Grand événement

Collège de France

La ville du futur

Année 2023-2£024

Colloque - La ville du futur : La ville du futur, face au risque entomologique

Intervenant(s)

Didier Fontenille, directeur de recherche émérite, IRD

Résumé

Pour faire face aux futurs enjeux urbains, de nombreuses villes se sont engagées dans un processus de « renaturation », à travers des programmes de végétalisation et d'actions visant à augmenter la biodiversité. Ces actions ont de nombreux impacts positifs sur la santé et le bien-être des habitants. En revanche, les éventuels impacts négatifs sont encore rarement appréhendés. Parmi ceux-ci, une augmentation de la biodiversité des arthropodes vecteurs d'agents infectieux, des hôtes vertébrés réservoirs, des agents infectieux eux-mêmes, en lien avec la création de nouvelles niches écologiques.

Nous prendrons quelques exemples concernant les punaises de lits, les moustiques Aedes vecteurs de dengue, chikungunya, Zika, les moustiques Culex vecteurs des virus West Nile et Usutu, les Anopheles responsables de paludisme urbain. Nous verrons comment la création de parcs, corridors verts, forêts urbaines peut permettre l'introduction et l'installation de phlébotomes et de tiques impliqués dans des maladies humaines et animales. Les effets bénéfiques de la renaturation des villes sur la santé des humains sont indéniables. Cependant, pour ne pas compromettre le processus vertueux en cours, l'identification, la surveillance et la gestion d'éventuels impacts négatifs liés aux maladies vectorielles sont nécessaires.

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Le futur est dans la ville. En 2022, 56 % de la population mondiale, soit environ 4,4 milliards d'habitants, vivaient en milieu urbain. Cette tendance, si elle se maintenait, ferait que d'ici 2050, 7 personnes sur 10 seront citadines.

Cette concentration humaine est source de richesse économique et culturelle, mais induit évidemment des risques, des fragilités, des inégalités parfois extrêmes. Elle est aussi génératrice d'effets environnementaux indésirables. La Banque mondiale estime que les villes représentent actuellement près des 2/3 de la consommation mondiale d'énergie et 70 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre. Responsable certes, mais aussi victime de l'accélération des changements environnementaux, en particulier climatiques, caractéristiques de l'anthropocène.

Ainsi s'impose la nécessité d'adapter les grands ensembles urbains à ces défis environnementaux. Certaines métropoles sont menacées par la montée des eaux océaniques. D'autres – parfois les mêmes – sont menacées par les accidents climatiques extrêmes, précipitations massives génératrices d'inondations brutales, canicules, voire simplement augmentation soutenue des températures moyennes impactant violemment populations et infrastructures urbaines. À ces défis vient s'ajouter la gestion du risque sanitaire : qualité et disponibilité de l'eau, risque épidémique, maladies liées à la pollution. L'« exposome urbain » reste à appréhender dans sa globalité, sans parler des altérations de la biodiversité microbienne, animale et végétale.

Ces pressions environnementales, devenues globales – à des degrés variables – à l'échelle planétaire, sont aussi de puissants révélateurs et moteurs d'inégalités, que ce soit dans une seule et même ville où elles creusent un fossé entre populations aisées et populations marginalisées ou entre des villes situées sur des continents et dans des contextes socioéconomiques différents. L'urbanisation galopante est ainsi principalement portée par la poursuite du développement en Afrique et en Asie.

Les politiques de la ville devront tenir compte de ces exigences d'adaptation, à l'intersection des impératifs socio-économiques, environnementaux, climatiques et sanitaires, pour bâtir un espace urbain résilient et accueillant pour tous. Elles pourront s'inspirer d'exemples d'adaptabilité de métropoles soumises de longue date aux excès climatiques. L'acceptabilité sociale et économique des adaptations indispensables à la conception de la ville du futur est un autre défi pour les politiques urbaines à venir.

Le Collège de France, par le biais de son initiative Avenir Commun Durable, espère apporter une contribution aux réflexions sur ces questions complexes. Pour ce faire, il s'appuie sur un panel large d'intervenants couvrant un vaste champ de disciplines.

À quoi donc ressemblera la ville du futur ?

L'initiative Avenir Commun Durable bénéficie du soutien de la Fondation du Collège de France, de ses grands mécènes La Fondation Covéa et TotalEnergies et de ses mécènes Faurecia et Saint-Gobain.