 février - Judith Godrèche : les terribles accusations

Les révélations sordides sur le cinéma français se multiplient cette semaine. Ce jeudi, l'actrice Judith Godrèche, 51 ans, a accusé le cinéaste Benoît Jacquot de viol. Elle a tout révélé lors d'une interview sur France inter, lors de laquelle elle était venue parler de la relation d'emprise qu'elle avait le réalisateur aujourd'hui âgé de 77 ans. L'actrice a déposé plainte mardi auprès de la Brigade de répression des mineurs pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans » commis par personne ayant autorité, selon le journal Le Monde.

Mais les révélations de Judith Godrèche ne s'arrêtent pas là. Elles éclaboussent aussi Jacques Doillon, 79 ans. Le réalisateur est visé depuis jeudi par une plainte pour viol une nouvelle fois déposée par l'actrice Judith Godrèche qui avait 14 ans aux moments des faits qu'elle dénonce. "Sur le tournage, c’était hallucinant. Il a engagé un acteur (…), il l’a viré et il s’est mis à la place. Tout à coup, il décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi. On fait quarante-cinq prises. J’enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote et il me roule des pelles", a-t-elle raconté sur France inter. L’enquête préliminaire, ouverte mercredi par le parquet de Paris, regroupera donc les accusations de l'actrice contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Au même moment, Ana Mouglalis et Isild Le Besco, accusent également le second d'agression sexuelle et d'harcèlement.

Le mouvement #MeToo, initié en 2017 avec les accusations de viol contre le producteur américain Harvey Weinstein, dont a d'ailleurs été victime Judith Godrèche, continue d'éclabousser les célébrités françaises. Ces derniers jours, c'est au tour du psychanalyste français Gérard Miller, d'être accusé par 41 femmes d'agressions sexuelles et viols commis depuis les années 1990, d'après une enquête du magazine Elle.

En France, la vague #MeToo questionne toutes les générations, notamment les plus jeunes. Comment sensibiliser les adolescents à l'éducation sexuelle, dans un pays où l'âge moyen de la première exposition à une image pornographique est de 10 ans ? Pour les enseignants, le sujet est devenu un véritable enjeu de santé publique. Depuis quelques années, des ateliers sont mis en place dans les collèges et lycées pour expliquer aux élèves la question du consentement ou les différences entre viol et agression sexuelle.

Du côté des violences faites aux femmes, on note quelques progrès. La France a connu une diminution de de 20 % en 2023, passant de 118 en 2022 à 94 l'année dernière. « Après l’extension des téléphones grave danger et des bracelets antirapprochement, on peut espérer que notre lutte sera encore plus efficace », s'était félicité le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, en janvier dernier. Mercredi, une femme a justement été sauvée de justesse grâce à son téléphone grave danger en actionnant le dispositif alors que son ex-mari s'était rendu à sa porte, muni d'une arme à feu. Prévenus à temps, les policiers ont pu se rendre au domicile de la victime en quatre minutes avant de neutraliser l'homme de 26 ans, déjà condamné pour violences conjugales à l'encontre d'une autre femme. Mis en place en 2009 en Seine-Saint-Denis, puis généralisé à l'ensemble de l'hexagone en 2014, le téléphone grave danger a été distribué à 5 500 personnes en 2023.

Une nouvelle vague #MeToo va-t-elle balayer le cinéma français ? Comment mieux sensibiliser les nouvelles générations à la question des violences sexuelles ? Les femmes victimes de violences conjugales sont-elles mieux protégées ces dernières années ?

LES EXPERTS :

- Laurence ROSSIGNOL - Sénatrice PS du Val-de-Marne, ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes
- Ava DJAMSHIDI - Rédactrice en chef - Elle Magazine
- Justine ATLAN - Directrice générale - Association e-Enfance
- Isabelle STEYER - Avocate au barreau de Paris, spécialiste des violences conjugales