Si je remonte à mes premiers souvenirs, la mort m’a d’abord intrigué. j’étais d’abord convaincue qu’elle était si stupide qu’elle se contrerait en ne cessant jamais de dormir, manger, boire, il n’y avait pas de raison pour qu’une machine qui jusque là fonctionne, cesse de battre son rythme.Il n’y avait pas de raison pour que le temps, cette simple succession de secondes y change quelque chose. Cela impliquait des phénomènes physiques trop invraisemblables. Et puis je croyais aux histoires, aux légendes, et je pensais à cette idée de l’âme qui vit qlq part ensuite.
Oui la mort est constamment là au détour d’une rue et d’une pensée. Et nous l’enfouissons comme nous les enfouissons quand cela arrive.
Mais ne pas parler ne fait pas fuir cette angoisse et ces incompréhensions. Pas plus que la mort ne fait disparaitre ce que nos corps vivent, ce que celleux qui s’en occupent estiment qu’iels représentent, incarnent, les oppressions et les violences qu’iels portent.
Alors quand j’ai rencontré Balthazar personne queer conseiller funéraire passioné par son métier, j’ai voulu l’interviewer pour mieux comprendre ce que la mort implique de nos corps et de la vie des proches, des options que l’on a pour faire ses deuils. Le deuil n’étant pas une porte que l’on ferme une fois pour toute mais bien un aller retour continu, la transformation dans cet ici et ce parmi nous terrestre, vivant, d’une présence active et autonome qui devient un souvenir multiple qui accompagne.
Il me semblait important de parler de tout ça en écartant les tabous et en veillant à garder toujours cette douceur distante pour se préserver.
écouter Balthazar me raconter le soin aux morts et la présence qu’il met dans chaque préparation des corps jusqu’à leur dernière maison, tout cela m’a rassuré… Est ce que je crois? Oh oui je crois bien à quelque chose… j’ai besoin je crois de croire aux histoires frissonnantes des fantomes.
Mais j'ai besoin de toute façon de me dire que le coté brutal de la mort ne fait pas césser toute notre histoire et le rapport des autres à soi. J’ai besoin de penser que dans cet extre^me état de vulnérabilité, mon corps sera considéré, existant, respecté, choyé. Les symboles, les mythes ne sortent pas de nulpart. Face à l’absurdité et la violence de ce que l’on ne comprend pas il faut que quelque chose eprsiste. Il faut que la dignité de soi et des autres continue, que notre humanité garde ainsi un sens.
J’espère que ce podcast ne vous sera lui non plus ni morbide, ni triste mais qu’il apaisera au contraire.
Cette première partie revient sur le travail de conseiller funéraire, en déconstruisons progressivement les stéréotypes accolés à cette profession, nous échangeons quant au parcours de formation, aux différents enjeux et aux multiples formes et acteurices qu’implique le travail du soin des morts. Balthazar témoigne de la place centrale qu’à l’écoute des proches dans son travail et les portes que cela peut ouvrir dans le deuil. On s’interroge au passage sur le sens de certains rituels en termes de choix d'obsèque, sans en oublier la question environnementale.
A savoir: on trouve également dans cette partie une description des soins qui peuvent être donnés aux défunts et ce passage est précédé d’un avertissement permettant d’avancer dans l’écoute si le sujet est trop sensible. On termine sur la place des minorités de genre dans ce milieu.
Dans la seconde partie nous parlerons encore davantage de vision des corps et des relations sociales, de rapport à la vie, de question financières et commerciales et je passe d’autres pépites de cet échange que je vous invite fortement à écouter dans son intégralité.
Merci à vous qui vous apprêtez à confronter vos a prioris et peut être vos peurs pour écouter et merci à Balthazar pour son travail et témoignage, les deux tout à fait essentiels!
Crédits sonores:
Extrait de Lemon tree par Fools Garden, 1995
Extrait de la bande originale de la série Six feet under par Billie Eilish, 2016
Extrait de Mourir sur scene par Dalida, 1983
Extrait de Le monde s’est dédoublé par Clara Ysé, 2019
Autres sources : podcast Traverse de Maia Mazaurette, 2021
podcast Mortel de Taous Merakchi, 2018