La fameuse "carte de la langue" qui divise la langue en quatre zones distinctes pour chaque goût (sucré, salé, acide et amer) est un concept qui s’est largement popularisé au cours du 20e siècle. Elle suggère que chaque région de la langue est spécialisée pour percevoir un goût spécifique : le sucré à la pointe, le salé sur les côtés avant, l'acide sur les côtés arrière et l’amer à la base. Cependant, cette théorie est en grande partie inexacte et simplifiée par rapport à notre compréhension actuelle de la perception des goûts.

 

L'origine de cette carte provient d'une mauvaise interprétation d'une étude menée en 1901 par un scientifique allemand, David P. Hänig. Il avait observé des différences de sensibilité sur la langue, mais ces variations étaient minimes. L'idée que chaque goût est limité à une zone spécifique a été amplifiée par des interprétations ultérieures, notamment par un psychologue, Edwin Boring, qui en 1942 a illustré cette idée sous forme de carte simplifiée. Ce modèle a été utilisé dans de nombreux manuels scolaires, ce qui a contribué à sa diffusion.

 

En réalité, chaque région de la langue peut percevoir tous les goûts. Les récepteurs de goût, appelés papilles gustatives, sont répartis sur toute la surface de la langue, et chaque papille contient des cellules gustatives capables de détecter divers goûts. Bien qu'il existe des différences de sensibilité, toutes les parties de la langue peuvent détecter le sucré, le salé, l’acide, l’amer, et même l’umami, qui est le cinquième goût reconnu. L’umami, un goût savoureux associé aux acides aminés comme le glutamate, a été découvert plus tard et est présent dans des aliments tels que la viande, les champignons, et le fromage.

 

Des recherches récentes en neurosciences montrent que la perception des goûts résulte d'une interaction complexe entre la langue et le cerveau. Les papilles gustatives envoient des signaux au cerveau, où les goûts sont interprétés en fonction de l'ensemble des informations sensorielles, incluant la texture, l'odeur, et même l’aspect de la nourriture. La sensation du goût est donc une expérience multidimensionnelle qui ne se limite pas à une carte simplifiée.

 

En somme, la carte de la langue ne reflète pas précisément la réalité de la perception gustative. Si certaines zones de la langue peuvent être légèrement plus sensibles à certains goûts, l’ensemble de la langue participe à la détection de tous les goûts. Cette idée fausse est un bon exemple de la façon dont des concepts simplifiés peuvent parfois perdurer et être acceptés à tort comme des faits scientifiques.



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