Après l’effervescence de la crise sanitaire qui a donné lieu à de véritables prouesses pharmaceutiques, la guerre en Ukraine soulève de nouvelles problématiques médicales. Parmi elles, la pénurie de médicaments se remarque actuellement de plus en plus en France. Une mission d’information menée par l’Assurance maladie relate que certains vaccins sont indisponibles pendant plus de 6 mois, et que des médicaments vitaux peuvent nécessiter une moyenne de 14 semaines avant d’être livrés aux patients. Comment expliquer cette situation dans un pays au système de santé reconnu dans le monde entier ?

La rupture d’approvisionnement de médicaments : définition

La pénurie de médicaments est identifiée par le décret du 28 septembre 2012 comme une incapacité de la part de la pharmacie à délivrer un médicament précis à un patient sous un délai de maximum 72 heures. 

Plusieurs types de médicaments sont actuellement concernés par la rupture d’approvisionnement en France, qu’il s’agisse de médicaments courants comme le paracétamol ou de médicaments dits MITM, les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, comprenant les anticancéreux, les antibiotiques et d’autres traitements indispensables à la survie de certains patients. Il n’existe pas d’alternative thérapeutique efficace pour les MITM, d’où la problématique importante lorsqu’ils viennent à manquer.

Première raison de la pénurie : la délocalisation

L’agence européenne du médicament nous informe que 4 médicaments sur 10 délivrés dans l’Union Européenne sont fabriqués en-dehors de l’UE. 8 substances pharmaceutiques actives sur 10 sont produites au-delà de nos frontières. La France n’a donc que peu de maitrise sur tout le processus de fabrication des médicaments. Elle ne peut pas agir directement en cas de production insuffisante pour tous les pays demandeurs, en cas de problèmes d’approvisionnement en matières premières comme cela peut arriver en temps de guerre, ou encore en cas d’incident au niveau de la chaine de production.

Lorsque la production d’un médicament n’est plus rentable en Chine ou en Inde, le fabricant cesse de le commercialiser. Les patients français qui dépendent de ce traitement sont alors forcés de se tourner vers d’autres médicaments parfois moins efficaces, ou aux effets secondaires plus importants.

Deuxième raison de la pénurie : la distribution

Du fait de la délocalisation découle un problème majeur. Le monde entier dépend de la qualité de la logistique pour obtenir les médicaments commandés. Or, la demande mondiale est en hausse, avec des pays émergents qui sollicitent les fabricants pour obtenir des médicaments et améliorer la santé de leur population.

La France est peu compétitive, elle offre des tarifs très bas pour que le reste à charge soit minime, elle n’est donc pas prioritaire sur les livraisons par rapport à d’autres pays européens qui paient le prix fort. La chaine de distribution est également impactée par la guerre qui sévit en Ukraine et entrave les échanges commerciaux au sein de l’UE, tant pour les matières premières que pour les produits finis.

Y a-t-il une solution à la pénurie de médicaments en France ?

L’objectif de la France est de relocaliser un maximum de la production de médicaments dans l’Hexagone pour ne plus dépendre des aléas extérieurs. Ce processus est forcément long et lent, et le résultat ne sera appréciable que d’ici quelques années.




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