Les deux explosions qui, le 4 août 2020, se sont fait entendre dans le port de Beyrouth, ont marqué les esprits. Par son ampleur, en effet, cette déflagration est considérée comme l'une des plus graves explosions non nucléaires.
235 personnes ont trouvé la mort dans cette catastrophe et environ 6 500 personnes ont été blessées. Par ailleurs, les dégâts matériels provoqués par ces explosions sont considérables.
De fait, 77 000 bâtiments ont été endommagés, privant de logement plus de 300 000 personnes. Le nitrate d'ammonium serait à l'origine de ces explosions. Il est le plus souvent utilisé comme engrais, mais peut aussi servir à la fabrication d'explosifs.
Les entrepôts contenaient de grandes quantités de nitrate d'ammonium, 2 750 tonnes en provenance de Géorgie ayant été débarquées dans le port en 2013.
Or ces explosions restent entourées de zones d'ombres. On s'est notamment demandé pourquoi un stock aussi important de nitrate d'ammonium avait été conservé si longtemps dans le port de Beyrouth. On s'est aussi étonné qu'un matériau potentiellement dangereux ait été stocké sans précautions particulières.
Certains se sont également interrogés sur l'utilisation qui devait en être faite. De nombreuses questions portent également sur l'enquête.
Le moins qu'on puisse dire est qu'elle s'est déroulée dans des conditions suspectes. Les deux juges qui, jusque là, ont été chargés de cette enquête ont été confrontés à une véritable obstruction, tant de la part du gouvernement que de celle des parlementaires.
Ces derniers ont en effet refusé de lever l'immunité de députés inculpés par les juges. Soumis à des pressions, le premier magistrat en charge de l'affaire avait dû renoncer à inculper certains ministres. Par ailleurs, les autorités se sont opposées à l'interrogatoire de certaines personnes.
Même les forces de l'ordre ont refusé d'arrêter les personnes désignées par la justice. Enfin les circonstances de certains décès, dans les milieux proches de l'enquête, soulèvent des questions toujours sans réponse.
Ces irrégularités ont contraint le second juge à interrompre son enquête durant plus d'un an et incité le Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU à demander l'ouverture d'une enquête internationale.
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