En 1852, Napoléon III crée un bagne à Cayenne, en Guyane. Il voit dans cette lointaine déportation le moyen de se débarrasser de ses adversaires politiques et de fournir une main-d'œuvre bon marché aux colons installés sur place.


Le bagne est officiellement supprimé en 1938, mais les derniers bagnards ne rentrent en France qu'en 1953. Durant ce siècle d'existence, environ 70.000 condamnés sont détenus dans le camp de Saint-Laurent-du-Maroni ou sur les îles du Salut.


Les mauvais traitements ont raison de nombreux bagnards, dont certains sont innocents des faits qu'on leur reproche. Le climat insalubre et la malaria font le reste. Ainsi, entre 1854 et 1867, seuls 7.000 bagnards sur 17.000 parviennent à survivre dans de telles conditions.


Mais le sort de ces malheureux est d'autant plus misérable qu'ils sont frappés par une double peine. Dans le jargon du bagne, on appelle cela le "doublage".


En effet, le bagnard doit d'abord subir les années d'emprisonnement auxquelles il a été condamné. Mais, une fois cette peine purgé, il n'est pas quitte pour autant. De fait, il n'a pas le droit de rentrer en France. Il doit rester en Guyane pour une durée au moins équivalente à son temps d'incarcération.


Et encore ne peut-il même pas s'installer là où il veut. En effet, Cayenne, la capitale de la Guyane, lui est en principe interdite. Les autorités pensaient qu'elle aurait offert trop de facilités d'évasion aux bagnards.


De fait, certains détenus avaient pu mettre de l'argent de côté. Ils auraient pu acheter ou louer une embarcation, à bord de laquelle ils auraient pu quitter les rivages de Guyane.


Mais la plupart des bagnards ne pouvaient pas non plus gagner les territoires du sud de la colonie, où l'on pouvait trouver de l'or ou exploiter des bois précieux. Dès lors, impossible pour eux de s'enrichir.


Les anciens détenus devaient se signaler deux fois par an, faute de quoi ils étaient considérés comme des fuyards. Ainsi, les bagnards étaient presque toujours condamnés à finir leur vie dans la misère et l'oubli.



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