En 1774, Goethe fait paraître son plus célèbre roman, "les souffrance du jeune Werther". Il raconte les désarrois amoureux d'un jeune homme sensible, qui finit par se suicider.
Ce livre, chef-d'œuvre incontesté du romantisme, rencontre un succès tel, en Allemagne mais aussi dans toute l'Europe, que les femmes s'identifient à l'héroïne et les hommes à Werther, au point de s'habiller comme lui et de l'imiter jusque dans la mort.
Ainsi, le roman aurait entraîné une vague de suicides. C'est pourquoi, au début des années 1970, le sociologue américain David Phillips baptise "effet Werther" un phénomène plus contemporain mais comparable à l'impact du livre de Goethe sur la société de son époque.
Un suicide mimétique ?
D'après lui, en effet, la description par le menu d'un suicide par les médias inciterait de nombreuses personnes à se suicider à leur tour. Il s'agirait en quelque sorte d'un suicide par "contagion".
Les études menées par David Phillips jusqu'à la fin des années 1980 l'amènent à établir une corrélation très nette entre la mise en avant médiatique d'un suicide et les nombreux passages à l'acte qui s'ensuivent.
Cet "effet Werther" serait encore plus fort si la description du suicide est assortie d'images. Ce qui conduit certains à remettre en cause des réseaux sociaux qui serviraient de caisses de résonance et amplifieraient le phénomène.
On a également pu observer que le suicide d'une célébrité ou d'une femme inciterait encore davantage au passage à l'acte. C'est ainsi que la mort très médiatisée de Marilyn Monroe, en août 1962, aurait été suivie, le mois suivant, par une hausse de 40 % des suicides à Los Angeles. Pour ceux qui le défendent, il y avait là une belle illustration de l'"effet Werther".
En France, une étude menée entre 1979 et 2006 a permis de mettre en évidence une hausse de près de 18 % du nombre de suicides (par rapport aux données habituelles) à la suite de la présentation très médiatisée du suicide de certaines personnalités.
Tous ces éléments amènent à poser la question de la mise en scène médiatique de certains suicides.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.