C dans l'air du 25 avril 2024 -  Russie, Chine... qui veut torpiller les européennes ?

A l’approche des élections européennes de juin, les cas d’ingérence étrangère présumée s’accumulent. Lundi, une nouvelle affaire impliquant l’assistant du député européen allemand Maximilian Krah, figure du parti d’extrême droite allemand AfD, a secoué la dernière session plénière du Parlement. L’homme, Jian G., a été arrêté à Dresde, dans l’Est de l’Allemagne, et son domicile a été perquisitionné. Il est accusé d’avoir espionné des opposants chinois en Allemagne et d’avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois, a expliqué le parquet dans un communiqué.

Le mois dernier, les autorités tchèques et belges ont découvert ce qu’elles considèrent comme un réseau de propagande russe qui compte plusieurs députés européens parmi ses bénéficiaires financiers dont de nombreuses figures de l’extrême droite. Parmi elles, figurerait la tête de liste de l’AfD aux élections européennes Maximilian Krah. Le groupe des Verts au Parlement européen a demandé une enquête rapide sur les ingérences étrangères au sein de l'institution. "Avec un "Chinagate" qui s'ajoute à un "Russiagate", le Parlement européen doit accélérer son enquête", a indiqué le groupe, réclamant que des résultats préliminaires soient publiés avant les élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin.

Des ingérences étrangères qui sont prises très au sérieux en Europe et notamment en France. Cyberattaques, corruption, fausses informations... Le pays est particulièrement ciblé par la Russie et la Chine. Ces dernières semaines, il y a par exemple eu un faux site de recrutement de l'armée usurpe l'identité de l'armée française pour demander aux Français de s'engager en Ukraine, ou encore une vidéo faussement attribuée à la radio RFI, évoquant une épidémie de tuberculose à cause de soldats ukrainiens dans des hôpitaux français. Dernièrement, c'est le candidat du PS Raphaël Glucksmann qui a été victime d'une intox relayée par des comptes liées à la Chine. Autant de fake news susceptibles de perturber les élections à laquelle l’exécutif entend s’attaquer. 

Le ministre chargé de l'Europe Jean-Noël Barrot a ainsi présenté ce mercredi son dispositif pour lutter contre la désinformation. Le gouvernement veut que les réseaux sociaux "déviralisent", c'est-à-dire restreignent la diffusion, voire suppriment rapidement des contenus faux concernant la campagne, notamment lors de la période de réserve, très sensible qui commence le vendredi soir à minuit, qui précédera le vote. 

"Nous devons augmenter notre capacité à lutter contre les ingérences et la propagande, en particulier en ces temps électoraux" a déclaré ce jeudi le chef de l’Etat dans un discours sur l’UE prononcé à la Sorbonne. À six semaines des élections européennes, le président de la République a défendu une Europe qu'il veut "plus souveraine et plus puissante". Pour cela, Emmanuel Macron entend bien "influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin et propose de bâtir une "défense européenne crédible", de "construire l’Europe de l’atome" et d’inscrire dans les traités "la préférence européenne" dans "la défense et le spatial". Et, alors que la campagne de la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer, patine, loin derrière la liste du RN menée par Jordan Bardella, le chef de l’Etat a affirmé : "L’Europe n’est pas un guichet dans lequel on accepte en quelque sorte de choisir les principes, ajoutant d’un ton grave : "Notre Europe aujourd’hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix".

LES EXPERTS :

- JEAN-DOMINIQUE GIULIANI - Président de la Fondation Robert Schuman
- JADE GRANDIN DE L’EPREVIER - Correspondante permanente à Bruxelles –  L’opinion 
- ISABELLE LASSERRE - Correspondante diplomatique - Le Figaro
- GUILLAUME DARET - Chef adjoint du service politique de France Télévision