C dans l'air du 3 février : Normes, bureaucratie... le coup de balai ?

« La folie des normes ». Depuis le début de leur mouvement, les agriculteurs dénoncent les normes qui les accablent et les contrôles à répétition qu'ils subissent sur leurs exploitations. Un ras-le-bol qui semble avoir été entendu par le gouvernement. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a assuré hier mettre fin à la surtransposition des normes européennes, tandis que son ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé la mise sur « pause» du plan Ecophyto.

Le plan Ecophyto, qui vise depuis 2008 à réduire de 50% l'utilisation des produits phytopharmaceutiques en 10 ans, s'est déjà vu plusieurs fois modifié, faute d'objectifs atteignables. Avec sa mise en pause, certains élus de gauche craignent la possibilité d'un bond en arrière. « Le mouvement des agriculteurs revendiquait des revenus décents, le gouvernement répond par un droit à polluer », s'indigne, sur X, le socialiste Olivier Faure. « On est dans un moment d’anéantissement de la biodiversité et le gouvernement présente les normes environnementales comme de la tracasserie administrative ! », déplore de son côté députée écologiste, Sandrine Rousseau.

Autre point de mécontentement agricole : la filière bio qui, depuis 2 ans, traverse de nombreuses turbulences, entre la baisse de la consommation bio, la baisse des prix, les aléas climatiques, et la concurrence de nouveaux labels. Si certains restent optimistes, d'autres abandonnent pour revenir aux produits phytosanitaires. Pour répondre à cette difficulté, le Premier Ministre Gabriel Attal a prévu une aide d'urgence de 50 millions d'euros pour l'agriculture biologique. Une enveloppe jugée insuffisante par beaucoup.

Il y aurait-il un deux poids, deux mesures concernant les normes ? C'est que qu'insinue une enquête récente du Monde et de Radio France concernant certains industriels d'eau en bouteille. Au moins un tiers des marques françaises utiliseraient en effet des traitements interdits par la réglementation. Des pratiques que le gouvernement aurait tenté de gérer « avec la plus grande discrétion » au lieu d'en informer la Commission européenne.

Alors, Gabriel Attal a-il cédé sur l'environnement pour éteindre la colère agricole ? Comment le gouvernement peut-il sauver la filière bio ? Les normes sont-elle réellement respectées par les industriels ?

LES EXPERTS :

Frédéric Denhez - Journaliste Spécialiste des questions environnementales, chroniqueur à Marianne

- Audrey Goutard - Grand reporter, spécialiste des faits de société à France Télévisions

- Emilie Torgemen - Journaliste chargée des questions d'environnement au Parisien-Aujourd'hui en France 

- Nicolas Bouzou - Economiste, directeur et fondateur du cabinet de conseil Asterès